La revue 100-Numero5 - Page 1 - La revue 100% Auteurs numéro 5 du 15 Mai 2011 p. 2 Sommaire - Couverture : Michèle SEBAL - Edito : Marie BARRILLON, page 3 - Nouvelle : William RADET, page 6 - Poésie : Philippe Espérandieu, page 8 - Interview : par Marie BARRILLON, page 10 - Nouvelle : Jean-Christophe JACQUES, page 16 - Chronique : par Marie BARRILLON, page 19 - Information : Salon du livre de SOMAIN (59), page 24 - Citations et devises par les lecteurs et auteurs, page 26 - Auteurs en dédicaces, page 29 - Participation, page 31 - Livre du mois, page 32 p. 3 La revue 100% Auteurs Edito : La publicité devient un ennemi La publicité : Un poison certain Nous sommes dans une société de consommation, voire de surconsommation. Là, ce n’est pas un scoop ! Mais de cette société de (sur)consommation, nous nous dirigeons vers une société d’hyperconsommation ! Du moins, on nous y pousse. Et là, ça devient dangereux. La publicité nous inonde à longueur de journée, où que se pose notre regard. Les limites sont continuellement repoussées alors que nous parlons de crise pour certains, pendant que d’autres la subissent de plein fouet. Et lorsqu’on voit les millions engagés dans la publicité à tout va, ça fait bien mal au cœur. Lors des émissions télévisées, quelles qu’elles soient, nous y avons droit à présent toutes les vingt minutes environ et ce n’est pas une ou deux publicités qu’on nous impose. Je me suis amusée à compter à plusieurs reprises. Ca peut aller jusqu’à une quinzaine de publicités à la suite, voire plus (record constaté 19, lors de l’émission master chef, un soir de grande écoute). Sans parler de l’approche de fêtes de Noël, pour ne citer que celle-ci, qui est, elle aussi, de plus en plus commerciale. Sur certains magazines, une grande majorité reconnaissons-le, on en trouve quasi une page sur deux. Ce qui fait que la moitié de nos magazines préférés est réservée à des réclames en tous genres. Si encore cela faisait baisser le prix de plus en plus élevés de ces dits magazines encore... Mais, non, pas du tout ! Après cela, on nous targue de ne pas être écolo, de faire du p. 4 gâchis, de ne pas être responsable, etc., mais tout ce papier qu’on nous impose pour pas grand-chose, c’est écolo, ça ? Ce n’est pas du gâchis, ça ? Sans parler de nos boîtes aux lettres débordantes. Faudrait peut-être arrêter de tenter de nous faire prendre des vessies pour des lanternes, non ? Reconnaissons que les couleuvres qu’on cherche à nous faire avaler ont du mal à passer dans nos gosiers ! Nous faisons peut-être partie du peuple, mais ce n’est pas pour autant que nous sommes de sombres idiots en vacances sur une planète qui fatigue. Alors, la réclame, c’est ainsi qu’on la nommait d’antan, on en a vraiment ras la caboche ! Et ce mot "réclame" (Arthur conserve ce terme dans ses émissions), finalement n’était pas un vain mot : Achetez ceci ! Essayez cela ! Mon huile machin est meilleure que celle de truc ! Bah, voyons ! Vous y croyez, vous, à toutes ces sornettes ? Publicités, réclames, du pareil au même De nos jours, nous la nommons publicité c’est moins racoleur dans l’expression, hein ! Cependant, le terme "réclame" est bien plus approprié, faisons un retour aux sources, celui du temps de notre enfance ! On nous assomme à coup de slogan bien pensé pour nous inciter toujours plus à une consommation excessive. Nos rues sont jalonnées d’immenses panneaux publicitaires, le métro, les gares, n’en parlons pas. Les supermarchés se sont mis au diapason, y a pas de raison ! A la radio c’est le même scénario mais en auditif, sur le net les pop up nous surprennent, nos pages préférées sont inondées. Dernière trouvaille de ce "petit" monde publicitaire : les panneaux dans p. 5 le métro. Ces fameux panneaux, lumineux tant qu’à faire, muni de capteurs, d’un système Bluetooth, voire de caméras, qui détaillent ce que vous regardez, combien de temps, si vous êtes un homme ou une femme, votre âge et j’en passe. Bref la publicité à hautes doses est un poison certain. Comment demander aux enfants d’aujourd’hui de se modérer, d’apprendre à ne pas gaspiller, de se contenter de ce qu’ils ont, de comprendre qu’on n’a pas tous les