XXXBSC NEWS decembre - Page 66 - LE BSC NEWS de décembre avec Benjamin Lacombe, Catherine Millet, Amélie Nothomb, Louis Monier, Rita Monaldi, Francesco Sorti, Rolf Puls, 66 - BSC NEWS MAGAZINE - N° 42 - DÉCEMBRE 2011 Jean-Marie GustaveLe Clézio photographié par Louis Monier 67 - BSC NEWS MAGAZINE - N° 42 - DÉCEMBRE 2011 René Girard photographié par Louis Monier 68 - BSC NEWS MAGAZINE - N° 42 - DÉCEMBRE 2011 Claude Lévi-Strauss photographié par Louis Monier 69 - BSC NEWS MAGAZINE - N° 42 - DÉCEMBRE 2011 Florence Aubenas photographiée par Louis Monier 70 - BSC NEWS MAGAZINE - N° 42 - DÉCEMBRE 2011 Coïto ergo sum. En matière de sexe, il est des questions fondamentales dont il vaut mieux connaître la réponse, sous peine de se trouver en position délicate. Docteur en sciences, le très sérieux Antonio Fischetti en a répertorié 36, de « Comment un morpion distingue-t-il un poil d’un cheveu » à « Est-il dangereux d’éternuer pendant un cunnilingus ? ». Avouez que, sous des dehors comiques, voire loufoques, cela peut sauver la mise en préservant la fameuse magie de l’instant. Un livre écrit d’une plume plongée dans la testostérone, drôlement bien illustré à la cyprine par un Charb bon et ardent. « L’Angoisse du morpion avant le coït », Antonio Fischetti, Albin Michel, 17,50 euros Armes fatales. Le bon mot en politique est à ce point apprécié qu’il est récompensé chaque année par un prix. Drôle, cruel, extravagant, ridicule, fielleux, assassin, définitif, il accompagne durablement quiconque en a fait les frais, en même temps qu’il auréole son auteur. Tout insulteur vit aux dépens de celui qu’il insulte et certains distillateurs de bons mots sont redoutés comme la peste. Voici un florilège puisé dans le temps, de la naissance de la République à nos jours, de « Monsieur Fouché méprise les hommes, sans doute s’est-il beaucoup étudié » (Talleyrand) à « Mamère Noël est une ordure » (M. Charasse). « Petit dictionnaire des injures politiques », s.d. Bruno Fuligni, l’Editeur, 19 euros SÉLECTION DE LIVRES PAR Marc Emile Baronheid L’angoisse du morpion & autres Antonio Fischetti Legoûtpoivrédel’humour Un dicton populaire assure que femme qui rit … Le livre amusant comme instrument de drague, pourquoi pas ? Mais avant tout en tant que miroir d’un monde qui bannirait les idées noires et aiderait à conclure 2011 par quelques pintes de bon sang. Parce que le rire est le champagne du peuple. A chacun son opium. 71 - BSC NEWS MAGAZINE - N° 42 - DÉCEMBRE 2011 Audiard vauvert. A l’image de San-Antonio, Michel Audiard a forgé des répliques d’anthologie, qu’il convient d’aborder avec des clés de vocabulaire. Son biographe les a rassemblées et explicitées, références à l’appui. C’est époustouflant ou urticant, selon que l’on est fanatique d’Audiard ou hermétique à son humour ravageur. Surtout, ce n’est pas inutile. Faut-il aborder une blonde comaque, se mettre en flèche avec un rouquin, se frotter aux pédoques ? Autant savoir. « Le petit Audiard illustré par l’exemple », Philippe Durant, Nouveau Monde éditions, 14 euros Dessous affriolants. Philippe Delerm dirige « Le goût des mots », une collection précieuse et gourmande entre toutes, indispensable à toute bibliothèque d’honnête homme. Il y paie de sa personne, troussant – pour en dévoiler les dessous affriolants - les petites phrases toutes faites, prononcées au quotidien, souvent sans la moindre malice, encore que. A quoi cela vous engage-t-il de dire « Chez nous c’est comme ça ! » ? Qu’implique « N’oubliez pas d’éteindre vos portables » ? Quel degré d’hypocrisie véhicule « On ne vous fait pas fuir au moins ? » ? Le fameux « ça a été ? » figure en page 69 . Hasard de la mise en page ? Connaissant Delerm, rien n’est moins sûr … « Ma grand-mère avait les mêmes », Philippe Delerm, Points Seuil, 5,50 euros L’auteure nous entraîne à travers son roman à la découverte d’une région de la Guadeloupe, la Basse-Terre, théâtre naturel d’événements de la destinée de deux êtres. En août 1931, au sud de la