BSC NEWS Magazine JUIN 2010 - SPÉCIAL USA - Page 18 - Spécial USA - Avec Wells Tower, Nikolai Grozni, Eddy L. Harris, Lisa See, Hey Hey MY MY - La Grande Interview de Jérôme Garcin, Mountain Men, Hey Hey My My, Littérature US déclencheur qui a fait ce que vous êtes aujourd'hui ? Julien Garnier: Tout est parti d’une histoire de guitare. Nous ne nous connaissions pas et j'ai réalisé que la guitare de Julien de l'époque était la première guitare électrique sur laquelle j'avais joué 5 ans plus tôt. Cette guitare était passée par plusieurs mains entre temps. C'était un pur hasard. Un destin musical commun était né (c'est beau). Vous avez également associé votre musique au film de Xabi Molia sorti sur les écrans en avril. Comment s'est présentée à vous cette o p p o r t u n i t é e t q u ' e n r e t i r e z - v o u s aujourd'hui? Julien Garnier: Xabi Molia est venu nous chercher (ce qui nous a flatté!). Ce fut une expérience très intéressante de voir que certaines de nos chansons marchaient bien à l'écran. C'est passionnant de travailler sur le couple son-image. J'espère que nous ferons d'autres musiques de film. Avec toute cette frénésie et cette allégresse déployées, il est impossible de ne pas vous de ma nder sur quoi travaillez-vous aujourd'hui? Et à quoi devons-nous nous attendre pour les prochains mois ? Julien Garnier: Nous souhaitons en effet communiquer cette "allégresse" comme vous dites au plus grand nombre sur les routes: c'est ça notre programme. Que diriez-vous aux lecteurs du BSC NEWS MAGAZINE pour les inciter à se jeter sur a Sudden Change of Mood ? Julien Garnier: Si tu achètes deux disques, on joue dans ton salon. Pour finir, trois mots qui définissent au mieux votre formation ? Julien Garnier: rock mais sobre et gentil . SPÉCIAL USA LE DOSSIER Wells Tower, Dan Sartain, Lisa See, SHAKESPEARE & CO, Nikolai Grozni, Eddy L.Harris ... WELLS TOWER, LA NAISSANCE D’UN GRAND Propos recueillis par Nicolas Vidal / Photos Suzanne Bennett Wells Tower, assis derrière ses livres, arborent des lunettes d’aviateur où je ne vois que mon reflet. Il me tend poliment la main et lorsque je commence à tenter de pénétrer les secrets de son écriture, son sourire s’élargit, son débit s’accélère. Son enthousiasme à me répondre est une véritable bénédiction pour le passionné de littérature américaine que je suis. Entre le plaisir à lire ce premier livre et l’écrivain assis en face de moi, il n’y aucun recul, ni disparité. Wells Tower est bel et bien le futur grand écrivain américain que je pressentais. A ce compliment, il sourit presque gêné, s’empare de l’un de ses livres «Le lien fraternel» et me dit « Il faut absolument que vous lisiez celui-ci, il est le prolongement de l’une des mes nouvelles ». Il l’ouvre à la première page, prend un stylo et écrit « To Nicolas, with gratitude, Wells». A la politesse de cet homme charmant, je vous incite à plonger dans les lignes de Wells Tower. Ses premières nouvelles sont autant de bijoux pour la nouvelle littérature américaine. Et il y a fort à parier qu’il deviendra sous peu un écrivain incontournable au pays de l’Oncle Sam. LITTÉRATURE Wells, pouvez-vous nous expliquer le titre de ce livre ? J’ai découvert un texte qui parlait d’une histoire de Vikings qui ont débarqué en Angleterre. Après leur départ, les survivants ont utilisé cette expression pour décrire la situation de chaos qui régnait. J’ai trouvé cette phrase poétiquement très forte. Pourquoi avoir choisir le genre de la nouvelle pour votre premier livre, Wells ? C’est un genre qui pour mon premier livre me convenait parfaitement. C’était en somme un bon moyen de m’exprimer et d’aborder différentes histoires dans un seul livre. Je trouvais cela plus percutant. L e s c h u t e s d e v o s n o u v e l l e s s o n t t r è s é n i g m a t i q u e s . O n a l’impression à la lecture que la nouvelle à elle seule est une chute. Quel est votre avis ? Je pense que les lecteurs se prennent d’affection dans la nouvelle pour un personnage puis pour un autre. Il y a une sorte d’effet de balancier dans la lecture. J’ai essayé de trouver un équilibre dans cette approche de la lecture et de mes personnages. Même si ce ne sont pas des fins très classiques, je pense que le lecteur saura trouver par lui-même le destin qui attend les personnages. Est-ce que finalement