BSCNEWS JUIN2014 - Page 63 - BSC NEWS MAGAZINE - JUIN 2014 - Daniel Goossens, Kukula, leticia Moreno, Julien Dérôme, Alonzo King, Bernard Kudlak, Cirque Plume, David Krakauer, Anny Romand, Jasz, Elsa Brants, 63 - BSC NEWS MAGAZINE - N° 70 - JUIN 2014 puisse finir ma phrase, laquelle de toute façon n’avait pas très bien commencé. Notre partenariat 2 années de suite avec France Musique. D’avoir été la première revue à présenter les peintures de David Clerc, les textes de David Ammar, Laurent Échégut, Mathieu Germe, Martin Jeanjean, etc. Et quelques papiers dans la presse (le matricule des anges ...) Comment avez-vous marié la partie littéraire et la partie graphique de la revue ? Avec mes maigres connaissances en graphisme, surtout acquises en formation d’édition, j’ai pu établir un gabarit à la charte graphique à la fois rigide – pour ne pas avoir à la reconstruire à chaque nouveau numéro – et accommodante. Les images ont une part importante dans la revue. Chaque numéro présente le travail d’un artiste. Il ne s’agit pas d’une commande d’illustrations mais bien de la présentation d’une sélection d’œuvres préexistantes. Il faut respecter et mettre en valeur ces œuvres que les peintres/photographes nous confient, tout en enrichissant la lecture des textes. Dans Borborygmes, c’est un mariage où tout se partage, il me semble. Chaque numéro est un bloc façonné page à page dans tous les sens. C’est cela qui est si intéressant dans le métier d’éditeur. Sans cesse passer du détail à l’ensemble, au bénéfice de la lecture. Comment était pensé et mis en place l’équilibre d’une part éditorial de la revue ? Un édito, un sommaire, les annonces des animations, un ours, la liste des l i b r a i r i e s a m i e s , l e b u l l e t i n d’abonnement. Cela fait une demidouzaine de pages au minimum, rangées au début ou à la fin du numéro. Au milieu doivent tenir les nouvelles, les poésies, les images. C’est un équilibre impossible, car on doit prendre en compte les différentes qualités des textes (styles, noirceur, légèreté, longueur) et des images. Au final, le numéro doit pouvoir se lire – dans le désordre ou non – sans lasser le lecteur et en lui donnant sa ration de plaisir. Surtout que le choix des textes est limité à ce que l’on reçoit. Nous n’avons jamais passé de commande ou publié un texte qui n’était pas inédit. D ’ a u t r e , c o m m e n t a v i e z - v o u s appréhendé l’équilibre financier ? Les dépenses de fabrication et de publipostage, plus le coût des stands 64 - BSC NEWS MAGAZINE - N° 70 - JUIN 2014 65 - BSC NEWS MAGAZINE - N° 70 - JUIN 2014 payants des salons et quelques défraiements pour les animations, devaient être équilibrées par les rentrées d’argent (dans l’ordre d ’ i m p o r t a n c e t o u j o u r s ) : l e s abonnements, les ventes au numéro, les dons et c’est à peu près tout, sauf les deux années où la région nous a subventionnés. Sommes toute, on y est parvenu. Pour aller plus en avant, quel était son modèle économique ? Chaque numéro sorti devait permettre de payer le précédent, on pourrait appeler ça le flux tendu. Borborygmes était publié par une association, Quelques Mots. On ne cherchait pas à faire de bénéfices et on ne voulait pas la vendre trop chère. Donc réduction des coûts (impression offset mais une seule couleur, papier de qualité mais façonné en cahiers agrafés, etc.), bénévolat (tout le monde de l’auteur à l’éditeur) et bonnes idées. Pour être un peu plus précis, le budget annuel s’élevait à trois mille euros au maximum. Incroyable ! Avez-vous des regrets quant à la gestion de la revue durant ces 8 années ? Non. On peut toujours faire mieux, mais nous avions des priorités