Guadeloupe, un village perché au cœur des montagnes est victime d’un massacre qui sera enfoui durant des années. Deux êtres survivront à ce drame : Jérémy, un garçon de cinq ans et sa sœur Roséane âgée de six mois. Séparés, le premier sera recueilli et élevé par son oncle et sa tante, le second sera adopté sous une nouvelle identité. Dix-sept ans plus tard, Jérémy et Roséane devenue Roseline se retrouveront dans des circonstances particulières qui bouleverseront leur vie. > Achetez le livre chez Caroline Colombe La rivière de l’oubli Editions Nestor 978-2-916239-87-3 20 euros 294 pages www.editions-nestor.com Publicité 72 - BSC NEWS MAGAZINE - N° 42 - DÉCEMBRE 2011 Lundi 14 novembre 2011 Chers Rita Monaldi et Francesco Sorti, Lorsque j'ai reçu votre ouvrage Imprimatur (Pocket, 2011), je dois dire que j'ai été surprise. La présentation qui était faite de vous dans le dossier de presse tendait à dire que vous étiez les auteurs de brulots qui remuaient la classe politique. Ainsi, je ne pensais pas lire un roman historique. En fait, je ne connais pas vos précédents ouvrages. Ma spécialité étant la philosophie, je m'intéresse bien plus aux problèmes de sociétés, à la géopolitique qu'aux romans (même si j'en lis de temps en temps). Ce qui a attiré mon attention c'est votre histoire personnelle qui sera, je l'espère, abordée dans notre correspondance. Mais pour l'instant parlons de votre roman. Vous semblez vous inscrire dans une tradition littéraire initiée par Umberto Eco avec Le Nom de la Rose. Ce mélange d'intrigues, de secrets, de "Vatican", est-ce une tradition Italienne ? Même si Dan Brown a redonné une impulsion au sujet avec le Da Vinci Code, avez-vous l'impression de vous inscrire dans un cheminement déjà tracé par d'autres ? Je dois dire également que le lecteur est sans arrêt en train de se poser la question de savoir s'il existe des parts de vérités dans votre récit et si oui lesquelles... Voici pour cette entrée en matière. J'ai d'autres questions bien entendu, mais je vous laisse déjà répondre à Exclusivité BSC NEWS MAGAZINE - Sophie Sendra a correspondu avec Rita Monaldi et Francesco Sorti à l’occasion de la sortie de leur roman Imprimatur paru chez Pocket. Alors qu’ils sont actuellement en tournée en Europe pour parler de leur livre, ils ont pris le temps de répondre à une interview épistolaire exclusive pendant plusieurs jours que nous vous proposons de découvrir. Par Sophie Sendra/ Photo D.R exclusivité La main mise 73 - BSC NEWS MAGAZINE - N° 42 - DÉCEMBRE 2011 celles-ci. Bien à vous, Sophie Sendra Mercredi 16 novembre 2011 Chère Sophie Sendra, merci pour vos excellentes questions, c´est un plaisir de pouvoir discuter avec vous à propos du problème des genres littéraires et de la relation histoire/fiction, un domaine dans lequel il y a, aujourd'hui, la plus grande confusion. La tradition littéraire dans laquelle nous nous inscrivons n ´est pas du tout italienne. Comme nous l'expliquons dans les premières p a g e s d e Imprimatur, nos « pères nobles » s ´appellent Manzoni, Dumas, Agatha Christie. Umberto Eco les connait parfaitement, car il a très bien exploité les inventeurs de la chanceuse formule « c´est un prêtre qui investigue» : Ellis Peters (Les aventures de frère Cadfael) ou G.K. Chesterton (Les contes de père Brown), pour nommer les plus connus. Dans nos romans, Secretum et Veritas, nos sources d´inspiration (citées à la fin du récit) s´appellent Proust, Pirandello et Karl Kraus. Comme vous voyez, notre rayon d´« action littéraire » s´étend plus au-delà des anciens maîtres du roman historique du XIXe siècle, ou du polar anglo-saxon. Dan Brown n´appartient pas au mouvement des grands romanciers du XIX siècle, duquel sortent tous les auteurs importants ´aujourd'hui. Il n´a pas écrit des romans historiques. Il est l´auteur de thrillers contemporains de la catégorie « mass market » qui ont seulement une relation indirecte avec l'histoire. Un roman historique, au contraire, nait et se développe dans