vos personnages ne sont-ils pas des anti-héros ? Il n’y pas vraiment de héros mais plutôt des situations qui peuvent conduire les gens à réagir en héros. C’est bien souvent une histoire de malentendus. Dans la nouvelle «Un lien fraternel», n’est-ce pas une approche saisissante de la rédemption que vous avez voulu donner à cette histoire, Wells ? Ces deux frères souhaiteraient s’apprécier et s’aimer d’un lien fraternel mais leurs histoires respectives ne leur permettent pas d’accéder à cette envie pourtant partagée par les deux. Je n’avais pas prévu d’écrire un recueil de nouvelles. Mais j’ai trouvé qu’elles avaient toutes un point commun : l’amour du lien familial et des relations fraternelles. Pour rebondir, pouvez-vous nous éclairer sur la nouvelle intitulée « En bas de la vallée», quel est l’état d’esprit de ce père déchu, contraint d’aider son rival alors qu’il se retrouve en huis clos dans une voiture en présence de sa propre fille ? Le personnage veut montrer à son rival qu’il est lui aussi un bon père. Lorsqu’il tente de le défendre lors de la bagarre dans le bar, il est une nouvelle de plus humilié. Avez-vous prévu de passer au roman, Wells ? Oui pour mon prochain livre. Ce sera en effet un roman qui sera assez épais et qui parlera du lien familial et de la famille en général. Est-ce que vous allez vous servir de ce premier livre pour écrire le suivant ? Il y aura des situations et des émotions similaires dans mon prochain livre qui influenceront les personnages. Mais sûrement que je serais moins dur avec eux que je l’ai été dans « Tout piller, tout brûler». Quand est prévue sa publication ? J’ai commencé à travailler dessus mais il devrait paraître d’ici deux ans car ce sera manifestement un gros livre. NIKOLAÏ GROZNI, une écriture de l’exilPropos recueillis par Nicolas Vidal / Photos D.R Nicolai Grozni est à lui seul le fruit d’un métissage extraordinaire : bulgare, pianiste, un peu américain, moine tibétain et écrivain. Et le métissage a développé chez lui un sentiment d’exil aux quatre coins de la planète. Enfant prodige sous la régime communiste bulgare, pianiste promis à un avenir brillant à Boston puis moine en Inde, Nikolai Grozni revient sur ces années d’errance et d’exil pour fuir les systèmes sociaux en vigueur. La recherche de l’équilibre de Nikolai Grozni est un enchantement et une ode à la découverte de l’ailleurs. LITTÉRATURE Nikolai, vous êtes né à Sofia, vous êtes ensuite parti aux USA, puis en Inde et aujourd’hui vous vivez dans le sud de la France. Qu’est que ce parcours a apporté à votre écriture ? Oui, cela m’a beaucoup apporté. J’ai lu beaucoup de littérature russe et puis à mon arrivée aux USA, j’ai lu beaucoup de littérature américaine. J’ai grandi également dans un système totalitaire en Bulgarie et cela a été une grande inspiration pour écrire, pour penser. J’ai commencé à écrire à 20 ans. Mon père était chirurgien et écrivain. J’ai lu ses nouvelles et cela m’a aussi beaucoup enrichi. Alors que vous êtes promis à une grande carrière de pianiste aux USA, vous décidez de partir en Inde. Je suis un pianiste classique. J’ai remporté de nombreux prix dans ma discipline. Après la chute du Mur de Berlin, j’ai décidé de partir à l’Ouest en Amérique. J’ai gagné ma place à Berkeley pour jouer du jazz. J’ai également beaucoup étudié, et fait pas mal de compostions. Puis j’ai eu du mal à me faire à la philosophie capitaliste américaine autant qu’au communisme totalitaire de la Bulgarie. Pour moi, les deux systèmes étaient aussi repoussants l’un que l’autre, ce qui a précipité mon départ en Inde où j’ai appris le tibétain pour rentrer dans un monastère. J’ai suivi également un enseignement pour devenir moine. Je suis resté 5 ans en Inde où j’ai écris car je puisais mon inspiration dans la simplicité de cette vie. L’inde a donc été une destination rêvée pour fuir les deux systèmes dans lesquels vous aviez vécu ? Oui effectivement. J’ai rencontré beaucoup de gens plein de sagesse avec des points de vue très différents sur la vie et la mort que ceux que nous connaissons dans la société occidentale. J’ai été heureux là-bas. Mais la vie est difficile en Inde car c’est un pays qui connaît de grandes injustices et d’une grande pauvreté. Là-bas, j’ai attrapé la malaria et j’ai failli mourir. De plus, l’art était absent de ma