FOCUS MAGAZINE 48 - Page 86 - Technologie : Ipad2 & HP TouchPad Architecture & Design : Charlotte Perriand / Rudy Ricciotti / BoConcept / The PuLi / Ivy Penthouse / River Road Escapade : Vienne et son guide urbain Photographie : Léo Caillard Mode : Shooting Safari Urbain / Commune ABC+ Book Spread DGV 2001 Bonjour Laurent, racontez-nous un peu votre parcours et vos débuts dans le métier… Vous êtes passé par une formation d’architecture avant n’est-ce pas ? Effectivement, j’ai débuté mes études secondaires par une formation d’architecte que j’ai interrompue pour aller aux Arts Décoratifs à Paris. Je travaillais un peu en graphiste indépendant depuis que j’étais au lycée (j’ai commencé vers 16-17 ans et toujours su que je voulais faire cela) et comme pour tout le monde, les commandes sur des projets plus ambitieux se sont présentées peu à peu. Vous avez créé votre studio en 1999. Douze ans de carrière déjà… Quel regard portez-vous sur le « graphisme des années 2000 » ? Mes goûts n’ont pas trop évolué depuis lors. Je reste un fan absolu du travail de Jop van Bennekom, qui arrive toujours à concevoir des magazines d’une qualité exceptionnelle, depuis son magazine RE jusqu’au plus récent Gentlewoman. Je suis toujours aussi admiratif des livres réalisés par Fuel en particulier leurs éditions. Aussi le travail de GTF, Mevis & Van Deursen pour ne citer qu’une partie de ce que j’adore dans «le graphisme des années 2000» si l’on peut l’appeler ainsi car il reste intemporel. Comment définiriez-vous le style « Laurent Fétis » ? J’espère ne pas avoir de style ! J’essaye de développer des registres formels différents selon les projets. Il y a, je trouve, une forte identité, une sorte de discours graphique dans ce que vous faites, qui vous est vraiment propre… Peut-on dire que vous êtes un créateur d’univers ? Merci, mais «créateur d’univers» c’est une façon assez littéraire de voir la chose, le graphisme est surtout le résultat d’un échange avec les commanditaires. Je m’efforce d’apporter des pistes de réponses à des questions, des plus simples aux plus complexes. ILLUSTRATION Laurent Fétis Laurent Fétis Entrevue PAGE 89 Il est l’un des graphistes français les plus brillants mais son nom ne vous dit peut-être rien. Plus connu à l’étranger que chez nous, Laurent Fétis nous livre quelques clés pour mieux comprendre son approche de la discipline. Interview. 1.«Social club» issue 1 - 2008 2.Daniel Arsham / Laurent Fétis «Merce Cunningham Daniel Arsham - Dancing on the Cutting Edge» Poster MOCA Miami - 2005 3.Tahiti 80 - the Past the Present and the Possible - 2011 4. Beck «Sea Change Tour» Poster - 2003 Comment s’est déroulée la collaboration avec le duo Discodeine pour leur dernier album (logo + artwork) ? Avez-vous eu carte blanche ? La musique est d’ailleurs un domaine avec lequel vous aimez collaborer… Nous nous connaissions bien auparavant et cette connivence nous a permis de beaucoup improviser. Mais nous avons conservé cette ligne directrice : garder des scènes classiques illustrées par des gravures comme emblèmes de chacune des sorties du groupe. Nous les avons choisies avec le groupe et Clovis Goux du label Dirty pour leur évidence et leur sens caché. Votre site internet est assez « conceptuel »… La visibilité sur le web reste-t’elle secondaire pour vous ? Il est vrai que mon site n’a pas été «updaté» depuis sa création. Je n’ai pas le temps de m’en occuper c’est aussi simple que cela. Comment voyez-vous le graphisme et l’illustration en France ? Il semblerait que ces métiers ne soient pas considérés de la même manière dans d’autres pays européens par exemple… En France, le graphisme d’auteur, tout comme le design d’objet, ne bénéficie plus du tout de l’attention qu’on pouvait lui porter dans les années 70-80. C’est devenu peu à peu une valeur ajoutée, une chose nécessaire, par laquelle il faut pourtant passer. Il se