un « ailleurs » temporel. La question du rapport narration/vérité est un point fixe de notre œuvre. Comme vous pouvez le lire, à la fin de Imprimatur, il y a 44 pages de notes historiques qui en m o n t r e n t l e s sources (pièces d ' a r c h i v e s , m o n o g r a p h i e s , a r t i c l e s ) . L e s romans suivants ont d e s n o t e s historiques encore plus longues et importantes (dans Mysterium, le quatrième tome de la saga de Imprimatur, il y a à peu près 200 pages). Nous travaillons toujours avec la plus fidèle réalité historique. Quand nous décrivons en détail le visage d´un personnage, c´est parce que nous avons trouvé son portrait, ou sa caricature. Quand nous énumérons ses objets les plus personnels (livres, vêtements ; son lit, ses instruments de travail) c´est parce que nous les avons retrouvés dans l’inventaire de son testament, dans « la poussière » de ses archives de famille. Quand nous révélons ses pensées les plus intimes, c´est parce que nous les avons lues dans sa correspondance EXCLUSIVITÉ «Dan Brown est l´auteur de thrillers contemporains de la catégorie mass market qui ont seulement une relation indirecte avec l'histoire» 74 - BSC NEWS MAGAZINE - N° 42 - DÉCEMBRE 2011 privée. Quand nous racontons un voyage à cheval ou en carrosse, nous écrivons en ayant sous les yeux une carte et un guide pour les courriers postaux du XVIIIe siècle, qui donnent une description soigneuse des rues et des villes en chaque saison, et le temps nécessaire pour parcourir la route. Nous laissons assez peu d´espace à la fantaisie. C´est dur et très difficile à réaliser, mais nous écrivons toujours l e r o m a n q u e nous aimerions lire. Igor Stravinskij disait : « Quand on me demande d ´ é c r i r e u n morceau, je suis désespéré si on ne me dit pas quel type de morceau : l´art a besoin de limites ». Il disait encore : « Art is 90% perspiration and 10% inspiration ». Nous avons écrit nos deux premiers romans, Imprimatur et Secretum, avant la parution de Dan Brown, et donc bien avant que le lieu commun « crime story + Vatican » se soit établi, avec toutes ses imitations. Ce qui nous étonne (en Italie aussi) c´est qu'un phénomène purement commercial ait été confondu avec une prose artistique, et qu'on lui ait donné une dignité littéraire. Les romans « mass market » ont toujours existé (comme le porno ou les romans sentimentaux à la Delly). Ils ont le droit d'exister. Mais nous pensons que la fonction des critiques et des intellectuels est précisément de marquer la distinction entre littérature et « entertainment », entre un bon roman et le kitch de « sang en Vatican », entre Umberto Eco et Dan B r o w n . C ´ e s t ç a q u i m a n q u e aujourd'hui. Mais s´il vous plait, ne pensez pas correspondre avec deux « rats » de bibliothèque ! Le soin dans la recherche historique n´est pas le but même de notre travail. Ce d e r n i e r e s t d e toujours trouver, dans l´histoire, le point où le flux n a t u r e l d e s événements semble avoir été dévié d ´ u n e f a ç o n artificielle. Quand nous trouvons le tournant de l´histoire, nous commençons à faire nos investigations. De manière générale, nous trouvons qu´il y a une très bonne raison pour douter de l’histoire officielle. D a n s I m p r i m a t u r, n o u s av o n s « démasqué » un Pape qui était considéré comme un Saint, et qui en vérité était plus amoureux de l´argent que de la religion. Dans Secretum nous avons découvert que les Bourbons d’Espagne règnent grâce à un faux testament. Dans Veritas, nous avons trouvé des indices sur l´assassinat d´un jeune empereur, que tout le monde croyait mort à cause d´une épidémie de vérole. Jusqu'à maintenant nous avons eu de la chance. Nous espérons que ça va durer… Comme vous le savez déjà, EXCLUSIVITÉ « La fonction des critiques et des intellectuels est précisément de marquer la distinction entre littérature et entertainment » 75 - BSC NEWS MAGAZINE - N° 42 - DÉCEMBRE 2011
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