moyens de dépenser à outrance, alors que tout est fait, en matière de réclame, pour en faire des envieux éternellement insatisfaits. Ils veulent tout et ne connaissent plus de limites. Tout doit aller vite car tout change à grande vitesse. Pour exemple, une console de jeux serait obsolète après six mois, m’enfin ! Réveillons-nous ! Qui incriminer dans tout cela ? Certainement pas nos chérubins, petits ou grands, qui évoluent dans une société de toujours plus, et encore plus. Il est loin d’être évident de leur faire comprendre tous ces abus surtout lorsque l’on sait qu’ils n’ont pas la même conscience ou la même notion des choses que nous autres, adultes. Ils fonctionnent au visuel et cela attise l’envie. Tous les fabricants, les publicitaires l’ont très bien compris. Le peuple est une manne à exploiter. Tant pis pour nous si nous devons ensuite mener un combat quasi quotidien avec nos enfants, et batailler ferme pour en faire des adultes responsables. Dans la revue 100% Auteurs, aucune publicité, aucune réclame. Elle est et restera fidèle à "mission" première : Aider les auteurs. Marie BARRILLON p. 6 Nouvelle : Malaise de falaise Elle stoppa brutalement au bord de la falaise. Ses yeux, précipités dans le vide, heurtèrent un petit tas tout sombre, en bas, sur les galets gris-bleu. Une pensée-sagaie vint se planter avec une violence inouïe tout au fond de son crâne : « JE L’AI POUSSÉ ! » et ça se mit à saigner partout dans sa tête... abondamment. Elle épongeait vite, précipitamment, brutalement, maladroitement et ses mains serraient sa poitrine qui se gonflait, se vidait, comme une pompe pour évacuer tout ce sang. Ce sang à elle devenait son sang à lui...et la noyait. Elle supposa très fort que tous ces galets n’étaient que des éponges, molles, douces... qu’il allait se relever... qu’il n’avait aucune blessure... rien... que tout cela n’était rien... qu’un instant d’elle-même, perdu, un reste de défense, de sauvagerie... une illusion. Du haut de la falaise, le petit tas tout sombre semblait désarticulé. Elle ne hurlait pas. Tous les cris possibles, disponibles, étaient crevés, percés par la sagaie. L’espace devint immense, irréel, sans bornes... plus d’oiseaux, ni de voiles, que du bleu sombre et plombé, du vent sec, dans son dos, sans odeur. Il était heureux, au bas de la falaise. La grande muraille au béret vert faisait barre au vent. Un grand calme...et des parfums d’algues et d’eau, et des milliards de cailloux presque p. 7 ronds, lisses et bleutés, quasiment parfaits. Ses mains les soulevaient un à un, calmement, dans l’espoir menu qu’apparaîtrait soudain une petite pierre insolite, cachée, vivante un peu, avec des formes, des aspérités, une pierre rebelle qui aurait su résister à la mer, garder son identité. Il était heureux. La sérénité. Aucune pensée pour aucun être. Sous la protection de la falaise... comme un mur entre le monde et lui. Ses petites mains fouillaient le minéral, à la recherche du moindre signe de fantaisie, du moindre galet qui évoquerait...justement ! Celui-ci était traversé d’une sorte de veine, une courbe bleue, plus bleue, plus sombre sur la face de pierre, comme un sourire... sardonique. Il leva machinalement la tête vers le sommet de la falaise... Elle le vit bouger, se lever, courir vers la muraille d’une course gaie, enfantine. Il était oiseau ! D’une seule envolée, sans même souffler, il franchit les centaines de petites marches glissantes qui menaient là-haut, sur le plateau. Il les connaissait déjà, il était descendu par-là pendant qu’elle cueillait des fleurs... sauvages. Il fut vite auprès d’elle, tout rouge, tout vif ! Contre elle, toute pâle, toute morte...! lui saisit le bras, fit tomber les fleurs, montra son caillou et dit : « Viens, tu vas attraper la crève ! » William RADET p. 8 Poésie Il existe des mots… Il existe des mots qui sont en étincelle Quand on sait les poser au juste firmament, Au creux des matins gris, dans les bras de sa belle ; Il existe des mots que disent les amants… Il existe des mots qu’on dit avec tendresse Juste quand il le faut, pas avant, pas après, Entre un soupir d’amour et des flots de caresses, Il existe des mots que l’on se