BSC NEWS Magazine JUIN 2010 - SPÉCIAL USA - Page 30 - Spécial USA - Avec Wells Tower, Nikolai Grozni, Eddy L. Harris, Lisa See, Hey Hey MY MY - La Grande Interview de Jérôme Garcin, Mountain Men, Hey Hey My My, Littérature US que le monde est raciste. C’est aussi vrai aux USA. Mais il y a tout de même une implication noire importante dans la société américaine. Ici, en France, dès que l’on voit un noir, une question s’impose, c’est d’où venez vous ? Aux USA, il n’y pas cette question. Le racisme aux USA est complexe et bizarre. On a élu un président noir à la tête de la Maison Blanche mais depuis qu’est ce qui a véritablement changé ? Rien de mauvais mais rien de bien probant. Mais j’aurais espéré un président noir qui s’engage et qui fasse des choses pour les noirs, pour les pauvres et qui sache être différent. Finalement, je suis déçu mais heureux qu’un h o m m e n o i r d e v i e n n e président des USA. Et je pense que cela modifiera la façon de voir des Américains. On peut élire un noir sans connaître une révolution. Vous espériez plus de l’élection de Barack Obama ? Oui, j’espérais mieux mais je ne m’attendais pas à mieux au fond. Son élection a été t o u t d e m ê m e t r è s importante. Obama est un symbole pour tous les afro- américains. Cette élection va modeler la mentalité des américains. Vous êtes américain et vous vivez en France. N’est-ce pas pour vous une grande chance ? C’est une richesse importante qui me permet de prendre de la distance et du recul par rapport à mon sujet prédilection. J’écris tout le temps sur les USA. Cela me donne plusieurs perspectives réciproques entre la France et les USA. Est-ce que Paris a toujours la même saveur pour vous que depuis la première fois où vous l’avez visité ? Bien plus ! Il n’y aucune autre ville qui ne m’attire plus que Paris. Je suis heureux d’y être. C’est un style de vie à part entière qui me donne la passion de vivre à Paris. Ici, je vis activement et je profite de chaque petit moment plus qu’à New York ou San Francisco ou encore la Nouvelle-Orléans. Ici, j’ai la passion de vivre. Vous disiez récemment que vous n’aviez jamais eu finalement la vie d’un noir parce que vous aviez eu une enfance et une éducation blanche. Qu’en est-il ? J’ai eu une vie d’Eddy Harris. J’ai vécu avec mes parents, ma famille et dans un foyer. J’ai été entre deux mondes, celui des noirs et des blancs. M a i s q u e v e u x d i r e finalement d’être blanc ou noir ? Il y a deux choses à dire. Ma famille contient de nombreux mélanges et dire que je suis noir fait oublier les autres. Je suis noir dans les yeux des autres. Cela n’est pas dans ma conscience en permanence. Je suis plus américain que noir en vérité. Et je me sens plus américain en France que là-bas où je ne suis finalement que type parmi tant d’autres. En tant qu’américain, que pensez-vous du débat concernant l’identité nationale en France ? Ce sujet est peu sensible. Je pense que cette question était d’ordre politique. Au-delà de çà, je pense que c’est un excellent sujet. Moi, étranger, américain, qui vit dans un pays qui n’est pas le sien, est-ce que je serais, si je prends la nationalité française, vraiment un français ? Si une guerre éclate entre les USA et la France, quel camp choisirais-je à ce moment- là ? Je n’ai pas envie de retourner aux USA et j’ai envie de rester en France où je fais ma vie à présent. La France est mon pays mais est-ce que je suis véritablement français? Voilà la question posée par Nicolas Sarkozy. Est-ce que les étrangers installés en France seront-ils un jour vraiment français et non plus français d’origine ? La différence entre la France et les USA se situe dans la perception de l’étranger. Lorsqu’on voit un asiatique dans les rues de San Francisco, c’est avant tout un américain car il mange des hamburgers, il écoute la même radio, aime la même musique et il joue au même jeu. Car on partage la même culture. Un de