BSCNEWS JUIN2014 - Page 46 - BSC NEWS MAGAZINE - JUIN 2014 - Daniel Goossens, Kukula, leticia Moreno, Julien Dérôme, Alonzo King, Bernard Kudlak, Cirque Plume, David Krakauer, Anny Romand, Jasz, Elsa Brants, 46 - BSC NEWS MAGAZINE - N° 70 - JUIN 2014 ELSA BRANTS Manga/ Ados & New Adult Quelle a été la genèse de Save me pythie? Une passion pour la mythologie née au collège? Mon amour pour la mythologie grecque a commencé un peu avant le collège. Mon grand-père m'avait offert un magnifique livre sur cet univers si riche. J'ai pu ainsi découvrir toutes les légendes sur les dieux, les créatures et les héros de la Grèce antique. Un peu plus tard, alors que j'étais au collège, j'ai eu la chance de partir en vacances tout un mois en Grèce. Se retrouver au beau milieu de ces décors fantastiques était une expérience riche en émotions. Si vous deviez citer un mythe ou un personnage mythologique qui vous a toujours fasciné, lequel serait-ce et pourquoi? J'ai toujours eu un faible pour la déesse Athéna. Intelligente, forte autant au niveau du mental que du physique, éprise de sagesse et de paix. C'est un bon modèle pour une jeune fille.Le fait qu'on ne lui connaisse pas d'aventure amoureuse n'était pas pour me déplaire. Athéna c'est le girl power de l'antiquité ! Propos recueillis par Julie Cadilhac / Crédit-photo:(c) Amateurs de mythologie et de second degré, cette nouvelle série déjantée devrait vous amuser! Save Me Pythie conte les aventures farfelues d'une jeune fille frappée d'une malédiction suite à son refus de céder aux avances du Dieu Apollon en personne! Pythie est ainsi condamnée à pouvoir prédire des catastrophes mais, de même que la célèbre troyenne Cassandre, personne ne la croira...à part peut-être Xanthe, fils caché de Zeus et qui va de catastrophe en catastrophe orchestrées par Héra, l'épouse légitime de son père. Espièglerie et anachronismes à gogo sont au programme de ce manga qui séduira, à n'en pas douter, la jeune génération! 47 - BSC NEWS MAGAZINE - N° 70 - JUIN 2014 48 - BSC NEWS MAGAZINE - N° 70 - JUIN 2014 Pourriezv o u s rappeler à nos lecteurs ce qu’est une pythie? La pythie était le nom donné aux jeunes femmes oracles de Delphes. Elles respiraient des vapeurs (de souffre ?) venues du centre de la terre, et les prêtres de Delphes traduisaient les divagations de la pythie en prédictions intelligibles aux pèlerins qui faisaient des offrandes. Son nom vient du monstrueux Python, qui sévissait à Delphes, et qui fut tué par Apollon. Cette Pythie a hérité de la malédiction de Cassandre…qui n’est pas à son avantage dans votre manga! Pourquoi l’avoir imaginée si vieille et décatie? Tout simplement parce que ça m'amusait. Elle est toute ratatinée, comme une vieille pomme flétrie, mais son esprit est toujours vif. Combien avez-vous envisagé de tomes pour cette série? Pour l'instant j'ai écrit la série en trois tomes. La mécanique de l'histoire (succession de plusieurs aventures courtes) me permet de rallonger l'aventure si le besoin s'en fait sentir. V o u s j o u e z c o n s t a m m e n t a v e c l e s anachronismes ; aviez-vous déjà des modèles de mangas ou de récits divers qui agissaient ainsi et qui vous ont inspirés? Je suis fortement influencé par l'œuvre de Rumiko Takahashi, et surtout par sa première série "Urusei Yatsura" (Lamu en France). Cette histoire, parfois loufoque, parfois absurde, comptait quelques épisodes où les personnages principaux étaient plongés dans des époques diverses. A la fin, les lecteurs peuvent démêler la mythologie de vos inventions…une volonté d’allier le ludique au pédagogique? Avec Save me Pythie, j'ai voulu partager mon amour pour la mythologie. Par humour, je me suis permise quelques libertés, mais je tenais absolument à rétablir les mythes tels qu'ils sont le plus souvent connus. Ce n'est pas toujours évident, car, selon les régions de Grèce et selon les époques, les versions peuvent varier. Quel public ciblez-vous? Plutôt les adolescents et les jeunes adultes? C'est une question difficile pour moi, qui suis restée une grande enfant. J'espère avoir créé une série amusante pour tous. Le second tome est en préparation on suppose… quels autres personnages de la mythologie, le lecteur va-t-il y croiser? 