BSCNEWS OCTOBRE - Page 27 - BSC NEWS MAGAZINE - OCTOBRE 2014 - 27 - BSC NEWS MAGAZINE - N° 73 - OCTOBRE 2014 28 - BSC NEWS MAGAZINE - N° 73 - OCTOBRE 2014 exemple 20.000 lieues sous les mers. Beaucoup d’autres proviennent de mes propres scénarios que j’ai commencé à imaginer, et j’apprécie bien entendu tout particulièrement la narration graphique. J’aimerais pouvoir publier et partager plusieurs de ces histoires à travers les peintures à venir… Cette exposition est également pour moi une opportunité d’explorer des idées et de découvrir si les thèmes sur lesquels j’aime travailler trouvent un écho au sein du public, afin de m’en inspirer pour de futurs travaux. 29 - BSC NEWS MAGAZINE - N° 73 - OCTOBRE 2014 30 - BSC NEWS MAGAZINE - N° 73 - OCTOBRE 2014 Exposition Greg Manchess du 15 au 31 octobre 2014 Galerie Daniel Maghen 47 quai des Grands Augustins 75006 Paris Tel.: 01 42 84 37 39 Fax.: 01 42 22 77 86 Du Mardi au Samedi de 10h30 à 19h00 www.danielmaghen.com 31 - BSC NEWS MAGAZINE - N° 73 - OCTOBRE 2014 RIFFREBSPAR JULIE CADILHAC BANDE DESSINÉE 32 - BSC NEWS MAGAZINE - N° 73 - OCTOBRE 2014 Et si, d'abord, vous nous racontiez votre histoire personnelle avec la mer (et l'océan) ? D'où vous vient cette fascination pour ce thème que vous déclinez (avec talent) depuis plusieurs albums? Bon, d'abord je vais être clair, je ne suis pas un marin. J'ai assez de respect pour cette vie si particulière pour ne pas confondre mes expériences personnelles avec les métiers de la mer. Ceci-dit ma vie sur les côtes normandes m'a occasionné plusieurs expériences qui viennent alimenter mes adaptations et mes dessins sur le sujet. Les choses ont mal commencé, j'ai failli me noyer au large d'Étretat lors d'une sortie en périssoire étant enfant. Ce lieu merveilleux a d'entrée pris une couleur bien sombre et m'a mis dès l'enfance en position de défiance face la mer. Mon père avait un bateau, au Havre, une petite coque de noix avec laquelle il m'emmenait à la pêche au maquereau e t r é c o l t e r d e s m o u l e s s u r d e gigantesques bouées au large du cap de la Hève. Ces sorties bien souvent épiques et parfois dangereuses ont été la source de fortes sensations bien utiles pour habiter mes derniers albums. En effet mon père à bien des égards peut être comparé à cet improbable Loup Larsen du Loup des Mers de Jack London. Mon plaisir naturel à me retrouver en mer était en permanence contrarié par les dures expériences que mon père m'y a fait vivre. J'ai aussi travaillé sur le port comme commis de quai dès 15 ans et j’ai donc fréquenté les lamaneurs et les dockers, rudes sensations là aussi. Petits convoyages et présence sur les remorqueurs font partie aussi de mon passé. Ces dernières années, pour des raisons de documentation, j'ai passé de belles journées à bord du Sagress, magnifique bateau école de la marine portugaise, et sur un vieux gréement bien connu des français, le Belem. Bien d'autres choses restent à dire sur mon lien avec la mer mais ma réalité est tout de même bien différente de mes fictions. Comment a débuté votre carrière d'auteur de BD? Dominique Duprez, dit Riff Reb’s est né à Burdeau, en Algérie. Quelques années plus tard, sa famille s’installe au Havre. Il intègre ensuite l’Ecole des Arts Décoratifs à Paris. En 1984, Riff Reb’s fonde avec Qwak l’atelier Asylum, bientôt rejoints par Cromwell, Ralph, Edith, Joe Ruffner... ils travaillent ensemble sur une série de dessins animés, Les Mondes engloutis. Puis son premier album est publié : le tome 1 du Bal de la Sueur. et en 1990, avec Parole de Diable, Riff Reb’s crée Myrtil Fauvette (Les Humanoïdes Associés). Depuis, il a notamment publié aux éditions Soleil « A bord de l’Etoile Matutine » d’après le roman de P.Mac Orlan( en 2009), « Le loup des mers » d’après le roman de J.London (qui a valu le Prix