vos livres traite d’Harlem. A ce sujet, Harlem s’embourgeoise depuis quelques année déjà avec une nouvelle bourgeoisie noire? Harlem a beaucoup changé. Il y a 15 ans lorsque je vivais à Harlem, il y avait des chicanos, des noirs, des portoricains et des dominicains. Tu traverses maintenant la 125ème rue de Broadway jusqu’à Parc Avenue, tu croises beaucoup plus de blancs qu’avant. Bill Clinton y est installé, les services de sécurité et la propreté de la ville New York aussi, il y a plus de magasins. Cela montre aussi l’évolution de l’Amérique Finalement, Harlem n’incarne t-il pas à lui t o u t s e u l l e d é v e l o p p e m e n t d e s communautés à New York ? Oui totalement ! C’est exact. Toutes ces vagues de différentes population le montrent très clairement. Vous parlez également d’Harlem comme d’une mère patrie... Dans mon livre, je parle de cela. Dans mon imaginaire, mais également depuis les années 1920, Harlem représente pour les noirs quelque chose de mythique. Harlem incarnait un ghetto dans son sens péjoratif mais a aussi été un foyer de culture avec les lettres, les musées, la musique. Harlem a été en quelque sorte une renaissance et un nouveau berceau de la culture noire américaine. Beaucoup d’écrivains ont par exemple trouvé leur voie à Harlem. Harlem représente l’évolution d’un pays mais également d’un peuple. Ma famille faisait partie des classes moyennes. On a grimpé l’échelle sociale et la première chose que nous avons pensé à faire, c’est de quitter le quartier. Une sorte de ghettoïsation à l’envers... C’est exactement cela. Et ceux qui sont restés n’avaient pas les moyens de partir. Et nous sommes responsables de cela. Quand j’étais jeune, j’avais autour de moi dans mon quartier noir des ingénieurs, des médecins, des i n s t i t u t r i c e s , d e s v o y o u s également. C’était varié. Avec le départ des nouvelles classes moyennes, qui est resté ? Les dealers, les junkies. Ainsi, tous les modèles sociaux pour les jeunes sont partis. Ed Harris, n’êtes vous pas tout simplement un écrivain au-delà des considérations d’appartenances ethniques? Oui oui et oui. Je suis noir, je suis américain et je suis homme. Je ne suis pas juste cela ou juste ceci. Je suis un homme humain tout simplement. J’essaie de trouver l’essentiel de qui je suis. SHAKESPEARE & CO : PLUS QU’UNE LIBRAIRIE, UNE INSTITUTION Propos recueillis par Maïa Brami / Photos d.r Du 18 au 20 juin prochain se tiendra, à deux pas de Notre Dame, la 4e édition du Festival littéraire Shakespeare & Co, initié par Sylvia Beach Whitman, la fille du légendaire George Whitman, propriétaire de la plus célèbre librairie anglophone parisienne, Shakespeare & Compagnie, qui a vu défiler pléiade d’écrivains anglo-saxons depuis son ouverture en 1951 — le couple Miller/Nin, Kerouac ou Ginsberg pour ne citer qu’eux. Si l’endroit jouit d’une prestigieuse aura internationale — tout jeune aspirant écrivain rêve d’y poser son sac un temps en échange d’un coup de main à la librairie —, il n’est pas forcément connu des Parisiens. Profitez donc des beaux jours et du Festival — qui aura pour thème cette année « Politique & Fiction » —, pour aller découvrir ce lieu d’exception. Pendant deux jours se succéderont une trentaine de stars — Martin Amis, Hanif Kureishi, Will Self, Philip Pullman, André Schiffrin (éditeur de Pantheon Books) —, ainsi que de nouveaux venus, comme Fatima Bhutto, nièce de Benazir. En arrivant, parmi les badauds qui se presseront devant la librairie, ou sous le chapiteau dans le Square en face, vous remarquerez sans doute un ange blond, mi-Boucles d’Or mi-Marilyn, ne vous y trompez pas, il ne s’agit pas d’une vision, mais d’une jeune femme, votre hôtesse, Sylvia Whitman, qui en 7 ans et du haut de ses 29 ans, a su redonner un nouveau souffle au rêve de son père. Pour découvrir le programme du Festival : http://www.festivalandco.com/index.php?lang=fr Pour s’informer sur la