BSC NEWS MAI 2011 - Page 1 - BSC NEWS MAGAZINE de MAI 2011 avec Mathias Malzieu, Gilles Bachelet, Printemps des Comédiens, Valérie Gans, Panda Bear, Sybille de Bollardière, Marc Lambron, Joseph Macé-Scaron, Marie-Pierre de Cortenson, Nicolas Rey, Françoise Dorner, Olivia ElKaïm, Géra 2 - BSC NEWS MAGAZINE - N°36 - MAI 2011 Présumé Édito culturellement passionnant... e mois-ci, ce sont des idées culturelles tous azimuts que nous vous proposons dans ce numéro qui marque le début des beaux jours et un regain d’intérêt pour la lecture. Vous trouverez une inclinaison manifeste vers l’actualité culturelle de la ville de Montpellier qui sera marquée notamment par la Comédie du Livre, un événement littéraire de premier plan ainsi que par le Printemps des Comédiens, véritable caverne d’Ali Baba des afficionados de théâtre, de spectacles, de danse et d’autres plaisirs de la scène. Malgré une offre importante, nous avons sélectionné des personnalités, des talents, des individualités que nous souhaitons vous faire découvrir ou re-découvrir. Nous assumons ces choix même s’ils sont souvent difficiles. De Mathias Malzieu à Gilles Bachelet passant par Valérie Gans ou Lamia Berraca-Berca, il vous sera difficile de ne rien apprendre de ces rencontres passionnantes, enjouées et intelligentes. Toutes et tous à leur manière possèdent le don si délicat de transmettre un art qui leur est propre. C’est pourquoi toutes ces rencontres se trouvent à l’intersection parfaite du talent et de la finesse. Mais il a fallu choisir tant les propositions sont de plus en plus nombreuses. Une fois de plus, ce numéro semble équilibré en découvertes et en belles surprises littéraires. Car la volonté de faire découvrir est antinomique à la démagogie qui alimente elle-même la tyrannie de l’audience. Et toutes ces personnalités qui nous font l’honneur de répondre favorablement à nos invitations sont ces antidotes indispensables pour lutter contre un conformisme conquérant. Lisez Malzieu, dégustez Bachelet, suivez Lamia Berrada-Berca, plongez dans l’univers de Zara Samiry ou achetez le livre de Valérie Gans, apprenez de Marion Coutarel, vivez les mots avec Gérard Guillaumat ou frottez-vous à l’Antiquité avec Thomas Bédécarrats. Une chose est sûre : toutes et tous nos invité(e)s s o n t p r é s u m é s c o u p a b l e s d ’ ê t r e culturellement passionnants. Et nous vous les livrons sans artifices. C PAR NICOLAS VIDAL Photo © G.BONNEFONT 3 - BSC NEWS MAGAZINE - N°36 - MAI 2011 4 - BSC NEWS MAGAZINE - N°36 - MAI 2011 Gilles Bachelet Valérie Gans Lamia Berrada-Berca Mathias Malzieu Jean Bellorini 5 - BSC NEWS MAGAZINE - N°36 - MAI 2011 SUIVEZ LE BSC NEWS MAGAZINE SUR TWITTER Zara Samiry Gaëlle Callac Ido Shaked et Lauren Houda 6 - BSC NEWS MAGAZINE - N°36 - MAI 2011 KIT MEDIA 2011 Le BSC NEWS MAGAZINE est le premier magazine culturel francophone exclusivement sur le Web. Fondé en 2007 à l’aube de la presse numérique, il regroupe aujourd’hui 70000 lecteurs par mois, âgés de 25 à 70 ans. Avec plus de 600 invités en seulement 34 numéros, le BSC NEWS MAGAZINE est le média numérique qui déniche chaque mois les nouveautés du monde culturel et se pose aujourd’hui comme le vrai découvreur de talents de la toile francophone grâce à une rédaction de 35 journalistes. Le BSC NEWS est lu aujourd’hui dans 12 pays francophones par une communauté de lecteurs curieux, attentifs, cultivés et exigeants mais également par de nombreux professionnels du livre, de l’édition et de la presse. COMMUNIQUEZ SUR LE BSC NEWS MAGAZINE ENVOI DE NOTRE KIT MEDIA PAR E-MAIL OU PAR COURRIER PAR SIMPLE DEMANDE SUR REDACTIONMAGAZINE@BSCNEWS.FR 7 - BSC NEWS MAGAZINE - N°36 - MAI 2011 "J'ai besoin de fantasmer les choses. Mon document, c'est le souvenir." Mathias Malzieu PAR JULIE CADILHAC Photo Arnaud Février (Flammarion) 8 - BSC NEWS MAGAZINE - N°36 - MAI 2011 T o m C o u l d m a n e s t u n e f i g u r e fantasmée de vous-même, amateur de sensations fortes ( longboard, saut à l'élastique)? Tous les personnages que l'on écrit, en livres ou en chansons, sont toujours une part d' autobiographie émotionnelle. Même si je ne raconte pas ma vie au sens propre avec ce personnage-là, dans ce qu'il ressent il y a une projection, une exagération de mes peurs, de mes rêves, de mes envies. Dans quel genre classeriez-vous vos écrits...plutôt contes ou romans fantastiques? Je ne sais pas trop..c'est votre travail à vous de classer, non? ( rires) Le mien, c'est d'écrire quelque chose et je ne me dis jamais par exemple " je vais faire un conte pour grands enfants!". J'essaie juste de trouver la forme qui exprimera le mieux ce que j'ai à donner, à partager et il y aurait un peu de cynisme, il me semble, à vouloir trop cloisonner de ma part. Après quand on définit mes histoires de "contes pour grands enfants" , je suis assez d'accord mais mon idée de départ, c'est de raconter une histoire qui fait un petit peur et qui fait rêver mais qui, pour cela, doit aussi être connectée à une certaine forme de réalité. Métamorphose en bord de ciel semble répondre à la mécanique du coeur lorsque Georges Méliès explique à Jack " Si tu as peur de te faire mal, tu augmentes les chances, justement, de te faire mal. Regarde les funambules, tu crois qu'ils pensent au fait qu'ils vont peut-être tomber lorsqu'ils marchent sur la corde raide" [...] Si tu passes ta vie à faire attention de ne rien te casser, tu vas terriblement t'ennuyer, tu sais"... on pense à Tom qui, lui, ne ménage pas ses expériences périlleuses et n'a pas peur des bleus. Quels ponts plus ou moins visibles, plus ou moins conscients, existent-ils entre les oeuvres d'un même auteur? Ces fils tissés au sein des personnages, des situations, sont les empreintes indicibles d'une écriture qui séduisent les lecteurs fidèles. Jack. Tom Cloudman. Deux personnages aussi touchants qu'atypiques, nés de l'imagination florissante de Mathias Malzieu, dans La mécanique du coeur et Métamorphose en bord de ciel, ne manquent pas de "différences convergentes" qui méritaient d'être débattues. L'occasion aussi de discuter justement autour de son dernier roman, Métamorphose en bord de ciel, qui nous entraîne dans une aventure médico-onirique surprenante où une femmoizelle, offre à un de ses malades, grignoté de l'intérieur par une betterave coriace, une possibilité de guérison. Un pacte faustien où le diable a un sourire d'ange, des jambes délicieusement sexy et couvre le monde de douces plumes carmin. Comme un enfant à la veillée, on se laisse emporter dans un monde où les enfants-lune apprennent à redevenir des enfants, où les enterrements ont des airs de carnaval et où la fantaisie est la seule reine contre laquelle la Faucheuse ne peut rien. Si le chanteur du groupe rock français Dionysos met en lumière des personnages sensibles et écorchés, on sent pourtant battre la vie dans chaque ligne de ses récits. Tom Cloudman, pourtant condamné onomastiquement à disparaître dans les nuages, est une figure de résistance à la maladie qui réchauffe le coeur. Rencontre avec une plume singulière, une imagination séduisante et un être fort sympathique. 