La revue 100 Numero 31 - Page 1 - La revue 100% Auteurs est destinée à présenter au public des auteurs non ou peu connus. 2 Sommaire - Couverture : Michèle SEBAL - Billet du mois : Grégoire MULLER, page 3 - Article : Je suis dans le Lubéron (2ème partie), par Lisa GIRAUD TAYLOR, page 7 - Chronique : Trésors de guerre par Marie BARRILLON, page 11 - Poésie : Le loup et les bergers de David CLAUDE, page 15 - Livre du mois : Les sorties de Léa de Jessye JOHNSON, page 16 - Dédicaces : Trois auteurs de Trinôme Editions, page 18 - Chronique : Le testament, les Dieux, nos Diables par Clément CHATAIN, page 20 - Entretien avec Enguerrand LAFERRIERE page 22 - Poésie : Le Berger faisant reproches à Dieu de David CLAUDE, page 26 - Auteur à suivre : Robert AVEILLAN, page 27 - Chronique : Sept jours à l’envers par Fanny LEBEZ, page 34 - Concours littéraires gratuits, page 36 - Appel aux auteurs : page 37 - Livre du mois : Ta voix est un rayon de soleil d’Angel, page 41 - Vient de paraître : Poèmes follets & chansons follettes…, page 45 - Participations, page 47 - Partenaires, page 48 3 Billet du mois : Pollu-Pollu-Polluards. L'automne, voici l'automne avec ses feuilles mortes qui se ramassent à la pelle. Cette saison est également synonyme pour les lecteurs, de rentrée littéraire, avec cette année une légère baisse, « seulement » 555 livres, dont on peut parier qu'une partie offrira également des feuilles mortes avec des mots atones, des rimes pauvres ou pire des pages qui resteront sans lecteurs. Ainsi, ces briques de feuilles resteront seules sur le présentoir recouvertes par d'autres qui auront eu la chance de se laisser emporter par la brise de la passion littéraire. En parcourant ces charmilles de livres délaissés, on peut rester amer devant tant de feuillets qui jaunissent sans même avoir vu la lumière d'une lampe de chevet ou du soleil d'un parc ou d'une plage. Après leur agonie, ces pavés roussis ne se ramassent pas à la pelle, mais à bout de bras dans des cartons déposés dans des diables faisant office de brouettes jusqu'à leur destination finale qui bien souvent était leur lieu de naissance. 4 Curieusement cet état de fait est de moins en moins accepté dans ce monde très préoccupé par l'écologie, on commence à pointer du doigt le papier et les livres. Nous avons des adeptes de la tablette numérique qui, pour se justifier, accusent les lecteurs sur support traditionnel d'être des pollueurs, les pauvres arbres abattus, le bilan carbone du transport, le bilan carbone de la fabrication... Notons qu'ils sont mal placés pour donner des leçons, car une tablette numérique en plastique est probablement plus polluante qu'un ouvrage en papier avec le plastique, les métaux rares, la fabrication par des Chinois exploités, l’électricité pour la batterie... Mais, comme je disais dans un précédent édito, un livre si on se réfère uniquement aux textes existent quel que soit le support. Toutefois, l'argument de la pollution apparaît de plus en plus dans les discussions. Dès qu'un livre est mauvais ou supposé comme tel, on déplore le gâchis et la mort d'une centaine d'arbres. Lire serait devenu une activité polluante au même titre que conduire, fumer, utiliser du CFC et l'on commence ainsi à culpabiliser les lecteurs. Cet été, on a vu le président équatorien vouloir tout simplement supprimer les journaux physiques pour ne garder que les numériques sous prétexte d'écologie. Il est bien sûr évident que c'est un moyen pour garder le contrôle plus facilement sur l'information et de plus internet est absent de bien des foyers de ce pays. http://www.lemonde.fr/ameriques/article/2013/08/19/lepresident-equatorien-propose-d-en-finir-avec-la-pressepapier_3463578_3222.html Sans parler que sans supports physiques, cela signifie la fin des recettes et donc la mort de plusieurs titres. Vivre pollue, marcher, courir, conduire, fumer, boire, faire l'amour, se laver... sont des sources de pollution. 