librairie :http://www.shakespeareandcompany.com/ LITTÉRATURE Sylvia Beach Whitman et son père, George Whitman Vous portez le prénom et le nom d’une femme incroyable, Sylvia Beach (1887-1962), la fondatrice de la première librairie Shakespeare & Compagnie à Paris, à qui l’on doit la publication de l’Ulysse de Joyce… Je pense beaucoup à elle en ce moment, car nous venons de recevoir sa correspondance, où l’on peut découvrir des lettres à Joyce ou à sa compagne, la Française Adrienne Monnier. Pour mon père, c’était la plus grande libraire qui ait jamais existé et elle l’a énormément inspiré. C’est grâce à elle qu’il invite des écrivains en résidence à la librairie et qu’il a transformé tout un étage en bibliothèque. Me donner son nom était à la fois une façon de perpétuer son souvenir et de me faire un cadeau. Heureusement, je le vis plus comme une inspiration qu’une pression ! Vous êtes quasiment née dans la librairie de votre père, mais l’amour des livres est venu après une adolescence en Écosse et en Angleterre… À la librairie, beaucoup de gens me disent : « Oh ! Mon enfant ne lit pas, ça m’embête, qu’est-ce que je peux faire ? » Pour moi aussi, petite, la lecture était une grande pression. À l’âge de 15 ans, tout le monde pensait que je connaissais Jane Austen et Shakespeare sur le bout des doigts ! Du coup, j’ai pris le chemin du théâtre et je m’y suis jeté dedans corps et âme. Lors de mon retour à Paris, j’ai eu, d’une certaine façon, la même expérience que la plupart des jeunes qui viennent ici : chacun parle, s’enthousiasme de ses lectures, vit les livres dans sa chair et leur passion a été communicative ! Et puis, j’ai vu l’effet incroyable de la littérature sur mon père et cette énergie m’a attirée. Votre père vous a passé le relais en 2003 : que vouliez-vous à tout prix conserver de la philosophie du lieu et qu’aviez-vous envie de changer ? Avant tout, je veux garder l’esprit et l’ambiance que mon père a su créer : être ouvert et gentil avec les clients. En faisant le tour des librairies anglophones à Paris, j’ai remarqué qu’il n’y a jamais de chaise. Or, toute l’idée de mon père, c’est d’accueillir les gens et de leur donner l’impression que c’est leur deuxième maison : qu’ils donnent rendez-vous à des amis, s’installent pour lire sans forcément acheter. Je veux aussi garder le côté esthétique du lieu, assez magique je trouve, et aussi l’accueil des écrivains en résidence. Concernant le ton à donner, je veux créer une vraie communauté, un vrai centre d’art. Nous avons un projet de café littéraire, de ciné théâtre dans la cave, des idées un peu folles (rires), également d’aménager d’autres chambres pour les écrivains. Vous l’aurez compris, utiliser toutes les idées qui existent déjà, en leur donnant encore plus d’ampleur. Le Festival entre également dans ce credo. Quand je suis revenue à Paris, mon père avait 88 ans et n’avait plus la même énergie qu’avant. Créer ce festival, c’était donner une impulsion et lancer un appel aux écrivains qu’on aime. Leur dire : « venez ! On est là ! ». Heureusement que mes voisins étaient très sympas ! D’ailleurs, en 2003, le thème du premier Festival, « Lost, Beat et New : trois générations d’écrivains à Paris », était une forme d’hommage à tous ces illustres écrivains accueillis par votre père… À vrai dire, on avait choisi ce thème, car on était fatigués de tout le temps devoir parler de l’histoire de Sylvia Beach, qui est fascinante, certes, mais qui appartient au passé… Comment avez-vous mis sur pied le Festival ? Est-ce que la Mairie de Paris a vu d’un bon œil que vous vouliez planter votre chapiteau dans le square en face de la librairie ? Pour la première édition, j’étais juste pleine d’énergie et complètement naïve ! (rires) Mais, avec le temps, je dois dire que ça devient de plus en plus compliqué. Il faut un tas d’autorisations. Par exemple, il y a un quadrillage de sécurité à respecter autour