BSCNEWS JUIN2014 - Page 53 - BSC NEWS MAGAZINE - JUIN 2014 - Daniel Goossens, Kukula, leticia Moreno, Julien Dérôme, Alonzo King, Bernard Kudlak, Cirque Plume, David Krakauer, Anny Romand, Jasz, Elsa Brants, 53 - BSC NEWS MAGAZINE - N° 70 - JUIN 2014 simplicité efficace et de tradition opiniâtre, déjà savouré par près de deux millions de lecteurs dans la langue originale. Originale au point de désarçonner la traductrice et, s’il existe, le correcteur, coupables de plusieurs bévues. Très malencontreux, dans un roman par ailleurs bravement enlevé, à l’amusante dimension ethnologique, propice à distraire les champions du transatlantique, qu’ils s’y exercent de Biarritz à Blankenberge. Aspe résiste à l’actuel déferlement érotique. Il consent tout au plus à en entrouvrir tièdement la porte : « Hannelore resserra le nœud de la ceinture de sa sortie de bain, car l’ouverture bâillait un peu trop, et la vue de ses cuisses risquait encore de donner des idées à Van In ». Mutatis mutandis, on est plus proche de Moravia que de Françoise Rey. La quatorzième enquête « traduite » en français d’une série en cours et pas près de se clôturer. ▶« Dernier Tango à Bruges », Pieter Aspe, Albin Michel, 18 euros 54 - BSC NEWS MAGAZINE - N° 70 - JUIN 2014 ALONZO KINGPropos recueillis par Julie Cadilhac Crédit-photo RJ Muna (portrait) & MARGO MORITZ( photos danse) DANSE 55 - BSC NEWS MAGAZINE - N° 70 - JUIN 2014 "Ce que chacun voit est strictement personnel et dépend complètement de sa capacité de départ à ressentir les choses. Ce que nous voyons avec est notre conscience. La conscience est une lentille qui filtre tout ce qui se trouve en face de nous. Habituellement celleci est conditionnée par la société, l'éducation, les habitudes." "Je suis intéressé par l'unicité de l'individu et tout ce qui est commun à l'expérience humaine. » "L'art est un merveilleux support de communication. Ce sont les pensées ou la conscience qui le rendent visible ou bien audible. Les écrits, les danses et m u s i q u e s d e n o s a n c ê t re s o n t certainement été une manière de nous comprendre nous-mêmes. Chaque culture dispose d'un don au monde et idéalement ce serait fantastique de prendre le meilleur de chaque culture. » "La chose la plus importante pour un danseur, c'est de communiquer, quoiqu'il en coûte. Nous oublions souvent que l'idée arrive en premier et que les techniques sont mises en place seulement après et afin de faire vivre cette idée. Tout ce qui est accompli requiert une technique. Il n'y a rien qui n'utilise pas la technique. Comment pouvons-nous utiliser des ustensiles de cuisine si nous n’avons pas de doigts, de baguettes ou de fourchettes, qui sont nos techniques humaines par exemple? De la même façon, il existe des techniques qui facilitent l'expansion du coeur. Le piano, par exemple, ne se joue pas tout seul… » "La technique et la volonté sont inexorablement liées. L'archer a l'oeil du taureau en ligne de mire et sa seule préoccupation est la précision. La p r é c i s i o n d e v i e n t n o t r e m o d e d ' e x p r e s s i o n . L e s a r t i s t e s s o n t préoccupés par la communication des idées, et sur le fait que leurs idées soient précises et clairement exprimées. Il Alonzo King est un grand maître de la danse américaine. Voilà plus de trente ans qu'existe sa compagnie LINES ballet. Cet afro-américain a été danseur notamment au sein de l'American Ballet Theater et a installé sa troupe en 1982 à San Francisco. Il mêle le classique aux musiques actuelles voire même aux nouvelles technologies. Ses danseurs ont une formation académique de qualité et on le connaît notamment pour son travail sur le mouvement très rigoureux. Il vient à Montpellier dans le cadre du Festival de Montpellier Danse présenter trois pièces nommées: Concerto for two violins, Quintett et Resin. La première utilise la musique originale du célèbre Concerto Barocco de Bach. Une pièce conçue d'une succession d'ensembles et de soli qui illustrent l'aspect classique du travail d'Alonzo King. Quintett est un extrait de la pièce " Writing Ground" dans laquelle est développée le concept des anciens à savoir que " l'art doit être au centre de tout". En collaboration avec l'écrivain Colum McCann, le chorégraphe a essayé d'écrire un " langage du mouvement". Enfin Resin a été imaginée sur des musiques issues de la tradition séfarade et se veut une chorégraphie très ouverte dur le monde. Voici quelques pensées de ce chorégraphe, à mi-chemin entre la poésie et la philosophie, pour expliquer sa vision de son travail. 