vie de moine. Ce fut très difficile à vivre. La vie de moine ne donne pas la place à la création et à l’épanouissement. En fait, c’est un dogme. C’est à ce moment-là que j’ai décidé de partir. Vous avez donc quitté l’Inde et fuit cette vie monacale. Qu’en est-il aujourd’hui ? Aujourd’hui, je pense avoir trouvé un équilibre entre toutes les choses apprises jusqu’à aujourd’hui, entre le totalitarisme bulgare le capitalisme et le bouddhisme. Je trouve en France un équilibre qui me convient. Il y a un système social, de nombreuses opportunités pour travailler et pour vivre. Je suis très content d’être ici. Sans oublier une grande richesse de littérature et de création. Vous travaillez sur un nouveau roman ? J’écris une histoire autobiographie sur mon enfance en Bulgarie. J’étais dans une école créée par les communistes pour nous enseigner la musique. C’était en fait une école pour faire éclore des jeunes prodiges musicaux. Ce fut pour moi une expérience très effrayante mais également très spéciale. J’avais beaucoup de privilèges et d’excellents enseignants. Je jouais de la musique pendant dix ou douze heures par jour. J’apprenais également à tirer à la kalachnikov. C’était irréel ! On nous modelait comme de parfaits petits communistes. Que sont devenus les jeunes gens que vous fréquentiez dans cette école ? Se sont-ils tournés vers la musique ou sont-ils restés en Bulgarie ? Ils sont tous partis aux USA. La plupart vivent aujourd’hui à New York. Tout cela est très triste car maintenant en Bulgarie, il y a plus d’argent que pendant cette époque mais ces élites ont émigré durant cette période. Qu’attendez-vous de cette parution ? Pour moi, c’est un livre très important et j’espère qu’il y aura un écho en Europe. Pour moi, il y a une grande différence entre l’Est et l’Ouest de l’Europe. Je trouve que mes amis bulgares nourrissent une certaine amnésie avec cette période sombre de notre pays. Ils ont du mal à réfléchir et à penser à ces moments car ils préfèrent oublier. J’espère que ce livre servira à contrer cela. (notes : le livre prochain livre de Nikolaï Grozni a été vendu aux USA et paraîtra en librairie en 2011. ) Pensez-vous que votre livre pourra t-il être traduit en bulgare et être vendu là-bas ? Cela sera très difficile. Les communistes me critiqueront alors que je dénonce dans ce livre tous les systèmes. Mais les gens sont obtus. Dans ce livre, il n’y aucun modèle idéal. Ils ont tous leurs torts. Il sera dédié à mon oncle qui a été déporté pendant 30 ans dans les camps après la seconde guerre mondiale par le nouveau gouvernement communiste bulgare. Il travaillait comme traducteur pour le consulat américain à Sofia. Une traduction est-elle prévue en français ? Pas pour l’instant. J’espère qu’un éditeur français s’y intéressera... Lisa See, la nouvelle Margaret Mitchell Propos recueillis par Emmanuelle De Boysson / Photos Didier Pruvot (Flammarion) Parmi les romancières américaines actuelles, Lisa See est sans doute celle qui s’apparente le plus à Margaret Mitchell. Son roman, « Filles de Shanghaï » paru chez Flammarion le 5 mai 2010, est en effet une fresque qui retrace, à travers le destin de deux sœurs, une part de l’histoire des Etats-Unis et de la Chine avec ses drames, ses guerres, ses amours contrariés et cette évocation du rêve américain qu’ « Autant en emporte le vent » sut révéler. Chine 1937. Lisa See vit à Los Angeles, non loin de l’ancien Chinatown. Son arrière-grand-père quitta son village chinois au début du siècle dernier pour devenir le parrain du Chinatown de Los Angeles. Née à Paris, Lisa Lee est l’auteur de trois romans salués par la critique. L’Organisation des Femmes Chinoises Américaines l’a nommée en 2001 Femme de l’Année. Shanghaï est le joyau de l’Asie, ville lumière, colorée et tumultueuse, abritant millionnaires et mendiants, patriotes et révolutionnaires, artistes et seigneurs. C’est aussi là que vivent les sœurs Chin : Perle et May, magnifiques jeunes femmes, aisées et rebelles, aux tempéraments pourtant opposés. Perle est du signe du Dragon, elle est têtue et persévérante alors que la douce May est née sous le signe de la Chèvre. Mais l’insouciance s’arrête brutalement pour les deux sœurs le jour où leur père, ruiné, décide de les vendre à des Chinois de Californie, venus chercher des épouses en Chine. Alors