EscaladeMag_40 - Page 4 - • Mercato : Ramón Julián Puigblanque et Daila Ojeda (Mme Sharma à la ville) rejoignent le team Trango World • Le Ministère de l’Environnement lance une mission d’inspection sur les gaz de schiste • Un contest de bloc intitulé « Le printemps » aura lieu à la salle stéphanoise Boulder House le 20 mars • Des faucons pèlerins nichent à la Turbie (06), secteur Mongolita. Il est demandé de ne pas y grimper jusqu’au 30 juin • Pour la première fois en 25 ans, l’espérance de vie a diminué aux US, passant à 77,8 ans. • Le club ardéchois Roc N Potes a organisé le Combat des clubs le samedi 19 février aux Vans • Selon une étude danoise, l’exposition régulière aux bruits de la circulation augmenterait le risque de crise cardiaque • 2, c’est le nombre de voies en 9b réalisées par le grimpeur tchèque Adam Ondra • 200 milliards d’€ par an, c’est le coût engendré par le changement climatique • 11m, c’est la hauteur du nouveau mur qui vient d’être inauguré à Baume les Dames (Doubs) • 7563 catastrophes naturelles ont été recensées dans le monde en 10 ans, causant 1,2 million de morts • 4 et 5, ce sont les n° des Dragon concernés par le rappel produits DDM, pour raison de sécurité • 1 million de personnes ont signé la pétition « urgence pour les abeilles », réclamant l’interdiction des pesticides • 15m, c’est la hauteur du bloc Ambrosia (V11), un high ball de Bishop réussi par Enzo Oddo Moi, si j’étais un homme… Le canadien Jean-Pierre Banville sort ses Chroniques Paléoludiques : un livre qui lève le voile sur les déboires des grimpeurs à travers les âges. Trente et une histoires totalement délirantes qui montrent que les aventuriers des cimes ne caressent pas que le rocher. Ne recherchent pas les belles lignes que sur le minéral. Ne se contentent pas uniquement d’un sandwich et d’un verre d’eau. Bref, vous ne verrez plus jamais une falaise de la même façon ! Informations et commandes sur www.ibex-books.com Vousaiapportédesbonbons… Retombezenenfance!UrbanEvasionetRoc & Résine organisent un challenge acidulé le samedi 26 mars de 14h à 18h. Dans les deux salles, plus vous grimperez, plus vous gagnerez de … bonbons ! Le concept est simple : chaque dégaine franchie, chaque voie enchaînée, vous permet d’alourdir votre besace en bonbons. Le challenge est ouvert à tous, des débutants aux grimpeurs chevronnés, des petits aux grands et bien sûr aux gourmands. Plus d’infos sur www.urban-evasion.fr ou sur www.roc-et-resine.fr Oh, c’est haut ! La société Entre Prises est sur les rangs pour la construction du plus haut mur du monde, dans la ville de Reno, au Nevada. Le mur de 50m de haut doit voir le jour au début de l’été 2011 et prendra place dans CommRow, un vaste complexe actuelle- ment en projet pour réhabiliter l’Hotel- Casino Fitzgerald. Dans le cahier des charges, une zone est prévue pour pou- voir accueillir des compétitions inter- nationales et des manches de Coupe du Monde (en vitesse et en difficulté). Plus d’infos sur www.epusa.com Si c’est bon comme ça L’équipe du Club Alpin Français Saou Synclinal poursuit son travail d’entretien sur la falaise de la Graville. Un important travail de réaménagement et de sécurisation a été effectué. Il avait été préalablement décidé de protéger au moins le peu de roches et de végétation qui restaient. Un mur en bois a été monté, qui espérons-le remplira la fonction souhaitée. Bravo aux bénévoles qui ont pris part à ce chantier, les 15-16 janvier et le samedi 5 février. Ils ont oeuvré pour la bonne cause ! C’est la fête ! Les 5 et 6 février, Les Arts en fête se sont dérou- lés à Reims pour la sixième année consécutive. 