La revue 100 Numero 28 - Page 1 - La revue 100% Auteurs est destinée à présenter au public des auteurs non ou peu connus. 2 Sommaire - Couverture : Michèle SEBAL - Billet du mois : Les poètes du Périgord par Lisa GIRAUD TAYLOR et Marie BARRILLON, page 3 - My Major Company : Amélie DESNOYER, page 8 - Théâtre, Un piano pour BRASSENS, page 11 - Chronique : Le secret des Dieux par Marie BARRILLON, page 13 - Information : Jean-Noël LEWANDOWSKI, page 27 - Livre du moi : En cages, Thomas MAUFROID, page 28 - Nouvelle : La tête ailleurs, Marie BARRILLON, page 28 - Chronique : Intermittences par Marie BARRILLON, page 34 - Appel : Angel Publications, page 37 - Concours littéraires, page 41 - Appel aux auteurs : page 42 - Participations, page 46 - Partenaires, page 47 3 Billet du mois : Les poètes du Périgord Un oublié de la Grande Guerre : Louis Gendreau Dans mon petit village du Périgord Vert, il y a un endroit que j’apprécie depuis mon enfance parce qu’il représente quelque chose d’important : le cimetière. Cet enclos regroupe l’ensemble des personnes qui ont aimé, vécu et ri dans mon village. En outre, il y a les poilus. Ces hommes que je n’ai évidemment pas connus, mais qui sont devenus, avec mes recherches pour établir la monographie dudit village, « mes hommes ». Parmi tous, il y avait un nom sur une simple pierre, sans fioriture, ni plaque d’émail pour célébrer la mention « Mort pour la France1 ». Une simple mention gravée dans la pierre « Louis Geandraud2, Mort pour la France ». 1 La mention « mort pour la France » est accordée en vertu des articles L488 à L 492 bis du Code des pensions militaires d’invalidité et des victimes de la guerre. La mention MPF pour les militaires a été instaurée par la loi du 2 juillet 1915 avec effet rétroactif pour le début de la guerre. Pour sa part, la mention MPF pour les victimes civiles a été instituée par la loi du 28 février 1922 avec effet rétroactif pour le début de la guerre. 4 Je passais devant à chaque fois pour aller chercher de l’eau. Je saluais sa mémoire en lui disant à haute voix « Bonjour Monsieur, belle journée, n’est-ce pas ? ». Cela faisait rire les vieilles du village (et amies de ma grand-mère) qui avaient, pour certaines, « bien connu » le garçon en question. D’ailleurs, elles avaient connu la plupart des « habitants » du vieux cimetière et, à travers elles, j’ai connu tous ses gens et j’ai appris à connaître leurs vies, leurs amis et leurs faits d’armes. Louis Geandreau (l’orthographe de l’état civil) est resté spécial à mes yeux car il était enterré dans un carré terreux et sans le côté « mémoire des poilus » de ses autres camarades de la Grande Guerre. Je me suis attachée à lui (entichée aussi). Sans le connaître vraiment, j’ai trouvé triste que sa tombe soit toujours non fleurie, sans visite, avec de la terre à l’intérieur de l’enceinte en pierre. Puis j’ai fait des recherches (notamment dans la bibliothèque familiale, une intuition) et j’ai trouvé mon poilu. Du coup, il est devenu comme un vieil ami à qui je rends visite à chaque fois et à qui je parle, quelque fois, comme à un vieux compagnon de route. Heureusement que personne ne prête plus attention à la « petite » qui fréquente le cimetière et arpente chaque centimètre carré de ce lieu. 2 Il est à noter que sur ses fiches militaires sont notés les deux orthographes : GENDREAU et GEANDREAU. Et que la troisième orthographe a été gravée pour l’éternité sur sa pierre tombale. 5 Parce que Louis et moi (oui, on est désormais un peu intimes), on a une relation particulière. Je lui apporte des fleurs et un peu de présence, et lui, me donne ses mots. Car Louis Geandreau est né à la Roche-Chalais en Dordogne (à une bonne trentaine de kilomètres de mon village) le 2 janvier 1885. Il vivait normalement, sans plus de gloire que les autres. Il était juste un garçon particulier qui écrivait de la poésie et du théâtre en vers. Ses écrits sont restés quelque part dans les greniers de nos grandsparents, dans certains vieux livres ou dans les vieilles bibliothèques perdues dans les cantons environnants. Edmond Rostand disait de lui « Il avait l’enthousiasme alerte et spirituel. C’est un vrai poète » et Camille Le Senne rajoutait que « son théâtre est mieux que du théâtre, c’est du rêve »3 . Parmi ses écrits on trouve des poèmes (« Le Ciel dans l’eau », 1917, Fasquelle Ed.), des proses (« Le Képi sur l’Oreille », « Miettes » - chroniques) et du théâtre en vers (« Au Clair de la lune », 3 Poètes du Périgord (1900-1956) - Armand Got - Les Editions d’Aquitaine. 