5 Et pourtant le pétrole, le CFC, le charbon, la cigarette n'enrichissent pas l'esprit contrairement à la lecture. L'écriture et les livres sont probablement la plus belle invention de l'humanité. Si j'étais un peu cynique on pourrait remarquer que l'effet de serre a augmenté considérablement depuis le XIXème siècle qui correspond comme par hasard à la démocratisation de la lecture. Puis on constatera également qu'il y a eu un pic, dans les années 60, de la pollution, la période de la naissance du livre de poche et enfin les étés les plus chauds ont eu lieu dans les années 2000, celles de Guillaume MUSSO et Marc LEVY qui dopèrent les ventes avec des tirages faramineux. Néanmoins, certains livres se détacheront de notre mémoire collective où certaines feuilles se glisseront dans des magazines ou suppléments littéraires. Toutefois la pollution d'un bouquin est à chercher ailleurs que dans sa matière physique. En effet, la pollution de l'esprit est beaucoup plus grave. Pour éviter le point Godwin évident, abordons plutôt le livre obligatoire du Turkménistan : le Ruhnama écrit par l'ancien dirigeant autocrate de ce pays. « Celui qui par trois fois lira le Ruhnama trouvera une richesse spirituelle, deviendra plus intelligent, reconnaîtra l'existence divine et ira directement au paradis. » Mais ces cas sont rares, celui qui achète un livre le fait en connaissance de cause, on ne le force pas et il est libre de 6 l'apprécier ou pas. Alors certes comme l'aluminium, il en restera des traces dans le cerveau, mais le plus souvent pour nous faire grandir, évoluer. Ces textes bourgeonnent en nous. Il faut faire vivre les livres, évitons que les feuilles meurent avec la rentrée littéraire qui cache des petits bijoux méconnus. Faisons vivre les textes, non pas comme un vieux collectionneur grincheux qui garde ses objets dans un coffre ou une pièce à l'abri des regards, mais comme un explorateur émerveillé par ce qu'il vient de découvrir et souhaite le faire partager à la connaissance de tous. La revue 100 % Auteurs consomme de l'électricité nucléaire, mais quel plaisir d'ouvrir cet herbier de textes tout aussi touchants les uns des autres. Que l'on ne me parle plus de pollution mais plutôt de renaissance. D'un mauvais livre broyé, écrasé et déchiqueté, on peut lui redonner l'occasion de se réincarner dans la pléiade par exemple. Lorsqu'on tient un papier dans les mains, qui peut savoir qu'avant de devenir un numéro de « Direct matin » (journal gratuit) il était issu d'un roman de Balzac ou de la biographie de Corneille (le chanteur) ? Alors avant de nous faire la morale sur la pollution, de l'empreinte carbone d'un livre, n'oublions pas que le papier se recycle et connaît plusieurs vies. Un livre qui pollue, c'est un livre qui brûle à 451 Fahrenheit ! Grégoire MULLER 7 Article Je suis dans le Luberon… je suis auteur, mais je me soigne (deuxième partie) : En amont de cette journée délicieuse à Roussillon, j’ai donc eu la chance de partager mon long weekend avec des amis qui me sont chers et qui sont des personnes à la grande ouverture d’esprit et au savoir (très) largement au-dessus de la moyenne. Il est clair que j’apprécie les (ces) personnes avec qui l’on peut discuter de tout, donner son opinion sans risquer l’opprobre ou encore échanger sur des sujets inconnus ou partiellement maîtrisés. Mes amis (la plupart d’entre eux) font partie de cette catégorie : des personnes curieuses, cultivées et avec une ouverture d’esprit qui leur interdit de juger les autres sur la base que leurs croyances sont les seules qui vaillent. Bref, ce petit laïus exprimé, mon week-end dans le Luberon a été enrichissant ; J’ai discuté avec d’autres auteurs, d’autres artistes, des libraires, des élus et bien d’autres lors de la journée à Roussillon. J’ai écouté, entendu et assimilé d’autres idées, d’autres croyances et d’autres sujets qui ont alimenté mon cerveau (et tous les neurones actionnés par ce genre de nourriture). 