et on les a tenues. Qu’est-ce qui a précipité l’arrêt de la revue ? Huit ans pour une revue, c’est un bel âge. Dans un modèle comme le nôtre, si les bords craquent, ça ne change 66 - BSC NEWS MAGAZINE - N° 70 - JUIN 2014 67 - BSC NEWS MAGAZINE - N° 70 - JUIN 2014 finalement pas grand-chose. Si l’argent vient à manquer ou si la distribution est parfois incomplète, on peut toujours tenir. Mais si l’enthousiasme commence à fléchir et en plus si les numéros 1 et 2 de la direction commencent à faire des enfants et prétendent de travailler un peu à côté… il est peut-être temps de s’arrêter et c’est ce qu’on a fait. Quels rapports entreteniez-vous avec les libraires concernant votre présence en librairie ? C’est en faisant le tour des librairies parisiennes avec mon Caddie plein de Borborygmes que j’ai fait connaissance avec les libraires. Étant donné notre démarche très modeste, nous avons eu la chance d’être soutenus de manière inconditionnelle par certains libraires. D’autres, au contraire, ont tenu à nous faire comprendre qu’une sorte de machin sans dos ni couleurs n’avait pas sa place dans leur sanctuaire. Borborygmes, de par sa conception, n’a pas sa place en rayon, et nombreux sont les libraires qui ont bien voulu jouer le jeu : Sa meilleure place, c’est sur le comptoir, près de la caisse. Année après année, notre réseau de libraires s’est étendu puis mieux précisé. Les ventes ont toujours été majoritaires par abonnement, mais sa présence en librairie a permis à Borborygmes de rencontrer un public totalement inconnu et de nouveaux auteurs. Par ailleurs, les Borbotrucs intéressaient beaucoup les libraires. Pour eux c’était aussi un moyen de faire découvrir leur boutique à de nouvelles personnes. Comment se faisait le choix des auteurs et des textes d’un numéro sur l’autre ? Même si ce n’était pas toujours respecté par les auteurs, il était demandé de ne pas soumettre plus de 5 textes à la fois. Entre chaque nouvelle livraison, je r é c e p t i o n n a i s l e s t e x t e s e t j e confectionnais un lot anonyme de 100 à 200 pages que j’envoyais aux membres du comité. C’est donc à l’aveugle, si l’on peut dire, que les textes étaient d’abord étudiés. Il ne pouvait pas y avoir de copinage efficace et nos propres textes devaient passer par là. Cela offrait aux lecteurs une liberté de parole et une intransigeance salutaires. Ensuite, le fonctionnement était plutôt démocratique. Si l’on retrouve des textes d’un même auteur dans différents numéros de la revue (ce qui arrive souvent), c’est bien parce que la qualité de son écriture a été à chaque fois constatée. En tant que fondateur d’une revue littéraire, comment percevez-vous l’avenir de l’écosystème de la presse culturelle ? J’ai peur de n’avoir aucune réponse pertinente à cette question. Que la presse culturelle disparaisse ? Non. Que ça ne paie plus ? Peut-être… Il y a des périodes, comme cela, où les moyens mis à disposition de l’art et de la culture se réduisent. Il y a dix ans, pour moi, c’était déjà la même problématique. C’est pourquoi la revue Borborygmes fut exactement ce qu’elle a été : une revue unique qui ressemblait à ses animateurs. 