6 « Professeur », « L’Eveil », « Matamore », « La Nuit de février », « Muse et Musette », « Le Marquis de Carabas », et avec Guillot de Saix « La Belle au cœur dormant », « Narcisse », « Jean de La Fontaine » et « Gaulthier l’Oyseau »). Il était un auteur et poète qui comptait dans son coin de Périgord et même plus loin encore. Il était un homme de mots et de beauté de la langue. Désormais, il est là, couché dans ce cimetière, inconnu de la plupart, anonyme par les autres, un poilu parmi tant d’autres. Pas pour moi. Parmi ses poèmes, j’ai toujours eu un faible pour celui-ci : Les Deux Infinis Les nuages s’en vont, voiles lentes et blanches Dans les cieux qu’on dirait des océans calmés, Et la voile, nuage aux blancheurs d’avalanches, Frôle la mer, ce ciel aux vœux toujours clamés. Ciel et mer. Les rivaux de l’infini s’épanchent, Se guettent en jaloux et veillent sans chômer ; Les cieux conciliants sur l’océan se penchent, Mais l’océan rageur ne veut pas désarmer. Et, toujours entre eux deux, le duel recommence : Le ciel calme, la mer bavant comme un venin 7 Son écume vers lui, d’un calme léonin. Parfois le ciel dépêche à ce flot en démence Un grand oiseau de paix. L’oiseau part en éclair Puis porte aux cieux songeurs le refus de la mer. Alors, Louis Geandreau accompagne souvent mes pensées et il est présent tous les jours à l’ombre de ce mur de pierre, derrière l’église forteresse qui, depuis le 11e siècle, en a vu d’autres tomber à ses pieds. Louis était le fils de Jean Gustave Geandreau, horloger et de Marie Monique Pétronille Viollaud. Il s’était marié le 10 juin 1911 à Bordeaux avec Anna Jeanne Jouin. Il faisait partie de la classe de 1905, sous le matricule 3478, Lieutenant au 44e Régiment d’Infanterie. Il a été tué à l’ennemi au nord de Soissons, proche de Crouy, le 13 janvier 1915, dans l’Aisne, en un jour particulièrement sanglant (des unités entières ont été décimées). Merci d’avoir une petite pensée pour tous ces auteurs anonymes qui ne sont pas revenus de la Grande Guerre dont les mots hantent encore la mémoire de certains. A toi, Louis. Lisa GIRAUD TAYLOR 8 My Major Company Amélie DESNOYER Amélie DESNOYER est une jeune auteure de 27 ans, passionnée d’écriture et diplômée en audiovisuel. Elle a fait appel à My Major Company pour faire découvrir ses écrits. Comme vous le savez, My Major Company est un label participatif qui propose aux internautes de financer des projets artistiques en misant sur un artiste ou sur un projet. Désormais, Amélie doit parvenir à récolter (au moins) 3 000 euros afin de publier son recueil de poèmes sous le label de My Major company. Ce qu’il faut savoir : Une partie des fonds récoltés par la vente et par le surplus de mises sera reversée à l’Association pour la Recherche sur les Tumeurs Cérébrales. Et ça, 100% Auteurs apprécie ! Page de l’auteur sur My Major Company : Amélie Voici un extrait : Papa Est-il dans le vent qui fait tanguer les arbres, Ou dans le sillon d’une rivière. Est-il dans la brise légère, Ou dans l’océan, bercé par les vagues. Mon père, mon sang, que j’ai tant aimé, Puisse-t-il trouver la Vie pour l’Eternité. Mon Tout, mon complice adoré, 9 Brillera dans nos cœurs à jamais. Est-il derrière moi, suivant mes pas pressés, Ou dans mes yeux fatigués. Est-il dans le ciel un soir d’été, Ou sous la pluie d’automne, dans un champ de blé. Mon père, mon autre, s’est absenté, Endormi dans le lit douillet des forêts. Mon ami, mon modèle, a-t-il trouvé, Les hautes cimes des montagnes enneigées. Est-il dans le silence d’une nuit sans sommeil, Ou dans le chant des oiseaux. Est-il dans ce feu qui tient chaud, Ou dans le froid d’une campagne qui s’éveille. Mon père, mon trésor, s’en est allé, Trouver un nouvel écrin pour y briller. Mon père, mon ange, s’est envolé Il a rejoint son ciel pour s’y reposer. Objectifs de l'association : "La mission principale de l’ARTC est de financer la recherche fondamentale (en laboratoire) et la recherche thérapeutique ou clinique sur les tumeurs cérébrales. L’incidence des tumeurs cérébrales est relativement faible par rapport à l’ensemble des cancers, néanmoins, l’enjeu de cette 10 recherche est important. Les découvertes faites en neuro-oncologie peuvent non seulement permettre de mieux appréhender les phénomènes favorisant l’apparition d’une tumeur cancéreuse cérébrale, mais également d’appréhender les processus conduisant à la formation d’autres tumeurs." Le site de l’association : www.artc.asso.fr Confession de l’auteur : Pourquoi ce projet ? Voilà quelques années que j'écris ma vie, mes envies, mes amours et mes "emmerdes". Sans prétention, avec juste le besoin d'écrire, je livre mes réflexions, mes pensées et mes remarques sur ce qui m'entoure et me touche. Si je décide aujourd'hui de faire publier ce recueil, c'est dans l'espoir de faire connaitre mes poèmes mais surtout pour venir en aide à une association chère à mon cœur : l'ARTC (Association pour la Recherche sur les tumeurs cérébrales). 11 Théâtre
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