9 - BSC NEWS MAGAZINE - N°36 - MAI 2011 Jack représente la prudence, Tom incarne la folie? Inconsciemment forcément, il y a toujours des obsessions qui reviennent, de chanson en chanson, de livre en livre....après, selon l'humeur et ses lectures du moment, ça prend une forme différente mais on raconte toujours plus ou moins la même histoire finalement. Ce n'est pas du tout une fatalité, je pense qu'on sculpte de mieux en mieux la matière première que l'on a pour lui donner meilleure forme, meilleur goût; on peut cuisiner des centaines de fois les spaguettis bolognaises et s'améliorer. Par contre, consciemment, par exemple, je fais revenir le personnage de Giant Jack dans Métamorphose en bord de ciel en grand-père d'Endorphine mais c'est un fait de récit. Dans la sensation et la caractérisation des personnages, ce n'est pas fait exprès. D'ailleurs, s'il y a du Méliès dans Tom Cloudman, il y a du Jack aussi. Si Jack n'est pas un casse-cou aussi systématique que Tom Cloudman, c'est peut-être simplement parce qu'il a encore quelque chose à gagner; il a un coeur qu'il peut mettre en danger, il est très jeune, il est en train de tomber amoureux mais il n'est pas au pied du mur. Tom Cloudman, c'est un peu Jack plus tard et il n'a plus rien à perdre d'où ses choix plus radicaux. Ces personnages sont très très proches car ils sont passionnés, fragiles et qu'ils ont besoin de se fabriquer leur propre réalité pour arriver à supporter la réalité. Il y a dans cette mécanique du coeur, la même idée terrible du paradoxe amoureux que dans La peau de chagrin de Balzac: l'amour tue car il est fait de désirs à assouvir...Il semble y avoir dans la vision de l'amour une évolution dans Métamorphose en bord de ciel: si l'amour peut tuer Jack, elle sauve Tom... C'est une façon de sauver...ce n'est pas aussi catégorique que cela. Tom est transformé en oiseau mais il a perdu une part de son humanité, sa mémoire et sa parole. Alors ça lui convient parce que ça flatte une partie de sa personnalité et que ça le sauve de la mort absolue; il devient un oiseau et quelque chose en lui reste. Mais, d'une certaine manière, ça le tue aussi parce que, peut- être, que s'il s'était juste voué aux traitements au sein de la journée et de la doctoresse au sens médical du terme- il y a des gens qui guérissent de cancer même quand on leur dit que c'est incurable - il aurait pu rester un homme...sauf que c'est un personnage extrême qui ne supporte pas l'hôpital; son choix c'est donc l'aventure qui est presque vitale pour lui. Ce serait donc un peu rapide de dire que ce coup-ci l'amour sauve. La fragilité de la vie et de l'enveloppe charnelle semble un thème récurrent: tendance à l'hypocondrie de l'auteur? 10 - BSC NEWS MAGAZINE - N°36 - MAI 2011 Ces deux livres sont des pied de nez à la mort? Je ne sais pas s'il y a de l'hypocondrie, peut- être un peu. Dans la vie, je ne suis pas quelqu'un de souvent malade et qui fait gaffe au moindre symptôme etc mais par contre la maladie me fait peur dans le sens où, comme le personnage, elle pourrait m'immobiliser, m'empêcher de faire tout ce que j'ai envie de vivre et d'apprendre. En ce sens-là, donc oui...et pied de nez à la mort, tout à fait. Tous les livres, tout acte créatif sont un pied de nez à la mort parce que c'est une façon de ralentir le temps, de fixer quelque chose et c'est travailler à de l'impalpable donc contourner la mort à chaque fois. La métamorphose est d'abord un thème antique décliné notamment par Ovide mais aussi dans la nouvelle de Franz Kafka où Grégoire Samsa se t r a n s f o r m e e n u n m o n s t r u e u x insecte....Aviez-vous lu certaines de ces histoires? vous ont-elles directement inspiré? K a f k a , j e l ' a v a i s l u i l y a t r è s longtemps...peut-être que ce sont des réminiscences. On me parle beaucoup de L'écume des jours aussi pour ce livre-là...par contre c'est vrai que, lorsque j'ai fait des recherches pour ce bouquin, je me suis replongé un peu dans Ovide. Ovide, c'est le côté mythologique qui m'intéressait et qu'il m'amusait de détourner. En même temps, lorsque j'écris, je ne veux pas trop me documenter. J'aime prendre plaisir à lire des choses qui infusent en moi ou pas. Pour La mécanique du coeur, je suis allé à Edimbourg mais je n'ai pas eu besoin d'y retourner pour prendre des notes etc...je ne fais pas de