BSCNEWSJUIN2012 - Page 8 - BSC NEWS MAGAZINE JUIN 2012 : Pierre Michon, Nicolas Lormeau, Barbara Canepa, Raphaële Atlan Sébastien Giniaux, Anna Merli, Margerite Abouet, Guylaine Girard, 8 - BSC NEWS MAGAZINE - N° 48 - JUIN 2012 9 - BSC NEWS MAGAZINE - N° 48 - JUIN 2012 Un livre sincère, aussi bien sur le fond , sur sa véritable raison d'être, que sur la forme graphique. Le plus beau souvenir ? Anna et moi, perdues au coeur du cimetière de Gênes, toute une journée, à prendre des photos sous la pluie, à dessiner des tombes, à chercher dans cette atmosphère unique, propre à un lieu merveilleux et si mélancolique qu'est Staglieno. ANNA : Les souvenirs sont n o m b r e u x . J e m e s o u v i e n s particulièrement de notre rencontre mais également de la fin de cette collaboration une fois le premier tome imprimé. Quand nous avons commencé à parler du projet, nous ne savions pas grand chose l’une de l’autre. Mais il y a eu une curiosité réciproque pour mener à bien ce projet. Nous devions absolument apprendre à nous connaître. On ne peut bien connaître une personne qu’après avoir vécu ensemble des expériences. Cela tient de l'affection, de la confiance et de l’estime. Cette collaboration avec Barbara m’a p e r m i s d e g r a n d i r e t a considérablement renforcé le lien qui nous unit toutes les deux. Un travail graphique à deux mains, comment cela s'organise ? BARBARA : Grâce à la magie! Non, je plaisante.Avec beaucoup de patience, et de confiance réciproque. 10 - BSC NEWS MAGAZINE - N° 48 - JUIN 2012 Il n'y a pas d'autres secrets... Anna et moi sommes toutes deux illustratrices et avons beaucoup de choses en commun graphiquement parlant. Il n'a donc pas été difficile de créer l'univers graphique de END ensemble.... Il y a des choses qui ont été faîtes à deux , et d'autres qui appartiennent à chacune d'entre nous.Mais nous ne dirons pas lesquelles. Pour nous, END et le projet de deux artistes qui rassemble l'ensemble de nos expériences. Aucune illustration n'est le fruit du hasard , une fois par exemple , Anna a trouvé dans son jardin un rouge - gorge mort , elle m'en a envoyé une photo... C'était très beau, même en l'absence du battement chaud de son petit coeur. Sa mort nous a toutes les deux beaucoup touchées. J'ai ainsi pensé à m'en servir pour une illustration qui fait aujourd'hui partie du livre et que vous trouverez à la fin... Cet animal a une véritable signification concernant l'histoire , porteur de nombreuses métaphores sur qui nous sommes et sur ce que nous deviendrons. Mais vous comprendrez tout cela seulement en lisant l'histoire. ANNA : Ce travail n’a pas été facile. Il a été à la fois laborieux, intense et très agréable. Cela demande une grande confiance et une connaissance réciproque. Lorsque je lis le scénario de Barbara pour le dessiner, il est nécessaire que je visualise et que je pense comme elle le ferait elle-même. Une fois que j’ai 11 - BSC NEWS MAGAZINE - N° 48 - JUIN 2012 12 - BSC NEWS MAGAZINE - N° 48 - JUIN 2012 terminé, Barbara approuve ou corrige les dessins. C’est seulement après que nous passons à la réalisation des vignettes définitives où elles sont, là encore, enrichies de dessins et de couleurs. Avec quelles matières avez vous travaillé et pourquoi? BARBARA : Papier, encre de couleurs achetées chez des antiquaires (celles d'époque restent les meilleures) , aquarelles, écolines, crayons, acryliques , et beaucoup b e a u c o u p d e p h o t o s h o p . . . L'intervention de ce dernier outil est visible sur cette simple image , avant et après. Concernant les illustrations (de couvertures ou celles des animaux : Painter +photoshop). ANNA : Pour ma part, j’ai utilisé du papier, de l’aquarelle, des pinceaux, des penninis et des crayons. Barbara s’est servie d’aquarelles, d’ecoline et Photoshop. Nous avons souhaité marier le passé avec le présent. Car ce que nous savons aujourd’hui est le fruit du passé. L'histoire d'Elisabeth est ancrée et nous n’avons pas vu d’autre façon d’exprimer cette impression désuète. Avec les outils dont nous disposons de nos jours, nous parlons un langage accessible à tous. Comment est née graphiquement Elisabeth Weatherley? Quelles ont été vos sources d'inspiration? Vous souvenez-vous d'un moment clé dans cette recherche ? 