que les bombes japonaises s’abattent sur leur ville natale, une nouvelle vie commence à Los Angeles, au cœur de Chinatown pour les jeunes femmes. Perle et May, résolument modernes, tentent de s’adapter au rêve américain, LITTERATURE elles cherchent l’amour, la célébrité à Hollywood tout en bravant le racisme et les préjugés de l’époque. « Filles de Shanghaï » est une histoire de sœurs, amies inséparables et parfois rivales qui partagent les mêmes rêves et espoirs. Un roman chargé de lyrisme et d’émotion qui pénètre l’un des mystères des relations humaines : la fraternité. Nous avons rencontré Lisa See à Paris. Comment vous est venue l’idée de ce roman. S’inspire-t-il de votre famille ? Linda See : J’ai voulu parler de Shanghaï avant la chute, du passage du rêve américain à la réalité. Je me suis inspirée de la vie de mon arrière grand- père qui quitta la Chine dans les années trente pour devenir le parrain du Chinatown de L. A. Je me suis sentie appeler à transmettre la mémoire d’un monde disparu : j’ai fait de longues recherches en Chine et recueilli de nombreux témoignages parmi les anciens de Chinatown. J’ai même rencontré une femme qui a fui la Chine en bateau en 1937. Malheureusement, il ne reste plus rien de Chinatown. Avez-vous des souvenirs de l’ancien Chinatown de L. A ? L. S. : Je me souviens du magasin de ma famille : deux grands lions de marbre flanquaient la porte de lune devant laquelle mon grand-père garait tous les jours son pousse-pousse pour attirer les clients. La longue halle centrale était bordée par ce qui avait été à une époque quelques-uns des petits magasins et kiosques de China City. Le magasin était rempli d’antiquités asiatiques. Après la famille, l’amitié, vous explorez la relation de deux sœurs : en quoi celle-ci vous intéresse ? L. S . : J’ai trois sœurs, j’avais de sonder les forces et les zones d’ombre de ce lien. Fatalement, il y a de la rivalité : celle qui est la plus aimée, celle qui a les plus beaux enfants, la plus jolie, celle qui a le mari le plus aimant : autant de raisons de susciter des jalousies et des rancoeurs. Perle et May sont inséparables, rivales, unies par les mêmes souvenirs, les mêmes espoirs jusqu’à ce que les rôles s’inversent. Face au malheur, May finit par se résigner, Pearl se bat. Y avait-il beaucoup de femmes vendues en Chine ? L. S. : Surtout des mariages arrangés où le père du mari devait donner de l’argent aux parents. Les femmes étaient vendues surtout comme courtisanes ou prostituées. Quelles causes défendez-vous ? L. S. : Celles des chinoises qui veulent garder leurs filles. En Chine, se pratique toujours l’avortement sélectif. On paye une amende quand on a deux enfants, mais maintenant, les riches Chinois peuvent se le permettre. Comment la communauté américaine accueille-t-elle votre livre ? L. S. : J’ai encore 400 personnes de ma famille, Américains et Chinois qui apprécient mes livres. En Chine, j’ai été juge au concours de Miss Chine, c’est dire ! EDDY L.HARRIS Propos recueillis par Nicolas Vidal / Photos Eric Galland Eddy L. Harris est avant tout un écrivain chaleureux et étonnant. Il vous parle avec un grand sourire de ses livres, de son enfance, de son métier. Il se sent profondément américain, aime la France et adore par dessus tout Paris pour sa gastronomie, son style de vie et ses cafés. Son oeuvre littéraire traite principalement de la communauté noire américaine mais aussi en France. Eddy L.Harris nous parle de toutes ces choses en nous regardant droit dans les yeux. Une oeuvre à découvrir sans attendre. Vous disiez récemment que le fait d’avoir le passeport américain tout en vivant en France, vous conférez quelque en chose en plus ? J’ai surtout quelque chose de très américain dans mon comportement et dans mon a c c e n t . C e l a m ’ a p p o r t e effectivement un statut. Être noir et américain en France est presque un luxe. On me voit avec toute la puissance américaine dans mon sac à dos culturel et imaginaire. Je suis vu comme un américain avant d’être vu comme un noir. J’ai donc deux choses qui jouent en ma faveur; le fait d’être noir et américain. Pensez-vous que les français s o i e n t p l u s o u v e r t s culturellement par rapport aux Américains ? Aux USA, nous avons une histoire de l’esclavage. Nous admettons que le problème du racisme existe aux