recherches documentaires. J'ai besoin de fantasmer les choses. Mon document, c'est le souvenir. Même s'il est transformé par un fantasme, ce n'est pas grave et même au contraire, ça me permet de styliser mes personnages et les endroits dans lesquels je les fais évoluer. L'existence de ce bord de ciel aux possibilités oniriques infinies joue sur l'ambiguïté...le lecteur ne sait pas vraiment si ce monde existe ou pas... Exactement. Dans mon premier roman ( Maintenant qu'il fait tout le temps nuit sur toi), on commence vraiment dans le réel de manière assez dure avec un deuil et il y a l'apparition du surnaturel qui arrive de manière brutale avec un géant de 4m50 qui débarque et là, clairement, ça existe peut- être dans la tête des personnages mais on distingue, d'un côté le réel ,d'un autre côté un autre monde: c'est très cloisonné. Dans La mécanique du coeur, on part sur une logique de conte. D'entrée de jeu, il y a des faits surnaturels: des oiseaux gelés tombent du ciel (même s'il y a eu , depuis, en Arkansas, des oiseaux dans une tempête qui 11 - BSC NEWS MAGAZINE - N°36 - MAI 2011 sont tombés du ciel , en vrai!), on met une horloge à coucou à la place du coeur du personnage principal. On se reconnecte à une forme de réalité presque sociale quand on arrive dans le cabinet de Madeleine avec tous ses patients et on retourne dans le réel comme ça. Sur Métamorphose en bord de ciel, je voulais travailler sur cette limite fragile entre le réel et le fantastique mais de manière différente. Je voulais que ça commence dans le réel: même si le personnage est un peu surréaliste, ça p o u r r a i t e x i s t e r quelqu'un qui serait le p l u s m a u v a i s cascadeur du monde q u i p a r t i r a i t e n t o u r n é e d a n s u n cercueil à roulettes, ce serait étrange mais p a s i m p o s s i b l e . L ' a r r i v é e d u s u r n a t u r e l , j e souhaitais qu'elle se fasse de manière ambigüe; je voulais q u ' o n s e demande :est-ce que c'est lui qui le pense ou est-ce que ça existe vraiment? et qu'on puisse aborder le texte des deux c ô t é s p o u r q u e l'imaginaire et la réalité ne fassent plus qu'un et qu'on accepte tout ce qui se passe sans se dire: ça c'est le réel, ça c'est l'imaginaire. En même temps, au moment de l'écriture, moi en tant qu'auteur j'y crois.... qu'il y a la volière et à cette fille qui se transforme en oiseau mais j'aime l'idée qu'il y ait l'ambigüité. Ce récit suscite, par de nombreux aspects, une réflexion mystique. Vous abordez notamment la notion de réincarnation. Tom Cloudman se demande si, en devenant oiseau, son cerveau va rapetisser: sa réincarnation nécessite le sacrifice de sa condition d'humain qui pense.... A partir du moment où le personnage accepte sa métamorphose, il va y avoir des conséquences. Il passe un pacte faustien avec cette femmoizelle- et un peu avec lui-même aussi -et il y a l ' e n j e u d e s o n humanité qui se joue alors. Forcément, il y a toujours des petits lignes dans le contrat qui déplaisent mais ce qui fait l'intérêt d'un récit, c'est qu'il y ait une forme de combat car même si l'on raconte des choses un peu fantastiques ou fantasmées, on parle de la vie et dans la vie, à chaque fois qu'on prend une décision, on perd quelque chose en prenant autre chose. Depuis notre naissance, on perd des choses mais on apprend aussi. Un livre doit être le reflet de cette réalité avec toutes les belles choses que l'on peut trouver à l'intérieur, ça n'est pas un constat de fatalité, c'est juste l'ordre des choses. On grandit, on vieillit, on perd l'innocence, on perd la forme alors c'est à nous, après, de se bagarrer pour gagner d'autres choses. Dans des Fleurs pour Algernon de Daniel Keyes, un personnage aussi se voit confronter à perdre ses facultés
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