68 - BSC NEWS MAGAZINE - N° 70 - JUIN 2014 Avez-vous en tête un autre projet de ce type ? Nous avions des projets d’édition dans nos tiroirs. Ils y sont toujours. Peut-être en sortiront-ils… La revue Borborygmes ellemême renaîtrait, sous une autre forme, si un jour ça nous démange. Pour finir, quel est votre livre de chevet en ce moment ? En ce moment j’ai laissé de côté de belles choses comme Dostoïevski (la chance de ne pas avoir tout lu Dostoïevski !!!), Yoko Ogawa, J. G. Ballard et je lis plutôt les romans courts de Leonardo Sciascia, ce qui me laisse du temps pour des ouvrages du genre Comment élever/nourrir/faire dormir ses enfants. www.borborygmes.wordpress.com www.bestsellerPUBLICITÉ 69 - BSC NEWS MAGAZINE - N° 70 - JUIN 2014 Coqs en stock FOOTBALL PAR PASCAL BARONHEID L’amateur de foot est comblé en librairie. La quantité n’implique pas toujours la qualité. Plusieurs tirs au but aboutissent hors cadre. Coups francs validés ou coups tordus frappés d’une carte rouge ? La face cachée de Guy Roux Il a consacré sa vie au football, au point qu’on a longtemps cru qu’il n’avait que cela dans la vie. Pour preuve, à 76 ans il continue d’être sur le sujet un oracle courtisé. Mais Roux avait à cœur d’aborder d’autres sujets qui comptent pour lui : la politique, la chanson française, la religion, l’argent, l’immigration, la santé … Devrait-on lui confier un m i n i s t è r e ? L e s s p o r t s o u l’économie ? « Dans ma vie, je me suis déplacé d’abord à pied, à vélo et en scooter. Puis j’ai fait l’acquisition d’une 4 CV pour 400 francs. Elle avait été rafistolée avec des pièces détachées tirées de plusieurs automobiles. Ensuite, j’ai acheté une Simca 1000, qui était en réalité une Simca 900, le prix affiché étant plus abordable. Désormais je roule en Citroën DS4 ». Et dire que le premier aspirant professionnel exige un bolide hors de prix… 70 - BSC NEWS MAGAZINE - N° 70 - JUIN 2014 Banderoles pour banderilles La banderole est devenue l’instrument privilégié du folklore footballistique. Un recueil en recense les plus mémorables, ce qui ne veut pas dire les plus élégantes, ni les plus intelligentes. L’ouvrage se prévaut d’ailleurs d’un contenu « grossier, vulgaire, choquant, scandaleux mais DRÔLE». Tel ce clin d’œil au film de Danny Boon, lorsque les supporteurs parisiens accueillirent le RC Lens, pour la finale 2008 de la Coupe de la Ligue : « Pédophiles, chômeurs, consanguins, bienvenue chez les cht’is ! ». Après ceci, la provocation des Verts recevant les Lyonnais passerait presque pour courtoise : « L’OL, c’est comme le Beaujolais. C’est commercial et dégueulasse ». I d é e s r e ç u e s , idées recevables ? S’appuyant sur des études menées sérieusement par des statisticiens, m é d e c i n s , p s y c h o l o g u e s , sociologues et a u t r e s économistes, un ouvrage répond à vingt questions pas si farfelues que cela sur le monde du ballon rond. Les arbitres sontils influençables ? Les footballeurs font-ils de vieux os en première division ? Est-on meilleur à 10 qu’à 11 ? Les footballeurs avec deux pieds gauches sont-ils mieux payés ? … Le profane croira aux gags. Tout repose pourtant sur des données et des critères sérieux ; tableaux et graphiques le soulignent. Ainsi, il est démontré par plusieurs chercheurs estimables que « le « favoritisme » envers l’équipe hôte est beaucoup moins prononcé lorsque qu’une piste d’athlétisme sépare le terrain de football et les spectateurs/…/ cela montre que le public exerce une forte « pression sociale » sur les arbitres, qui parvient à influencer ces derniers » ou comment couper le sifflet à l’homme en noir. Destins brisés De Georges Best à Diego Maradona, la tragique transposition du vers de Virgile «Quos vult perdere Jupiter dementat» ou le cruel retour de manivelle de la gloire pour vingt étoiles du ballon rond. Difficile d’accepter d’être socialement transparent, après toutes ces années où vous fûtes une idole. L’alcool, la drogue, les escrocs, la dépression, la violence ont demandé des comptes et présenté une facture exorbitante à ceux qui enflammaient les stades. Le passage du rêve au cauchemar à travers le calvaire des fiancés de la gloire. Une pensée particulière