dit exprès… Il existe des mots qui sont des certitudes Qu’on n’ose prononcer tant ils sont incisifs, Dont le pouvoir fait peur, bien loin des habitudes : Il existe des mots coupants, tel un canif… Il existe des mots au goût de l’espérance Qui redonnent L’ardeur et font briller la foi Quand le regard aimé devient un peu moins dense… Il existe des mots que l’on garde pour soi… Il existe des mots dont le parfum rend ivre, Qui sont tellement beaux qu’on s’en sert pour les fleurs Et que l’on peut semer, rien que pour les voir vivre ; Il existe des mots pour dire son bonheur… p. 9 Il existe des mots dans tous les dictionnaires, Des courts ou bien des longs, prompts à se rassembler En poèmes d’amour que je ne saurais taire, Il existe des mots que j’écris pour t’aimer ! Philippe ESPERANDIEU p. 10 Interview d’auteur : Entretien avec NATALIA FINTZEL-Romanova, auteur de "Les sorcières ne pleurent pas", Editions Kirographaires. 100% Auteurs : On ne s’attend pas à un tel plaisir en ouvrant "Les sorcières ne pleurent pas". Ce livre est-il votre premier ouvrage ? Natalia FINTZEL-ROMANOVA : « Plaisir » n’est pas le premier terme qui vient à la bouche des lecteurs, en général… J’entends plutôt « effrayant », « fascinant », « inquiétant », « mystérieux ». A mon image, si je peux me permettre, sans volonté aucune de prendre un parti spécifique en termes de « reflet personnel ». A l’inverse, vous imaginez Narcisse déguisé en sorcière qui se pencherait sur son propre reflet ?? Soit il vide sa piscine, soit il tombe dedans, le pauvre… (sourire). Ce livre est en effet mon premier ouvrage à caractère littéraire achevé. J’ai beaucoup écrit pour le café-théâtre, j’écris encore aujourd’hui pour le théâtre, par exemple. Au départ, j’étais persuadée ne pas être capable d’écrire « narratif » (paresse ? incompétence convaincue ?...). Au théâtre, ce sont les dialogues qui importent. Pas les descriptions ni les agencements narratifs détaillés (que celui qui n’a pas sauté les 10 premières pages de « Le lys dans la vallée » me jette la pierre…). Je me suis donc « entraînée » à l’écriture via les dialogues. Ensuite, je me suis essayée à la nouvelle (palier supérieur en attendant mieux). J’ai alors rencontré Régine Deforges qui a pris le temps de me conseiller et de me guider en m’incitant à réécrire des passages entiers. Je me souviens encore d’une réflexion p. 11 qu’elle m’a faite : « Vous vous épanchez trop sur la psychologie des personnages au détriment de l’action. Le jour où vous m’apporterez un texte « actif », je vous publierai. » Dix ans plus tard, je ne l’ai pas oublié et espère avoir suivi ce conseil sans trop déraper, qu’en pensez-vous ? 100% Auteurs : Y aura-t-il une suite, par exemple "Les sorcières savent sourire" (sourire) ou un ouvrage d’un autre genre ? Natalia FINTZEL-ROMANOVA : C’est drôle, je savais que vous me poseriez cette question… Voyance ou simple logique ? A vous de choisir (sourire). Si je réitère dans le genre « ésotérique », je penserais plutôt à des ouvrages « utiles », dans lesquels je tenterais de mettre à la portée de tout un chacun une matière telle que l’astrologie, par exemple, par le biais d’une approche simple. Je ne me vois pas enchaîner sur une suite immédiate des « Sorcières ». Le thème est complexe et encore tabou en France. Quand j’ai donné mon manuscrit à lire, on m’a traité d’inconsciente car j’allais me heurter aux bien-pensants et aux censeurs. Et alors ? En France, on est capable de pratiquer des choses très contestables dans l’ombre et de se défendre à la lumière de n’y avoir jamais touché (prostitution, drogue, porno, spiritisme, clubs échangistes, etc.). Le responsable n’est jamais soi-même mais toujours l’Autre. Personnellement, je suis pour la rupture des carcans et la transparence de pensée, mais toujours en adéquation avec mes propres valeurs, mes propres croyances. A ce jour, j’ai signé pour un livre d’un tout autre genre mais qui fait encore une fois la part belle à un univers aussi méconnu, sous-terrain, voire confiné dans les préjugés, que peut l’être celui de la voyance. « Les sorcières ne pleurent pas » révèle
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