concentre essentiellement aujourd’hui en France dans les niches du luxe et de la culture. L’histoire et les acteurs de cette profession restent inconnus du grand public qui n’a pas les clés pour se repérer. Il est par exemple impossible aujourd’hui de trouver des informations sur le travail de Catherine Chaillet, une pionnière du graphisme français (qui à son époque concernait tous les publics), qui a réalisé les décors et les génériques de TF1 pendant plusieurs décennies, et qu’aucun livre sur l’histoire du graphisme ne mentionne. Quels sont vos projets en cours ? Le programme de la saison 2011-2012 du T2G (Théâtre de Gennevilliers) est juste en train de partir en impression. Des livres et des projets musicaux. Laurent FétisILLUSTRATION Various Covers for the band Discodeine 2011 PAGE 90 T2G identity (Theâtre de Gennevilliers) - Photographies Nan Goldin 2010 D’où vient votre nom ? Les chiffres 123 viennent du code postal de la ville dont Scien est originaire, Bray-Dunes (59123) dans le Nord, région Nord-Pas-de-Calais. Au départ c’était « king » parce que nous étions un peu les rois du graffiti dans le coin (rires), puis ensuite nous avons choisi klan, ça représentait bien l’esprit de crew, de famille qui nous caractérise. A l’arrivée tout ça donne 123klan. Votre carrière démarre pendant l’explosion du graffiti…puis se prolonge logiquement dans l’ère du graphisme et de l’illustration… Comment s’est fait le passage des murs à l’écran de l’ordinateur ? Nous avons commencé il y a plus de vingt ans à peindre les murs et autres supports urbains. Puis l’arrivée de l’ordinateur et des logiciels comme Illustrator nous a permis de faire évoluer notre art. C’était surtout un outil supplémentaire pour développer le concept 123klan. Puis Internet nous donné la possibilité « d’envahir » la toile et le monde petit à petit. On pouvait alors diffuser notre travail à une échelle beaucoup plus large. Mais il n’y a, en aucun cas, un besoin de reconnaissance ou de gloire. Nous faisons ce qui nous plaît tout simplement, sans se poser 36.000 questions. J’ai lu que vous aviez été beaucoup influencés par Neville Brody… A quel niveau ? Oui, son travail sur la typographie nous a donné beaucoup d’idées. Il cassait un peu les règles établies et partait dans différentes directions encore jamais vues. Nous sommes tombés amoureux de son travail et de la typo, nous avions envie de faire un peu la même chose à notre manière. Etre créatifs, multiplier les supports… Scien & Klor exercent leur art depuis près de 20 ans sous le nom d’123Klan. Artistes, illustrateurs, graphistes, originaires du Nord de la France, ils sont installés à Montréal depuis 2007. Année qui marque également la création de leur ligne streetwear, Bandit- 1$M. Interview. GRAPHISME 123Klan 123KlanStyleisthemessage! PAGE 94 En 2003, vous avez créé votre studio. Vous fonctionnez désormais comme une vrai petite agence… Exactement. Au départ nous avions créé un site web où nous mettions en ligne toutes nos créations, c’était le plaisir qui nous guidait avant tout. Et petit à petit les clients ont commencé à faire appel à nous pour des collaborations. De fil en aiguille, 123klan est devenu un vrai studio de création. Et depuis 2007 vous êtes installés à Montréal… Pourquoi cette « délocalisation » ? Les clients que nous avions étaient principalement nord-américains donc nous avons opté pour un déménagement à Montréal, une ville où il est très facile de créer son entreprise, contrairement à la France, qui est connue pour sa lourdeur administrative. Nous sommes très bien installés à Montréal, la vie est moins chère qu’en France, même si certaines choses nous manquent. Comment se déroule le travail en couple ? Avez-vous une manière particulière de fonctionner ou est-ce l’instinct qui prime ? Il est vrai que nous fonctionnons beaucoup à l’instinct. Nous communiquons par ondes (rires). Il