de la BD Fnac 2013) et, cette année, « Hommes à la mer », un recueil de huit adaptations de nouvelles de Conrad, Mac Orlan, Poe, Hodgson, Schwob et Stevenson. Aussi littéraires que poétiques, ces planches vont enivrer le lecteur d’écume iodée et d’histoires sombres! Le graphisme remarquable et minutieux de Riff Reb’s immerge immédiatement le lecteur et l’emporte dans des voyages enthousiasmants tandis que son génie de la mise en scène l’assoit définitivement comme un grand auteur dont nous sommes très honorés de la présence dans nos pages. N’hésitez plus, à l’abordage! 33 - BSC NEWS MAGAZINE - N° 73 - OCTOBRE 2014 san doute z✁cÁhy-lá-scap ✁ Ñrie Ára gn✁itquá l'ea sá ✁ plutô ma s✁ine o r la c lá ✁veÁ aquál e il ✁ a tf✁bri é ce drôlá Ñ'anim✁ . u “a then quá c ev✁l” dá mer, áxt ai Ñe l'océan sp Ái✁ emá t ur neb±y, o pá t-fils, à ' cÁa on d'une plo géá, isque tá a t n mé ier. en vérit , l a ✁i fa lu dá ong es háure Ñá t ✁vail p r fabrique cát e Áré✁t á à la h✁u e r dá 'imagn✁tio délirante Ñu vá x z✁cÁhye dá la foi ✁bs ue Ñá ne±by. il fautdre q á e viáux plonge éta u c ntá r ho s p✁ir etqu'il mprovisa á hist e lás u invrasembl✁± á sur ce q 'il voya t u idán emánt✁ fo Ñ de la ár. parmi tou es cá f✁ntas q e s r át e , ✁uc ná 'émouvait aut✁n l'espritd á t-fi que cál e Ñás Áheva x m✁rin . 34 - BSC NEWS MAGAZINE - N° 73 - OCTOBRE 2014 J'ai relativement essuyé de nombreux refus dans mes débuts mais je n'ai gardé aucune rancœur particulière car en vérité je n'étais pas encore au point. Mon premier album publié, Le Bal de la sueur, une histoire de caboteur piloté par un anti-héros punkoîde dans un univers déjanté, Il a été dessiné à quatre mains avec mon comparse Cromwell. Le gentil succès commercial du livre couronné par le prix de la presse à Angoulême en 1987 m'a permis ensuite de continuer assez facilement dans l'édition. Avez-vous plongé dans la bulle par goût de la bande-dessinée et d'auteurs que vous adoriez ? Ou Juste parce que vous aviez le trait facile et le mot taiseux? Ou parce que vous souhaitiez mettre en images des mots (livres) qui vous obsédaient? Mon goût pour la bande dessinée était intimement lié aux auteurs qui la réalisaient. Étant enfant, il s'agissait des classiques que sont maintenant Tintin, Spirou, Lucky Luke... Mon goût a forcement évolué en grandissant mais je garde une tendresse particulière pour ces séries. Mon penchant naturel allait vers le dessin, mais dans ce cadre, j'avais bien conscience qu'il devait obéir à un scénario. Et c'est vrai que c'est à ce moment que les problèmes commencent; quand on n'a pas confiance aux histoires qu'on peut écrire soit même. Il faut dire aussi que les efforts faits pour dessiner correctement laissent moins de temps pour des efforts à l'écriture. On ne peut aussi bien progresser partout en même temps. Comment s'est fait le choix des textes présents dans " Hommes à la mer"? C'est un peu complexe à expliquer et je vais tenter de faire simple. Je pensais faire simplement une adaptation des nouvelles de W. H. Hodgson, mais en fait les nouvelles maritimes de cet écrivain précurseur de Lovecraft ne m'ont pas toutes convaincues. Je n'en avais gardé que deux. Suite à cela mon premier éditeur et ami m'a offert l'édition originale de P. Mc Orlan de À bord de l'Étoile matutine. Dans ce livre de 1921 se trouvaient après l'histoire principale des nouvelles inconnues de moi. Si toutes ne sont pas maritimes, loin de là, elles m'ont toutes frappées par leur qualité et leur potentiel visuel. J'en ai donc pris deux. Le recueil n'était donc plus d'un seul écrivain de la mer, il me fallait alors compléter par d'autres nouvelles d'autres écrivains. Le choix s'est fait alors par affinité et équilibre pour l'ensemble du volume. Les sélections pour les extraits de textes accompagnés d'une grande illustration 35 - BSC NEWS MAGAZINE - N° 73 - OCTOBRE 2014 le bruitco a qu' n párs n✁ge dá ualité, e renda tán fl✁ Ñ es, av✁i manñá té e d sir Ñá i e la p us bel á d'entrá el á . ✁lo s, ±r se á ac oirs à la m✁in, a chour e béis ✁ tà son dá i . l'ord e étai ✁r v , a áil e ✁u sor, de fairá “l✁ bou rasq e”, c'á t-à-di e le grand át oy✁ e Ñá a g✁lè e. à neuf há res, la g✁ è á pavoi ée t✁ garnie dá se plus chá or emánts.