de l’arbre de Saint Julien le Pauvre, vous savez que c’est le plus vieil arbre à Paris ? Cette année, il y aura une bonne trentaine d’invités — américains, anglais, sud africains… — plus prestigieux les uns que les autres. Quel est le thème retenu ? On a choisi « Politique et Fiction », en partie en réponse au succès d’une soirée organisée lors du dernier festival, « Mémoire et Biographie », consacrée à Obama. L’ambiance était électrique ! Je pense que, grâce à lui, beaucoup de jeunes s’intéressent à la politique. De plus, pour mon père comme pour moi, une librairie indépendante se doit d’être engagée. De son temps, Sylvia Beach avait publié l’Ulysse de Joyce contre la Censure en place. On pourrait aussi citer Lawrence Ferlinghetti, libraire de City Lights à San Fransisco, qui a édité le Howl du poète Allen Ginsberg. La librairie indépendante est une entreprise, un lieu qui fait vivre les petites communautés, voilà donc ce qui explique aussi le choix du thème de cette année. Vous savez, nous faisons beaucoup de commandes à de petites maisons d’édition de livres d’auteurs peu connus voire inconnus. Nous mettons tous nos efforts pour ne pas avoir seulement des Best Sellers comme le Da Vinci Code en présentoir ! D’ailleurs, je crois que vous organisez des lectures avec des auteurs publiés et non publiés, ce qui est rarissime… Souvent, les librairies ne s’occupent que de promouvoir les livres, nous, c’est le contraire, nous voulons mettre en lumière des écrivains intéressants, qu’ils soient publiés ou pas. Un jeune poète de 20 ans côtoiera un Prix Pulitzer ! En général, les festivals invitent des auteurs qui ont une actualité, nous, pas du tout. L’année dernière, on avait un écrivain dont tous les livres étaient La violoncelliste Natalie Clein lors de la soirée d'anniversaire de Jeanette Winterson épuisés. L’idée était même de lui donner l’opportunité de rencontrer des éditeurs pour qu’il puisse réimprimer ses livres. Cette année, on trouvera à la fois, la jeune Fatima Bhutto pour son premier livre, qui raconte son enfance et évoque la situation politique au Pakistan et l’anglaise Jeanette Winterson, qu’on invite pour son œuvre, même si elle n’a aucune publication récente. Je crois que vous avez une passion toute particulière pour Jeanette Winterson… Absolument ! D’ailleurs, on est en train de se battre pour lui trouver un éditeur en France. Elle avait été publiée par le passé, mais son agent avait eu une mauvaise stratégie. Nous, on adore Actes Sud, alors on mise dessus ! Vous avez confié à un journaliste : « La librairie incarne la possibilité d’une lenteur s a l u t a i r e , d ’ u n e n r a c i n e m e n t : enracinement autour d’un lieu et enracinement d’un texte dans le volume physique du livre » Que pensez-vous de l’avènement du livre numérique ? (rires) Etant de nature optimiste, penser qu’un livre, qu’une librairie puisse disparaître au profit d’un simple ordinateur m’est incompréhensible, voire inconcevable. Mais j’ai eu une pointe d’inquiétude l’hiver dernier, en janvier et février, qui sont toujours des mois très calmes, parce que clients, éditeurs et journalistes n’arrêtaient pas de me poser des questions sur le futur du livre papier. Du coup, j’ai réfléchi et j’en suis venue à la conclusion que numérique et papier peuvent cohabiter. Je ne suis pas une vieille libraire qui lit Jane Austen à la caisse avec un client par jour ! J’aime beaucoup la technologie. C’est moi qui ait installé le téléphone, le site Internet et mis les ordinateurs en réseau. Je pense que la technologie est importante et fascinante. Mais je ne crois pas qu’on puisse remplacer un lieu comme Shakespeare & Compagnie, qui offre un espace, un contact humain, une ambiance unique et l’effet direct des livres sur les clients. De nombreux éditeurs me disent qu’ils ont une grande bibliothèque à la maison, mais qu’ils ont adopté le Kindle pour lire leurs manuscrits. Je