n’y a pas de règles, nous sommes vraiment libres et très complémentaires. Et puis nous pouvons nous dire les choses sans qu’il y ait de problème, sans appréhension, sans avoir peur que l’autre se vexe. Nous formons un sacré duo, vraiment indissociable. Tout se fait de manière très naturelle. Nous avons essayé de travailler avec d’autres personnes à l’agence mais elles avaient pas mal de difficultés à s’intégrer car nous sommes inséparables. Désormais nous faisons appel à des freelances, c’est plus pratique dans le travail quotidien. GRAPHISME 123Klan PAGE 97 Votre travail était il y a quelques années très orienté sur le graffiti. Aujourd’hui, il a beaucoup évolué… Etes-vous d’accord quand on dit qu’il est plus carré, plus tourné vers la simplicité et l’efficacité ? Oui on peut dire ça, il est vrai que c’est plus efficace, plus simple. Nous essayons d’aller à l’essentiel tout en restant authentiques. Nous ne pouvions pas non plus faire du graffiti sur ordinateur. La machine nous a permis d’évoluer considérablement, d’avoir un côté plus technique aussi. C’est un peu la suite logique du graffiti. Mais nous continuons toujours à peindre bien sûr. Vous avez aussi lancé une ligne de vêtements, Bandit- 1$M. Pouvez-vous nous expliquer le concept ? Le nom de la marque, créée en 2007, est tourné en autodérision. Nous sommes des graffeurs, donc nous sommes des vandales, nous vendons du crime d’où le banditisme (Bandit-1$M). « 1$M » représente « 123 » de notre nom d’artistes. Le $ est le 2 et le M est en fait le chiffre 3 posé à l’horizontale. C’est très subtil (rires). Nous produisons des petites séries d’une centaine d’exemplaires avec une fabrication artisanale et locale. Nous avons la volonté d’apporter sans cesse de la nouveauté. L’argent gagné est directement réinvesti pour de nouveaux modèles. Nous ne voulions pas lancer une grosse marque de vêtements dont la gestion pourrait s’avérer trop compliquée. C’est du plaisir avant tout ! Sur quoi travaillez-vous actuellement ? Nous collaborons toujours avec nos clients au quotidien et puis nous préparons aussi l’année prochaine car en 2012 123Klan fêtera ses 20 ans. Nous allons organiser une série d’expositions au Canada avec Yves Laroche, à l’étranger et en France. Nous sommes également en train de travailler sur un projet de livre mais il n’y a rien de définitif encore. Ce sera un format différent de celui des éditions Pyramyd par exemple, à un prix accessible surtout. www.123klan.com http://shop.bandit-1sm.com GRAPHISME 123Klan PAGE 98 M algré toutes les critiques négatives qui entourent depuis quelques temps chaque sortie du célèbre guide rouge Michelin, il reste et restera une référence dans le monde gastronomique. Attendu impatiemment par la plupart des chefs, il réserve de toute évidence son lot de déceptions pour certains et de très bonnes nouvelles pour d’autres. Dont un en particulier cette année, Bruno Oger. Installé depuis mai 2010 à quelques kilomètres de la croisette, au Cannet-Côte d’Azur, le chef a décliné sa cuisine en trois univers : Le Bistrot des Anges, l’Ange Bar et la Villa Archange, couronnée de deux macarons « bibendum », sous le nom de la Bastide Bruno Oger. L’ancienne bâtisse, rénovée par le Studio A3, assisté de l’Architecte des Bâtiments de France, et qui conserve tout son charme historique « risque » de voir son carnet de réservations bien rempli dans les semaines et mois à venir. Bruno Oger vient donc d’inscrire pour la seconde fois son nom à la courte liste des restaurants deux étoiles français. Certes plus longue que celle des trois macarons, mais l’accession à la récompense suprême n’est plus très loin. Prochain challenge pour le natif du Morbihan ? Vraisemblablement... Un an à peine après l’ouverture de sa Bastide, le maître des fourneaux Bruno Oger vient d’être récompensé de fort belle manière par le guide Michelin, parfois tant décrié, avec