56 - BSC NEWS MAGAZINE - N° 70 - JUIN 2014 "Self expression is dangerously close to likes and dislikes, and emotional excretions. What you want to do and what you should do can be miles apart. It is a wonderful thing to see them integrated, where there is no conflict » 57 - BSC NEWS MAGAZINE - N° 70 - JUIN 2014 existe encore certains cercles de pensées qui semblent s'imaginer que les artistes s'impliquent dans une expression personnelle et indulgente avec euxmêmes. Ce n'est pas le cas. La plupart des artistes sont à la recherche d'un choix définitif, pour que le spectateur, en le voyant, réalise qu'il n'y aurait pas pu y avoir d'autre choix. » "À une époque, le ballet était de la danse de rue. Ce que nous appelons "danse classique" puise ses origines dans la danse folklorique. La danse folklorique, tout comme les contes de fées par exemple, prennent leurs r a c i n e s d a n s d e s v é r i t é s métaphysiques. » "Tous les arts se sont inspirés de la musique et de la danse. L'Illiade et l'Odyssée d'Homère sont certainement de la musique au départ .L’Enfer de Dante était certainement de la danse aussi. Les éléments de sons, de mouvements, de rythmes, de montée et de chute, de crescendo sont dans chaque chose. Le cerveau en marche, le coeur qui bat, le stylo qui écrit ; tout n'est que son et mouvement. Vous ne pouvez pas bouger sans faire de bruit, et vous ne pouvez pas faire de son sans f a i r e d e m o u v e m e n t . S o n e t mouvement sont en chaque chose. Même en ce qui concerne les rochers immobiles apparemment. Et d’ailleurs, à l'heure actuelle, la science est à-même de nous dire que tout ce mouvement est en réalité une manipulation de l u m i è r e v i b r a n t s u r d i f f é r e n t e s fréquences." 58 - BSC NEWS MAGAZINE - N° 70 - JUIN 2014 "Ce qui est pur est ce qui ne contient aucun mensonge. La danse pure est celle qui raconte la vérité. La vérité peut certainement être dite simplement avec quelqu'un qui bouge ou chante. L'absence d'artifice seul détermine ce qui est pur de ce qui ne l'est pas. Comme l’or pur. Si l'on entend par d a n s e p u r e , l a d a n s e s a n s accompagnement, cela n'existe pas. Nous sommes tous accompagnés de pensées, du sang courant dans nos veines, du battement du coeur et de la respiration, de la lumière dans un espace particulier, du son ambiant et naturel…" Concerto for two violins // Quintett // Resin ALONZO KING Au Théâtre de l'Agora les 5,6,7,8 et 9 juillet 2014 dans le cadre du Festival Montpellier Danse 1 ère en France. Montpellier Danse Réservations sur www.montpellierdanse.com/ spectacle/enfant.htm "My preference is to have great music, whether it be borrowed from the ancients or created by present day composers particularly for the company." 59 - BSC NEWS MAGAZINE - N° 70 - JUIN 2014 "The location where dance occurs has little to do with making one or the other different. What delineates difference is whether it is well or poorly done." 60 - BSC NEWS MAGAZINE - N° 70 - JUIN 2014 Ce fut moins-une que cet entretien ne se fasse pas, tant l’imprévisible membrane du web ne donnait jamais le message en temps et en heure. Mais avec un soupçon de pugnacité et de rapidité des deux côtés, nous avons pu enfin échanger avec Julien Derôme, fondateur de la revue Borborygmes, qui, selon son alchimiste, «part en vacances après 8 années d’honorables services». En somme, comprenez que Borborygmes n’est plus, mais que sa voix résonne toujours par l’intermédiaire de Julien Derôme qui nous en parle avec passion et recul. Une belle voix de la presse culturelle qui bouillonne encore... Propos recueillis par Nicolas Vidal / Crédit-photo DR REVUE Julien Derôme 61 - BSC NEWS MAGAZINE - N° 70 - JUIN 2014 La revue Borborygmes vient de s’éteindre il y a quelques semaines, Julien. Pouvez-vous nous parler de ce projet fondé en 2006 ? Plutôt que s’éteindre, on pourrait dire que la revue part en vacances après 8 ans d’honorables services. On se réserve la possibilité de retourner sur le terrain un jour ou l’autre avec des énergies nouvelles. Pour ceux qui ne la connaissent pas, Borborygmes est une revue d’art et de littérature. Petit format (cahier A6), impression en noir sur papier couché. On y trouve des nouvelles et des poésies d’auteurs connus, reconnus et inconnus. Surtout inconnus d’ailleurs, mais dont le travail nous a donné à penser qu’il ne fallait pas qu’ils le restent. C’était une très belle aventure, qui nous a permis à 24 reprises de faire découvrir les travaux littéraires et graphiques de dizaines de personnes qui n’attendaient que cela. Une aventure qui nous a permis de faire de formidables rencontres, que ce soit dans le monde d u l i v r e , d a n s c e t t e i n d u s t r i e proprement dite (imprimeurs, éditeurs, libraires, etc.) que du côté des auteurs, évidemment… Pouvez-vous nous présenter son équipe ? C’était moi qui m’occupais de la maquette, presque toujours de la diffusion et de la distribution en librairie et aux abonnés et de la relation avec les auteurs, de la plupart des choses administratives aussi (dossiers de subvention, inscriptions aux salons, etc.). Le choix des images était fait par Michela et moi et le choix des textes par le comité de lecture, composé d’abord de Bertrand, Gwendoline et AnneSophie. Anne-Sophie est ma sœur, et dix ans avant de démarrer la revue c’est sous sa direction que nous avions fabriqué un fanzine. Bertrand s’est occupé aussi de la partie musicale des présentations au public, en fait des « lectures améliorées » que nous avons baptisées Borbotrucs. Gwendoline, graphiste, devait aussi valider ou arranger les couvertures et certains choix graphiques de la revue, jusqu’à ce qu’elle parte faire un tour du monde. Ses photos illustrent le dernier numéro de la revue. Michela a rejoint l’équipe (et le comité de lecture) pendant la sortie du premier 62 - BSC NEWS MAGAZINE - N° 70 - JUIN 2014 numéro et elle est très vite devenue le numéro 2. Normal, nous vivions tous les 3 ensemble (elle, moi et notre nouvelle revue), puis tous les 4 et enfin tous les 5 ! C’est Michela en outre qui préparait les Borbotrucs. C’est du boulot ; à chaque fois il faut choisir les comédiens, les textes et agencer la soirée. C’est grâce à ces soirées que la revue s’est fait son identité. Robin nous a rejoint un ou deux ans plus tard, d’abord comme auteur, après nous avoir soumis un lot de 150 poèmes ou plus. Robin nous a apporté son énergie énorme et une nouvelle dose de rêves. Il a longtemps participé aux lectures et à la promotion de la revue, notamment en province. A r t h u r, d o n t n o u s p u b l i i o n s régulièrement les poèmes, nous a rejoint à son tour et a été très présent pendant les salons et les Borbotrucs. Nous avons publié un recueil de ses textes, préfacé par J e a n - C l a u d e P i r o t t e e t accompagné par les gravures de David Clerc, L’Astre métis. Cécile, journaliste, rédigeait la drôle de rubrique « dépêches assassines », avant de partir à son tour, pour Londres. Elle s’occupait aussi de la correction des textes. Ce pôle correction a en fait été tenu par de nombreuses personnes de bonne volonté. Bernard enfin, auteur, journaliste et éditeur, avait été mon professeur d’édition. Il a rejoint le comité de lecture l’avant-dernière année, puis il est tombé malade et nous a quittés juste avant la sortie du dernier numéro. Quels sont vos plus beaux faits d’armes ? D’abord de faire 24 numéros exceptionnels, bien sûr, ensuite d’avoir créé les Borbotrucs, toujours impressionnants pour moi, qui suis rétif à la traditionnelle « lecture en public ». Ces événements ont (toujours !) rassemblé pas mal de monde. C’était toujours une bonne occasion pour rencontrer les auteurs et boire un verre à la santé de la littérature. Le soutien de Pirotte et la présence de ses textes dans presque un tiers des numéros et dans la préface de notre unique livre. Ma participation à un débat au Centre National du Livre, qui m’a vu répondre à une question sans que je
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