49 - BSC NEWS MAGAZINE - N° 70 - JUIN 2014 Il est même presque terminé, plus que deux chapitres et les pages bonus et je pourrai passer au troisième tome. Entre Athéna, Arès, Hadès, Eole, Diogène, Echo, les trois grâces, Méduse, des centaures et des amazones, et tout un tas d'autres créatures, nos héros seront bien entourés. Pour conclure, avez-vous des signatures de prévues et où? Je vais commencer les dédicaces presque à domicile, au festival de Palavas les 21 et 22 juin. Ensuite je serai dans les librairies MomieManga de Grenoble, Annecy et Lyon les 26, 27 et 28 juin. Début juillet, j'aurai un m a g n i f i q u e s t a n d a u x couleurs de Save me Pythie lors de l'incontournable Japan Expo du 2 au 6 juillet. Mi septembre ce sera le salon du "livre sur la place" de Nancy et mi octobre le s a l o n " P a s s a g e " d'Angers... D ' a u t r e s d a t e s v o n t bientôt se rajouter. ■Save me Pythie Elsa Brants Editions Kana Parution: 20 juin 2014 192 pages Prix: 7,45 € 50 - BSC NEWS MAGAZINE - N° 70 - JUIN 2014 Une affaire de géants CYCLISME PAR MARC EMILE BARONHEID Peu de champions ont été capables de couper une des têtes de l’hydre Eddy Merckx. Luis Ocana fut de ceux-là. « Le Belge avait les canines les plus acérées. Nous l’avions surnommé Le Cannibale. Il nous bouffait à la suite, dans la mécanique de sa roue, ou tous dans le même temps. Mais moi je savais bien qu’un après-midi ou un autre, en un lieu choisi, je lui ferais ravaler ses tripes et sa morgue de boucher ». Ce serait en 1973. Le fier Espagnol monterait dans le camion balai 21 ans plus tard. Sensible au romantisme noir du beau Luis, Hervé Bougel lui dresse une stèle, se glissant dans le maillot jaune, le temps d’un peloton de textes brefs, intenses, orfévrés avec passion. Poète, Bougel aime escalader les mots, sprinter avec les sonorités (une veine palpitante au creux poplité), relayer le silence, le doute, la souffrance, rejoindre son héros sur le dernier podium, celui de la mala muerte. Une évocation toute de respect, de sensibilité, de connivence discrète, au lyrisme déployé sobrement comme une faena. La muleta a changé de couleur. Le leurre est jaune désormais. Luis, le héros qui a porté l’estocade au taureau belge, revêtira une dernière fois l’habit de lumière, un jour de mai 1994. Le dérailleur a des ratés. Au lieu d’empoigner le guidon, il tient un pistolet. Pour cet ange de la montagne, la vie est devenue un col hors catégorie. 51 - BSC NEWS MAGAZINE - N° 70 - JUIN 2014 Notre maître à tous. Entre 1954 et 1982, Antoine Blondin a chroniqué chaque journée du Tour de France pour le journal L’Equipe, voyant des choses que personne d’autre ne soupçonnait. Exceptionnel conteur d’histoires, il a su capter la vraie profondeur d’une France que l’on n’osait pas encore mépriser en la qualifiant dédaigneusement de profonde. Blondin n’était pas spécialiste du cyclisme. C’est à cela aussi qu’il doit sa perspicacité, sa liberté de ton, des emballements qui n’ont rien de la cécité fanatique. Blondin sait tout voir, tout raconter avec ce brio qui lui vaut à jamais une place de choix au panthéon des lettres. Il a le don de l’épopée, le sens de la métaphore, cette élégance qui permet de témoigner de l’empathie sans passer pour un pharisien. On appelle cela un alliage de discrétion et d’émotion. Le Tour de Blondin ne fait pas étape dans les palaces où pontifient les pontes. Il sillonne « les Ardennes, où le regard s’étend sur un Sahara de verdure, superbe et toujours recommencé ». Il ne se pavane pas dans la voiture amiral. Au contraire, il prend un départ précipité sur le tansad d’une moto, en position de lanterne rouge, parce qu’il a chassé la canette plus que de raison dans quelque estaminet hospitalier. L’art et la manière d’être reçu zinc sur zinc. Cinq cent vingt-quatre chroniques dont plus de quatre cents inédites en volume. Intelligent, aérien, complice, le roman vrai du Tour de France. Découvrez-vous devant ce Traité de savoir dire à l’usage des jeunes générations. « Tombeau pour Luis Ocana », Hervé Bougel, La Table Ronde, 12 euros « Tours de France, chroniques de « L’Equipe » 1954-1982 », Antoine Blondin, La Table Ronde, 34,50 euros. 52 - BSC NEWS MAGAZINE - N° 70 - JUIN 2014 Tango et autres contredanses POLAR PAR MARC EMILE BARONHEID Malgré la louable réussite de son écurie française, emmenée par l’étalon Lemaître et l’inépuisable Grangé, Albin Michel mise sur d’autres pur-sang pour appâter les parieurs. En tête de peloton, le très suivi Pieter Aspe, ancien bedeau converti à une paillardise de bon aloi. Son héros récurrent : Pieter Van In, commissaire de police à Bruges, amateur de bière Duvel, sensible au beau sexe mais serré de près par sa campagne Hannelore, juge d’instruction, qui cède plus souvent que de raison aux pulsions libidinales de son Arsène chaud Lupin. Van In n’est pas enclin à prendre au sérieux la banale disparition d’un joueur endetté. A sa décharge, il revient de voyage de noces en Argentine et s’est mis – laborieusement – au tango. Erreur ! Il va devoir affronter la mafia russe, les chausse-trapes tendues par des notables brugeois mêlés à des parties fines dont des photos compromettantes circulent sous le manteau et même choisir entre devoir et risque de perdre des êtres très proches. Un roman d’Aspe ne