l’obtention de deux étoiles. Gastronomie Bruno Oger Bruno Oger PAGE 101 Unhommededéfis C onserver ce qui vient d’être acquis se révèle déjà être une tâche difficile. Le chef n’a pas peur des défis, ni de l’adversité. Un parcours peut s’avérer parfois laborieux mais il faut savoir provoquer la chance. Ce que Bruno Oger a su brillamment faire à 21 ans, CAP et BEP en poche, lorsqu’il est repéré par deux virtuoses de la casserole : Paul Bocuse et Georges Blanc. Ce dernier qu’il considère comme son père spirituel lui donnera logiquement sa chance : direction Vonnas en Bresse puis Bangkok au Normandy. A 23 ans, Bruno Oger a déjà sous ses ordres une équipe de 15 cuisiniers. A 29, il inaugure La Villa des Lys, restaurant du Majestic Barrière à Cannes et à 31 il reçoit une première étoile. Tout s’enchaînera vite pour le breton devenu incontournable sur la Côte d’Azur : Chevalier des Arts et des Lettres en 2003 puis second macaron en 2005. Appelé à préparer les dîners officiels du Festival de Cannes à plusieurs reprises, il devient en octobre dernier membre de l’association des « Grandes Tables du Monde – Traditions et Qualité ». C’est désormais à la Bastide Bruno Oger que le chef distille son savoir- faire. Première pierre posée en mai 2009, ouverture un an plus tard et deux étoiles d’un coup cette année. Extrêmement rare mais tellement mérité pour le chef qui a investi tout ce qu’il avait dans ce projet privé ambitieux. La recherche de la perfection a payé. La récompense a cette fois-ci une toute autre saveur comparée à celle du Majestic Barrière. La Villa Archange, restaurant gastronomique de 25 couverts, fait la part belle aux plus délicates créations culinaires du chef, alliant produits du terroir et créativité, à travers trois menus au choix, « Découverte, Archange et Signature », de 70 à 150 euros. Du côté du Bistrot des Anges, Bruno Oger a opté pour un esprit brasserie moderne façon Loft américain avec « une cuisine de chef avec des plats traditionnels maison à prix doux ». Le concept a d’ailleurs été sélectionné dans le guide Bib Gourmand du Michelin, récompensant le rapport qualité prix. Et puis le l’Ange bar, un espace composé de deux salons, pour déguster un cocktail en admirant les peintures d’Hélène Oger, son épouse. Deux étoiles pour la Villa Archange, sélection Bib Gourmand pour le Bistrot des Anges… Une affaire qui roule en somme ! Le troisième macaron en ligne de mire pour 2012. www.bruno-oger.com Bruno OgerGastronomie PAGE 102 Camerone aux épices orientales, Houmos & Ragoût de févettes à la tomate Ingrédients : Pour les camerones : 8 camerones de 180 g 12 g d’épices orientales (4 g de cumin, 4 g de ras el hanout, 4 g de coriandre) 5 cl d’huile d’olive vierge 10 g de pousses de salade 2 cl de vinaigrette à l’huile de Sésame Pour le houmos: 300 g de pois chiches cuits 20 g de crème de sésame 5 cl d’huile d’olive 20 cl de lait 1 citron Pour le ragoût : 350 g de févettes 300 g de tomates 1 bouquet de persil plat 50 g de pois chiches cuits 1 citron jaune 10 cl d’huile d’olive Préparation des camerones : Décortiquer les camerones et laisser le dernier anneau. Rouler les camerones dans les épices, assaisonner et cuire à l’huile d’olive 3 min de chaque côté. Préparation du houmos : Réunir dans un mixeur les pois chiches, la crème de sésame, l’huile d’olive, le lait et le jus de citron. Mixer afin d’obtenir un mélange lisse et homogène. Assaisonner si besoin et réserver au frais. Préparation du ragoût : Monder les tomates, les épépiner et les tailler en petit dès. Blanchir les févettes à l’eau bouillante pour les retirer de leurs enveloppes. Dans un saladier, mélanger les tomates, les févettes, les pluches de persil plat et les pois chiches. Assaisonner avec sel, poivre, le jus de citron et l’huile d’olive. Gastronomie Bruno Oger PAGE 103 Pour 4 personnes
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