8 Et là, parmi tous ces gens, j’ai rencontré un homme. Enfin, rencontré… je l’ai découvert à travers ses mots. Je le « connaissais » un peu, car sa fille, mon amie, m’en parle souvent et qu’elle a un sentiment admirable pour son père. Je savais qu’il écrivait, qu’il était amoureux des mots, de la nature, qu’il était intéressé par l’humanité d’une personne, et possédait ce recul et cette réflexion éclairés de et sur la vie. Mais je n’avais jamais lu ses mots. Lors de ce week-end, mon amie m’a prêté ce petit livre intitulé « Mirages© ». Trois histoires courtes, denses, intelligentes et humaines. Trois petits bijoux d’émotion, de réalité et de valeurs. Vous dire que j’ai dévoré ce recueil serait d’une banalité ! J’ai carrément été envoûtée par ses histoires, tellement bienveillantes, tellement empreintes de bonté, de terroir, de réalisme, de beaux et bons sentiments, mais aussi d’une tristesse et d’un fatalisme émouvants. Le plus émouvant fut de voir qu’une autre personne partageait ma vision d’un certain monde et aussi que j’aurais écrit la fin de l’histoire (« Le Cimetière des Vivants© ») exactement de la même façon, avec cette sensibilité et cet amour de la vie (et de la mort en l’occurrence). 9 Alors, cet auteur, si attaché au Luberon, n’est plus distribué. Pour trouver ses mots, il vous faudra sûrement chercher dans les greniers des gens du coin, mais je tenais à l’évoquer dans la Revue 100% Auteurs pour signifier que tous les auteurs ont des idées, des mots, des émotions à exprimer, qu’ils soient célèbres ou non, distribués ou non et aimés ou non. Parce qu’au final, nous, auteurs, écrivons pour être lus, évidemment, appréciés, sûrement, mais pas (forcément) pour être connus. Reconnus, oui, certes. Longtemps, mon petit cercle d’initiés à mes romans, poèmes et autres nouvelles, a été nettement suffisant à mon bonheur, à cette « normalité » à laquelle je tiens tant. Etre célèbre n’est pas mon but. Ecrire, faire partager mes idées, mon imagination, un moment, un lieu ou une émotion et entendre une seule personne me complimenter me paraissent amplement suffisant à mon bonheur. N’étant pas très à l’aise avec les compliments (défaut familial d’humilité), je me positionne aux antipodes des auteurs qui veulent absolument voir leur tête en première page ou illustrant un article sur leurs écrits. Si un article doit paraître, je souhaite en priorité que cela soit orné par la couverture de mon roman, pas avec mon portrait. 10 En cela, cet auteur du Luberon était discret, modeste et grandement apprécié par ses contemporains et amis. Cela est le principal dans la vie. Pour moi, Jacques Barthélemy restera un homme avec qui j’aurais eu plaisir à partager mon ordinateur (et lui sa machine à écrire) pour qu’il continue à exprimer de telles histoires. J’ai aimé être logée dans sa maison, lire ses mots, me réveiller le matin en regardant les reflets violets et apercevoir Bonnieux comme il le faisait quand il était présent. Merci à lui. Lisa GIRAUD TAYLOR Présentation du recueil de nouvelles « Mirages© » de Jacques Barthélemy. 11 Chronique Trésors de guerre de Virginie JOUANY, Editions Les Papillons de Charcot Suite à une terrible mésaventure, le personnage principal décide de s'exiler ailleurs avec son mari, direction la campagne : "A la campagne, la vie est à dimension humaine." Ils ont décidé de reprendre un commerce de proximité, ce qui manque cruellement dans nos petites campagnes, nos villages : "Pour être au plus près des gens. [...] Nous voulions lutter contre la misère sociale et accéder à une connaissance de l'être humain dans toute sa profondeur." Se reconstruire ailleurs comme une nouvelle naissance pour tenter de faire un pied de nez au passé. Et comme bien souvent, un "mais" s'incruste pour déstabiliser ce que l'on a tant de mal à redresser. Vient alors la naissance de l'enfant tant attendu après un parcours long et difficile. Bien que "cette excursion dans le trou-du-cul du monde allait bouleverser..." leurs vies, cette naissance allait les perturber plus encore.
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