13 - BSC NEWS MAGAZINE - N° 48 - JUIN 2012 BARBARA : Elle était dans ma tête. Il y a des choses qui ne pouvaient être autrement , comme par exemple , ses cheveux blancs. Une particularité propre à ma famille , du côté maternel, que l'on se passe de génération en génération. A 16 ans, nos cheveux deviennent tout blanc. Les miens le sont totalement, comme ceux de ma mère , et comme l'étaient ceux de ma grand-mère, dès son plus jeune âge. On appelle ça les "femmes aux cheveux de Lune." Pour ce qui est du reste , Anna et moi avons fait beaucoup de recherches. Mais Elisabeth est arrivée très vite ! Il n'a pas été difficile de lui donner vie , au contraire! Lorsque nous l'avons "trouvé ", j'ai senti qu'il manquait quelque chose : je voulais , en fait qu'elle ait une caractéristique forte sur le visage , afin de ne pas l'oublier facilement. C'est ainsi que j'ai ajouté cette rougeur autour de ces yeux , sur ses joues , afin que cela rappelle la couleur du sang , l'essence même de la vie. ANNA : J’ai le souvenir d’avoir imaginé Elisabeth quelques heures seulement après ma rencontre avec Barbara. Aujourd’hui, c’est un personnage très éloigné de ma première idée. Barbara a choisi Elisabeth entre plusieurs propositions que je lui ai faites selon ses indications. Quand j’ai dessiné Elisabeth, je n’étais pas du tout certaine que celle-ci serait choisie. J’ai du me réapproprier Elisabeth pour la dessiner à nouveau. Par la suite, je me suis apesantie pour la découvrir et la connaître. Notre inspiration est venue des fillettes de dessins animés que nous aimions à l’âge de 13 ans. 14 - BSC NEWS MAGAZINE - N° 48 - JUIN 2012 15 - BSC NEWS MAGAZINE - N° 48 - JUIN 2012 16 - BSC NEWS MAGAZINE - N° 48 - JUIN 2012 AVANT APRES Une citation, en préambule, de Virginia Woolf " la vie est un rêve et c'est le réveil qui nous tue" qui répond à votre propre vision de la vie? BARBARA : À la mienne, sûrement , oui. Vous mettez en place une esthétique victorienne, romantique et sombre: quels sont vos mentors en la matière ? BARBARA : Tous les grands peintres anglais romantiques comme W.Morris, J.W.Waterhouse ou D.G.Rossetti , mais aussi les plus connus comme G.Klimt ou A.Mucha plus proches du symbolisme et de l'Art Nouveau. Cet dernier courant d'art, en particulier, m'a toujours inspiré , surtout dans l'architecture , car cet art prend son inspiration dans la nature elle-même , surtout concernant sa "grandeur" sur l'esprit et l'âme de l'homme et l'infini même de l'univers... Pour finir, j'aime beaucoup l'art flamand et ses peintres comme Hieronymus Bosch, Jan van Eyck ou Arcimboldi (mon preferé pour sa folie). Ils m'émerveillent depuis toujours et m'épouvantent à la fois, comme lorsqu'enfant l'on voit une chose pour la première fois en restant muet et un peu effrayé , mais tout de même curieux. Chez vous-même, vous prisez les baldaquins, les décorations baroques ou est-ce le contraire? BARBARA : Ma maison est un vrai musée contenant des choses étranges , à la façon des "cabinets de curiosités" . Je n'ai rien fait d'autre que de reproduire les choses que j'aime. " C'est dans l'obscurité que la lumière est la plus belle " semble être le credo graphique de cet album...aimez-vous travailler avec les couleurs foncées, sombres? BARBARA : Je travaille de nuit , lorsque le reste de la ville est endormie.C'est là, et seulement là que les idées me viennent , mon cerveau se colore alors d'un monde fantastique. J'aime l'obscurité , cela m'inspire... Si je vois le soleil et le ciel bleu , je n'ai qu'une envie, celle de sortir et de rejoindre mes amis pour discuter à la terrasse d'un café. Le choix d'un filtre" vert" dans toutes les vignettes, c'est parce que vous vouliez une tonalité commune à l'ensemble? parce qu'il est important que règne une harmonie chromatique? 17 - BSC NEWS MAGAZINE - N° 48 - JUIN 2012
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