240 participants de tous âges et de tous horizons (Champagne Ar- denne, région parisienne, Bel- gique...) ont par- tagé un sympa- thique week-end de grimpe dans une ambiance festive. Au programme, 30 blocs de difficulté croissante, des animations (concert rock, demo de capoeira), des challenges (slack line, jetés,...) et plein de lots à la clef ! Plus d’infos sur www.lesartsdelagrimpe.com Hisse et oh ! ISPO, la grande messe de la glisse et de l’outdoor, a eu lieu en février à Munich. Pour les professionnels, ISPO est The place to be. Les principaux fabricants de matériel de ski, de montagne et d’escalade y présentent leurs nouveautés et innovations pour la saison à venir. Mais c’est aussi un lieu de rencontre, d’inspiration et de fête. Fait notable cette année, la marque française Beal s’y est vu décerner un award pour sa nouvelle corde, la Diablo 10,2 mm, fabriquée selon le process Unicore. Tout l’or des hommes Isabelle Autissier, la présidente du WWF, lanceSPORT.Cettecampagneviseàceque l’or remis lors des grandes compétitions sportives soit traçable (c’est-à-dire qu’il soit possible d’en suivre le mouvement et l’évolution à travers les différentes étapes de production, transformation et distribution) et plus responsable (que les étapes de production, transformation et distribution minimisent leurs impacts négatifs sur l’environnement et les populations locales). Plus d’infos sur www.wwf.fr Bleu, blanc, vert La dernière étape de la Coupe de France s’est tenue en Auvergne le week-end des 12 et 13 février. Elle a vu la victoire de Charlotte Durif et de Fabrice Landry. C’est la ville de Riom qui accueillait la manifestation sur son tout nouveau mur et le club Rappel 63 avait bien fait les choses en organisant un événement éco-conçu (toilettes sèches, effort fait quant à la gestion des déchets, plateforme de covoiturage…). Conscience écologique, power et bonne humeur ! Aller plus haut Les frères Huber ont reçu le social awareness award au salon ISPO 2011 à Munich. Une fois n’est pas coutume, ce n’est pas pour leurs performances exceptionnelles qu’ils ont été récompensés mais pour leur action au sein de « Ich will da rauf e.V », IWDR. Cette association propose de grimper, avec ou sans handicap, et fait se rencontrer valides et non valides pour partager des expériences et repousser les limites de chacun. Plus d’infos en anglais sur www.ispo-bandnew.com Comme chaque année, quelques sites alsaciens sont soumis à une interdiction temporaire de la pratique pour permettre la nidification des rapaces. Merci de respecter scrupuleusement cette interdiction pour ne pas compromettre l’avenir de la grimpe sur ces falaises. Les sites concernés sont le Windstein et le Hohenfels, le Krappenfels et le Rocher du Canal. Plus d’infos sur www.climbingattitude.org Fais comme l’oiseau La cotation est la gradation de la diffi- culté d’une voie enchaînée à vue selon un continuum ouvert de difficulté appelé échelle de cotation. Elle varie selon la topo- graphie de la voie (inclinaison et longueur, configuration, forme et taille des prises, rocher, etc.), les traditions locales de cotation, la morphologie des grimpeurs et la qualité de l’équipement. Or, malgré la diversité des échelles de cotation, l’origine géographique des grimpeurs et la variété des voies à travers le monde, les cotations proposées font généralement rapidement consensus. Cette aptitude à s’accorder est surprenante au regard de la complexité des facteurs participant à la cotation et la performance. L’absence d’instrument permettant de coter une voie, ajoutée parfois à l’incapacité des grimpeurs à verbaliser précisément les facteurs qui font varier les cotations les font paraître subjectives. exploratoires, des tenues de prises plus longues et des mouvements plus lents. Ainsi, les facteurs affectifs seraient des facteurs indirects de difficulté d’une voie par l’augmentation de la sollicitation de certains facteurs physiologiques. À fond les manettes ! Les facteurs informationnels rendent compte des sollicitations