tolère aucun temps mort. Tout au plus de brefs moments de répit lorsque Van In se réfugie dans son cabaret de prédilection pour réfléchir devant quelques Duvel, ou entreprend de répondre aux sollicitations enflammées de la pulpeuse Hannelore. L’immersion est permanente, dans cette bande de Flandre immémoriale que baigne la Mer du Nord. Un exotisme étonnant, fait de 53 - BSC NEWS MAGAZINE - N° 70 - JUIN 2014 simplicité efficace et de tradition opiniâtre, déjà savouré par près de deux millions de lecteurs dans la langue originale. Originale au point de désarçonner la traductrice et, s’il existe, le correcteur, coupables de plusieurs bévues. Très malencontreux, dans un roman par ailleurs bravement enlevé, à l’amusante dimension ethnologique, propice à distraire les champions du transatlantique, qu’ils s’y exercent de Biarritz à Blankenberge. Aspe résiste à l’actuel déferlement érotique. Il consent tout au plus à en entrouvrir tièdement la porte : « Hannelore resserra le nœud de la ceinture de sa sortie de bain, car l’ouverture bâillait un peu trop, et la vue de ses cuisses risquait encore de donner des idées à Van In ». Mutatis mutandis, on est plus proche de Moravia que de Françoise Rey. La quatorzième enquête « traduite » en français d’une série en cours et pas près de se clôturer. ▶« Dernier Tango à Bruges », Pieter Aspe, Albin Michel, 18 euros 54 - BSC NEWS MAGAZINE - N° 70 - JUIN 2014 ALONZO KINGPropos recueillis par Julie Cadilhac Crédit-photo RJ Muna (portrait) & MARGO MORITZ( photos danse) DANSE 55 - BSC NEWS MAGAZINE - N° 70 - JUIN 2014 "Ce que chacun voit est strictement personnel et dépend complètement de sa capacité de départ à ressentir les choses. Ce que nous voyons avec est notre conscience. La conscience est une lentille qui filtre tout ce qui se trouve en face de nous. Habituellement celleci est conditionnée par la société, l'éducation, les habitudes." "Je suis intéressé par l'unicité de l'individu et tout ce qui est commun à l'expérience humaine. » "L'art est un merveilleux support de communication. Ce sont les pensées ou la conscience qui le rendent visible ou bien audible. Les écrits, les danses et m u s i q u e s d e n o s a n c ê t re s o n t certainement été une manière de nous comprendre nous-mêmes. Chaque culture dispose d'un don au monde et idéalement ce serait fantastique de prendre le meilleur de chaque culture. » "La chose la plus importante pour un danseur, c'est de communiquer, quoiqu'il en coûte. Nous oublions souvent que l'idée arrive en premier et que les techniques sont mises en place seulement après et afin de faire vivre cette idée. Tout ce qui est accompli requiert une technique. Il n'y a rien qui n'utilise pas la technique. Comment pouvons-nous utiliser des ustensiles de cuisine si nous n’avons pas de doigts, de baguettes ou de fourchettes, qui sont nos techniques humaines par exemple? De la même façon, il existe des techniques qui facilitent l'expansion du coeur. Le piano, par exemple, ne se joue pas tout seul… » "La technique et la volonté sont inexorablement liées. L'archer a l'oeil du taureau en ligne de mire et sa seule préoccupation est la précision. La p r é c i s i o n d e v i e n t n o t r e m o d e d ' e x p r e s s i o n . L e s a r t i s t e s s o n t préoccupés par la communication des idées, et sur le fait que leurs idées soient précises et clairement exprimées. Il Alonzo King est un grand maître de la danse américaine. Voilà plus de trente ans qu'existe sa compagnie LINES ballet. Cet afro-américain a été danseur notamment au sein de l'American Ballet Theater et a installé sa troupe en 1982 à San Francisco. Il mêle le classique aux musiques actuelles voire même aux nouvelles technologies. Ses danseurs ont une formation académique de qualité et on le connaît notamment pour son travail sur le mouvement très rigoureux. Il vient à Montpellier dans le cadre du Festival de Montpellier Danse présenter trois pièces nommées: Concerto for two violins, Quintett et Resin. La première utilise la musique originale du célèbre Concerto Barocco de Bach. Une pièce conçue d'une succession d'ensembles et de soli qui illustrent l'aspect classique du travail d'Alonzo King. Quintett est un extrait de la pièce " Writing Ground" dans laquelle est développée le concept des anciens à savoir que " l'art doit être au centre de tout". En collaboration avec l'écrivain Colum McCann, le chorégraphe a essayé d'écrire un " langage du mouvement". Enfin Resin a été imaginée sur des musiques issues de la tradition séfarade et se veut une chorégraphie très ouverte dur le monde. Voici quelques pensées de ce chorégraphe, à mi-chemin entre la poésie et la philosophie, pour expliquer sa vision de son travail.
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