pour Jean-Marc Bosman, joueur liégeois qui entama seul la lutte du pot de terre contre le pot de fer et obtint en 1995, après un combat âpre, épuisant et ruineux, la libre circulation en Europe des travailleurs du football et la suppression des rançons réclamées pour le départ des joueurs en fin de contrat. Merci infiniment à un homme détruit par son rêve d’honnêteté… « Il est temps que je déballe toute ma vie » Un sportif qui se raconte sans faux-fuyant quelques semaines avant de disputer la Coupe du monde au Brésil : courage ou inconscience ? Celui qui affiche le plus beau palmarès des joueurs belges va quitter le Bayern München après huit années fructueuses et renoncer aux Diables Rouges (l’équipe nationale belge) au terme du Mundial. Ce fils de catcheur se raconte en long et en large, de ses origines modestes à 71 - BSC NEWS MAGAZINE - N° 70 - JUIN 2014 sa gloire actuelle. Son parcours est une leçon de vie et de gestion saine d’une carrière de haut niveau. « Big Dan » é v o q u e s e s e n t r a î n e u r s , s e s c l u b s , s e s partenaires, son intimité, son amour filial, l’un ou l’autre président. Tapie et M a r s e i l l e y apparaissent dans leur dimension paradoxale. « Je pourrais parler pendant des heures de tout ce que j’ai vu à Marseille. Pas nécessairement sur le terrain de foot… ». Loin d’un règlement de comptes, il s’agit d’un exercice de lucidité, à méditer par tous ceux qui rêvent de décrocher les étoiles. Ce pilier de la défense nationale (il est titulaire inamovible depuis 2001) confie tout à la fin « Le grand regret de ma carrière il est là. Je n’étais pas fait pour être défenseur ». Non Dan, t’es pas tout seul… « Il n’y a pas que le foot dans la vie… - mémoires », Guy Roux, l’Archipel, 19,95 € « L’art et la bannière », Olivier Villepreux et Jac Lelièvre », Lajouanie, 9,95 € Dans une veine humoristique plus subtile, le même éditeur propose également « Je hais le sport », album dessiné par Ranson « 20 questions improbables sur le foot », Bastien Drut e t R i c h a r d D u h a u t o i s , D e Boeck, 15 € « Carton rouge ! 20 destins brisés de footballeurs mythiques », Mickaël Grall, éditions de l’Opportun, 18 € « Big Dan », Pierre Danvoye et Daniel Van Buyten, préfaces de Marc Wilmots et Karl-Heinz Rummenige, cahier de photos couleurs, Renaissance du Livre, 19,95 € Le même éditeur propose « Wilmots, l’homme derrière la légende », une approche de l’actuel entraîneur des Diables Rouges, aimablement surnommé Le Taureau de Dondelberg 72 - BSC NEWS MAGAZINE - N° 70 - JUIN 2014 Un grand petit livre islandais ISLANDE Les confessions d'un éleveur de brebis islandais auraient bien des raisons de vous rebuter à la lecture de ce roman tant le sujet pourrait paraître obscur, voire pointu, d'un aspect purement anthropologique. Détrompez-vous ! Le roman de Bergsveinn Birgisson est une formidable histoire puisée au c o e u r d ' u n e I s l a n d e authentique où la nature règne en seule maîtresse sur la lande islandaise. Bergsveinn Birgisson a endossé le rôle de passeur d'histoires pour celles du moins que lui racontait son grand-père alors pêcheur dans le nord-est de l'Islande. Titulaire d’un doctorat en l i t t é r a t u r e m é d i é v a l e scandinave, Birgisson a choisi le genreformidable de la lettre p o u r r a c o n t e r l a correspondance de Bjarni G i s l a s o n d e K o l k u s t a d i r, contrôleur de fourrage et éleveur de moutons, à Helga à qui il voue un amour impossible alors que son épouse vient de mourir. Cette longue lettre est une fenêtre incroyable sur l'Islande Par Nicolas Vidal / Crédit-photo:(Roy Dislinden)
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