cognitives. Certains indices permettent d’estimer celles-ci a priori (nombre de prises au m², visibilité des prises, etc). La participation des facteurs informationnels est aussi me- surable en situation (ratio temps d’inactivité motrice / temps d’ascension). Ce ratio peut différer entre deux voies de niveau identique. Les grimpeurs sont plus performants en contraction rythmique qu’en isomé- trie. Cette différence de sollicitation infor- mationnelle influe donc sur les facteurs physiologiques puisque plus le grimpeur passera de temps à lire les séquences de mouvement, plus les contractions isomé- triques, point faible du grimpeur, seront longues. Ainsi, les facteurs information- nels sont des facteurs indirects de difficulté d’une voie par l’augmentation de la sollici- tation de certains facteurs physiologiques. Les facteurs physiologiques rendent compte des niveaux de sollicitation métabolique, énergétique et musculaire nécessaires pour l’enchaînement d’une voie. Leur participation dans la percep- tion de la cotation peut être déterminée en situation d’escalade : par exemple en mesurant les réponses physiologiques d’un grimpeur dans deux voies de cotations dif- férentes. La plupart de ces indices (dépense éner- gétique, lactatémie) ne seraient pas des marqueurs pertinents de la difficulté. En revanche la fréquence cardiaque présente clairement une relation avec la difficulté et le niveau d’expertise. Cette relation entre fréquence cardiaque et difficulté est spéci- fique à l’escalade : elle est expliquée par la faible proportion de masse musculaire en exercice, sa position (avant-bras au dessus L’objectif de cet article est de répertorier les indicateurs corrélés avec la cotation ou l’expertise, associés à chaque facteur de difficulté ou « facteurs de la performance » physiologique, informationnel, anthropo- métrique et affectif. Les facteurs affectifs rendent compte de la participation des sollicitations psychologiques (le stress, l’anxiété) dues au risque subjectif et/ou objectif, dans l’établissement d’une cotation. Ce facteur n’est pris en compte que dans le système anglais. Notons qu’un haut niveau d’anxiété induirait une augmentation de la fréquence cardiaque, un temps d’escalade plus long, un nombre plus élevé de mouvements de la tête lors de l’escalade) et par le type de contraction (isométrique) qui entraîne une forte implication de la pompe cardiaque. Tu forces ou bien ? Les facteurs anthropométriques, quant à eux, rendent compte de la participa- tion des paramètres morphologiques dans la cotation d’une voie. Ceci peut être déter- miné en corrélant les indices anthropomé- triques des grimpeurs avec l’expertise. Les facteurs anthropométriques non entraî- nables (la taille, l’envergure) ne semblent que faiblement corrélés à l’expertise et donc à la cotation, bien que des morpholo- gies particulières soient identifiées chez les grimpeurs de haut niveau. Les facteurs anthropométriques entraî- nables (% de masse grasse, souplesse) semblent corrélés à la performance. Ainsi, les facteurs anthropométriques rentre- raient indirectement en compte dans la cotation d’une voie par l’augmentation de la sollicitation de certains facteurs physio- logiques. Ainsi, une cotation refléterait principa- lement le niveau de sollicitation phy- siologique nécessaire à un individu pour l’ascension d’une voie. Celle-ci résulte directement de l’activité motrice devant être mise en œuvre pour l’ascension mais serait également dépendante indirectement des facteurs affectifs et informationnels liés à la voie ainsi que des caractéristiques anthro- pométriques du grimpeur. La variation des réponses individuelles à ces facteurs expliquerait ainsi les fluc- tuations individuelles dans le ressenti de la cotation d’une voie. Nous pouvons donc conclure que la proposition