ne pense pas qu’ils se débarrassent pour autant de leur bibliothèque ! À la librairie, nous proposons des lectures, mais aussi des ateliers d’écriture dirigés par des auteurs six jours par semaine, et puis nous offrons un toit à un tas de jeunes écrivains. Autant de choses que ne peut offrir un Kindle ! (rires) Les jeunes écrivains que vous accueillez sont-ils tous anglophones ? Surtout américains et anglais, car notre nom est très prestigieux dans les pays anglo-saxons, mais il y a aussi des Italiens, des Espagnols, des Scandinaves, beaucoup d’Allemands… … Des Français ? Surtout américains et anglais, car notre nom est très prestigieux dans les pays anglo-saxons, mais il y a aussi des Italiens, des Espagnols, des Scandinaves, beaucoup d’Allemands… Vous avez invité Natalie Clein — une des plus grandes violoncellistes actuelles — à jouer pendant le Festival. Pourquoi cette musicienne parmi des écrivains ? J’ai rencontré Natalie grâce à Jeanette Winterson. Je l’ai tout de suite adorée, c’est une âme très spéciale. Lors d’un anniversaire de Jeanette à Paris, on a organisé un concert devant la librairie et Natie a surgi et s’est glissée parmi eux, alors qu’elle n’était même pas censée être dans la Capitale. On l’a regardée jouer avec Notre Dame derrière et c’était une des choses les plus magiques qu’il m’ait été donné de voir et d’entendre ! Cette année, elle va jouer une quinzaine de minutes au milieu du square entre deux lectures, avec évidemment, Notre Dame en toile de fond, pour que la magie opère à nouveau. Reste à espérer que le soleil sera au rendez-vous ! Dan Sartain, artiste et nouvel enfant terrible du Rock US Propos recueillis par Nicolas Vidal / Photos Cats Steven La musique de Dan Sartain est à l’encontre de tout ce qui se fait actuellement sur la scène internationale. Elle a un côté sauvage, électrique mais terriblement touchante. Dan Sartain ne s’embarrasse pas une seule seconde du politiquement correct. Il joue sa musique pour raconter sa propre histoire ou celles qui lui semblent avoir un certain poids. Il fait du rock pour les uns, du garage rock pour les autres ou du rockabilly pour les plus pointus. Peu importe, Sartain joue sa musique comme il l’entend et c’est plutôt décapant. Nous l’avons reçu pour la sortie de son dernier album « Lives». Dan, comment caractériser votre musique ? Un magazine au ROYAUME-UNI, que je viens de lire décrit ma musique comme "un amalgame de rockabilly, de blues et de garage rock qui se mélangent ensemble pour devenir un rock brillant, sale et corrosif" Quand avez-vous commencé à jouer ? L'Alabama, d'où je suis, était un obstacle entre moi et le bon goût. Il était vraiment difficile ici d’avoir des rapports avec les gens et de trouver des personnes intéressantes. Heureusement qu’un vieil homme passionné de Blues m’a appris à jouer de la guitare. MUSIQUE Votre album alterne les mélodies et des morceaux de rock rugueux. À quoi est dû l'ambivalence de votre musique ? Les sons se marient avec le sujet de mes chansons. Sur cet enregistrement de Lives, le chant joyeux de Ruby Carol est pour une fille que j'ai aimée, tandis que la première chanson sur l'album, appelé «Those Thoughts» est assez sombre. J'ai écrit cette chanson quand je vivais dans un entourage violent à Gate City dans l'Alabama. Chez moi, c’était le bonheur mais dehors on entendait les tirs de flingues. C’était des gangs violents. Mais heureusement que mes voisins étaient très sympas ! Quelles sont les sources d’inspirations de vos chansons, Dan ? Sur cet album il y a quelques chansons qui parlent d’une fille. Mais il y a en comparaison plus de chansons portant sur les Cobras afin de parler des dangers qui règnent là-bas. Je parle de ce grand mélange de gens qui se retrouvent à San Francisco autour de rituels païens chaque année. Il y a des personnalités importantes qui participent à ces réunions. Ils l'appellent l'Incinération de Soin et