àhuit e rás,lecapit✁námarigo demaurá✁bo Ñalen✁viráet an onç✁quelág ver áu cond ira t lesétrangá deÑis ctionp✁rm lesquá setro vai unád✁meá l'hon eurdáq i ac u me rend aitlás✁ u a ro . 36 - BSC NEWS MAGAZINE - N° 73 - OCTOBRE 2014 ont été plus facile. C'est un mélange de différents moments maritimes bien distincts et d'auteurs que je n'adapterai sans doute jamais en bande dessinée et que j'admire pourtant. Dans cette série, j'aurai pu en faire bien d'autres. Puisqu'on suppose que "choisir" vous a obligé, on suppose, à ne pas illustrer certains textes que vous aimiez, peut-on imaginer qu'il y ait plusieurs tomes? Bien sûr, choisir c'est aussi exclure. De mon point de vue, tout n'est pas adaptable, jusqu'à ce que quelqu'un me le prouve. Et certes, il y a tellement d'ouvrages dans le domaine de la mer que je pourrai continuer ainsi jusqu'à perdre la vue. Mais ces trois albums constituent, je l'espère, une jolie somme sur le genre et je vais sans doute changer un peu d'horizon. Vos images sont en noir et blanc, illuminées par une monochromie qui diffère à chaque récit : comment se fait le choix du ton qui éclairera tel ou tel récit? Et bien, le choix des couleurs se fait en premier par une logique douteuse. Une histoire contient une grande scène de nuit alors je vais choisir le bleu. Une autre sous la mer, alors je vais choisir un vert émeraude. Mais dans une même nouvelle il fera aussi jour, et tout ne se déroulera pas sous la surface de l'eau. Il faudra pourtant que je me débrouille avec ça et le lecteur aussi. Pour les histoires qui ne m'obligent en rien, les couleurs sont choisies arbitrairement en fonction de la place qu'elles vont occuper dans le recueil de manière à ce qu'aucune histoire succède à une autre avec une couleur trop proche. ÉMILE CONDROYER Malgorn le baleinier (Extrait) « Malgorn, comme les autres rameurs, étreignait son banc. La ligne vibrait sur une note intolérable... La coque légère répercutait un fracas de torrent contre l’étrave peu à peu relevée, trop relevée même, car l’arrière enfonçait vautré dans des remous en fuite parmi les vagues dont les embruns flagellaient. Des embardées la déportaient contre des rouleaux d’écume. Elle retombait sur une eau si dure que Malgorn en recevait le choc dans les os comme d’une chute de pierre. Nul n’osait bouger. Son mince bordé de cèdre gémissait prêt à s’ouvrir au moindre mouvement, en équilibre instable semblait-il sur la seule étroite quille. Elle engendrait la tempête et la tempête accompagnait de son galop sa course frénétique. Malgorn distinguait l’aviron-gouvernail ployé sous la résistance de l’eau et de Moisan tordu sur lui comme frappé au ventre par quelque biscaïen. (...) Enfin, il osa, violant la règle, tourner un peu la tête vers l’avant, vers la bête cause de cette course infernale et dont les souffles se précipitaient en se lassant. Au-delà d’une poussière argentée, il entrevit son gonflement énorme, noir et cabossé qui tantôt surgissait d’un bouleversement neigeux comme une ténébreuse terre d’apocalypse et tantôt sombrait, roulant parmi ses bouffées de brouillard. (...) Prédisposé, il subissait maintenant celui d’une réalité formidable, d’une volupté non plus funèbre mais légère, avec la conscience que rien ne conservait d’importance sinon cette minute où il attelait à sa vie la plus légendaire créature de l’univers. »
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