Etats-Unis. Le problème du racisme en France est vu totalement différemment que là-bas. Je ne peux pas dire que les français sont plus ouverts mais le problème du racisme est appréhendé différemment. D’où vient votre passion pour la France ? C’est presque une maladie. La France est un pays magnifique même si je le vois avec des yeux d’un touriste. J’ai un boulot qui me donne beaucoup de libertés et je vois une France très idéalisée. J’adore ce pays à ma façon. J’aime la gastronomie, la cuisine, le vin, flâner dans les cafés. Vous avez dit récemment que vous étiez gêné par le fait qu’on vous classe dans la littérature purement afro- américaine ? Oui et non. D’un premier côté, c’est un côté marketing pour vendre le livre. Il faut un genre pour chaque livre. Pourquoi ne pas dire que je suis un écrivain black ? Je le suis. En même temps, je n’aime pas trop qu’on ghettoïse les écrivains noirs. Ca dépend également de la définition que l’on donne à la culture noire. C’est gênant de savoir que les gens qui rentreront dans une librairie et qui ne sont pas intéressés par ces sujets n’iront jetés un coup d’oeil à ce genre. Ce classement tient un peu d’un ghetto culturel. Quel est la situation du racisme aux USA après l’élection de Barack Obama ? Le racisme aux USA est un quelque chose de très particulier et qui dure. Je crois que de toute façon LITTÉRATURE que le monde est raciste. C’est aussi vrai aux USA. Mais il y a tout de même une implication noire importante dans la société américaine. Ici, en France, dès que l’on voit un noir, une question s’impose, c’est d’où venez vous ? Aux USA, il n’y pas cette question. Le racisme aux USA est complexe et bizarre. On a élu un président noir à la tête de la Maison Blanche mais depuis qu’est ce qui a véritablement changé ? Rien de mauvais mais rien de bien probant. Mais j’aurais espéré un président noir qui s’engage et qui fasse des choses pour les noirs, pour les pauvres et qui sache être différent. Finalement, je suis déçu mais heureux qu’un h o m m e n o i r d e v i e n n e président des USA. Et je pense que cela modifiera la façon de voir des Américains. On peut élire un noir sans connaître une révolution. Vous espériez plus de l’élection de Barack Obama ? Oui, j’espérais mieux mais je ne m’attendais pas à mieux au fond. Son élection a été t o u t d e m ê m e t r è s importante. Obama est un symbole pour tous les afro- américains. Cette élection va modeler la mentalité des américains. Vous êtes américain et vous vivez en France. N’est-ce pas pour vous une grande chance ? C’est une richesse importante qui me permet de prendre de la distance et du recul par rapport à mon sujet prédilection. J’écris tout le temps sur les USA. Cela me donne plusieurs perspectives réciproques entre la France et les USA. Est-ce que Paris a toujours la même saveur pour vous que depuis la première fois où vous l’avez visité ? Bien plus ! Il n’y aucune autre ville qui ne m’attire plus que Paris. Je suis heureux d’y être. C’est un style de vie à part entière qui me donne la passion de vivre à Paris. Ici, je vis activement et je profite de chaque petit moment plus qu’à New York ou San Francisco ou encore la Nouvelle-Orléans. Ici, j’ai la passion de vivre. Vous disiez récemment que vous n’aviez jamais eu finalement la vie d’un noir parce que vous aviez eu une enfance et une éducation blanche. Qu’en est-il ? J’ai eu une vie d’Eddy Harris. J’ai vécu avec mes parents, ma famille et dans un foyer. J’ai été entre deux mondes, celui des noirs et des blancs. M a i s q u e v e u x d i r e finalement d’être blanc ou noir ? Il y a deux choses à dire. Ma famille contient de nombreux mélanges et dire que je suis noir fait oublier les autres. Je suis noir dans les yeux des autres. Cela n’est pas dans ma conscience en permanence. Je suis plus américain que noir en vérité. Et je me sens plus américain en France que là-bas où je ne suis finalement que type parmi tant d’autres. En tant qu’américain, que pensez-vous du débat concernant l’identité nationale en France ? Ce sujet est peu sensible. Je pense que cette question était d’ordre politique. Au-delà de çà, je pense que c’est un excellent sujet. Moi, étranger, américain, qui vit dans un pays qui n’est pas le sien, est-ce que je serais, si je
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