il a lieu devant un emplacement appelé Bohème Bosquet. Votre univers musical particulier est fait de plusieurs influences et se nourrit d’une patte particulière et singulière. Comment le définiriez-vous ? Les trucs qui m'ont fait vouloir apprendre la guitare le dimanche étaient spécifiquement Alice Cooper et AC/DC. Toute cette musique que les ados arborent maintenant sur des T- shirts pour être rebelles. Moi aussi , j’ai été comme eux. Maintenant, cela ne me plaît plus tout ! J'ai passé beaucoup de temps à écouter Jonathan Richman. Je suis vraiment jaloux de lui. C’est un dieu heureux qui a réussi ! Que pourrait-il m’arriver de plus pour être heureux ? Quelles sont vos influences musicales, Dan ? Mon batteur favori est Karen Carpenter. L’un de mes chanteurs favoris est Glen Danzig. Mais je ne sais pas grand chose "de la scène de musique moderne", donc je suis le mieux placé pour en parler. Le dernier album que j'ai acheté a été fait par les gens qui sont morts maintenant. J'ai écrit une chanson sur l'album appelé ' Doin anythin ' je ne dis que des mots qui sont un non-sens complet et ne signifient vraiment rien. J'essayais juste d'écrire une chanson qui toucherait beaucoup de gens. J'ai été inspiré aussi par les gens comme Joan Jett et Gary Glitter, dont la présence sur scène se prête bien à une atmosphère de stade. Votre style le rockabilly un son particulier, des chansons de la vie quotidienne, Dan Sartain n'est-il pas aussi un personnage à part entière ? Je ne sais pas si je peux dire que je suis un personnage à part entière. En tout cas, je suis comme je suis et cela c’est la vérité. Quelle est votre opinion sur le Rock actuel ? Pensez-vous qu’il soit trop commercial ? Il n'y a pas grand chose que j'aime. Je regarde la culture actuelle et je pense que tous ces nouveaux groupes qui surgissent font juste du commercial. La culture contemporaine fait du commercial. En fait, je n’écoute pas beaucoup de nouveaux groupes mais je sais qu'ils ne sont pas bons. Pouvons-nous dire que Dan Sartain un artiste en dehors des modes et les courants musicaux ? Bien sûr, la plupart des gens sont coincés dans une niche. Mais moi j’ai été chanceux d'avoir beaucoup d'amis avec des goût différents. De l'Amérique aux States Par Sophie Sendra/ Illustration Yves Budin PHILOSOPHIE Un philosophe ne s'attache pas qu'à la Sagesse, il aime le langage. Il aime le Mot. Lorsque la Rédaction a proposé le thème USA, je me suis interrogée sur la portée de ces initiales. Après avoir écrit sur New York, après avoir fait une thèse de philosophie sur une partie de la littérature américaine, qu'avais-je donc à penser de ce continent ? Pour pouvoir répondre à cette question, je me suis demandée comment on appelait ce dernier il y a encore quelques décennies. En effet, même si ce continent a toujours été synonyme de « rêves », son image avait dû évoluer. L'Amérique Quand on se tourne vers le cinéma, on remarque que dans les vieux films en noir et blanc, les personnages parlent de l'Amérique comme d'un endroit refuge, fait de rêves. Ils ne disent pas « USA » ou « States », ils disent l' « Amérique ». Comme un Fernandel dans le Schpountz. Ce film de Marcel Pagnol de 1938 montre un Irénée Fabre qui veut être vedette parmi les vedettes, et peut- être partir dans le pays de tous les possibles, l'Amérique. Ce continent là, c'est aussi celui de Walt Whitman, de ses Feuilles d'herbe de 1891, du regretté Dennis Hopper dans Easy Rider de 1969 ou encore celui de Jack Kerouac dans Les Clochards Célestes de 1963. C'est le pays des écrivains, ceux de cette Beat Generation des Burroughs, Ginsberg et les autres. Cette Amérique qui inspirait les peintres de Pollock à Basquiat dans un grand écart de 40 ans, en passant par Fernand Léger et ses Constructeurs de 1950. C'est New York qui remportait les suffrages de ce désir de partir pour la Création.
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