d’une cotation est objectivée par les grimpeurs de manière inconsciente par comparaison du niveau relatif de sollicitation physiologique d’une voie par rapport à des standards, autrement dit, des « vécus physiologiques ». Retrouvez la bibliographie sur : www.escalademag.com Conception:AgenceLeCielestbleu0385388991 Le Grigri est un des appareils d’assurage les plus populaires du marché. Un incon- tournable dont le nom est presque devenu générique dans le jargon des grimpeurs pour désigner un dispositif de freinage semi-automatique. Actualiser ce produit était donc un vrai challenge pour la société Petzl, challenge qu’elle a su relever sans difficulté apparente ! Côté nouveauté, le Grigri2 fonctionne avec un plus large spectre de diamètre de cordes, de 8,9 à 11 mm (sachant que la plage opti- male se situe de 9,4 à 10,3 mm). Comme tous les autres dispositifs de freinage semi- automatique (Cinch, Eddy, Sum…), il n’est pas autobloquant, il procure un freinage assisté. En aucun cas, vous ne devez donc lâcher le brin libre sous l’appareil. >Sébastien Ollandini et Andrea Santoni Cordée corse de choc Niveau 6b à vue « Le grigri2 ressemble à l’ancien modèle, mais en plus léger et plus petit, avec une nouvelle poignée qui permet de bien doser la descente. Des schémas d’utilisation sont gravés sur l’appareil, ce qui est une bonne chose pour éviter les bourdes. Pour donner rapidement le mou à un grimpeur en tête, cela nécessite un petit temps d’appren- tissage. Il faut anticiper ! Avec les cordes de gros diamètre ou un peu épaissies, c’est parfois dif- ficile et on en vient presque à regretter l’ancien modèle. Sinon, c’est super fluide. » > L’analyse du Nain Pact « Ah, il était excité le Nain, en recevant ce nouveau joujou ! Cap immédiat sur la falaise où il a testé le Grigri2 dans ses uti- lisations classiques (assurage d’un leader, moulinette, descente sur brin fixe). Premier constat : le Grigri2 se différencie du modèle historique par ses mensurations, ah, ah !? • Le design et l’ergonomie • Fonctionne avec des cordes fines • Suscite la convoitise de vos voisins Le poids a été revu à la baisse (170g soit 55g de moins que le précédent) et l’ensemble est 20% plus compact. Deuxième constat : la poignée, très ergonomique, permet une descente progressive du second en mouli- nette. Elle présente de plus à sa base, une encoche pour le pouce qui facilite la manip pour donner le mou au leader sans lâcher le brin libre. Le principe de fonctionnement n’a pas changé, ce qui procure un grand senti- ment de sécurité et simplifie la prise en main quand on a l’habitude d’assurer avec l’ancien modèle. Les néophytes qui décou- vrent le Grigri2 et ont besoin d’être rassu- rés pourront commencer à s’en servir sous contrôle d’une personne expérimentée ou regarder la vidéo pédagogique sur : www.petzl.com » Pour son étape en Grèce, en collaboration avec l’association Connaître les Syndromes Cérébelleux, l’AVE avait pour projet d’emme- ner Denis Martin en haut du Mont Olympe. Cet homme est atteint de syndromes céré- belleux, une maladie dégénérative du cerve- let. Il souffre de troubles de la coordination motrice, de l’équilibre, de la déglutition, de la vision et de l’élocution. Il vit cette épreuve en pleine conscience puisque ses facultés intel- lectuelles restent intactes. Cette prouesse, Denis la dédie à tous les malades atteints de ces syndromes : « Psy- chologiquement, ce voyage était très important pour moi, me dire que l’exploit à mon niveau est toujours réalisable. Que nous ne sommes pas des personnes au bout du rouleau, qu’il y a encore plein de chose à faire. J’exhorte, j’encourage, je supplie toutes les personnes atteintes de la même maladie ou d’une de ses variantes à se bouger, à continuer d’exister, à vivre une vie pleine et entière à pied, avec des cannes, en déambulateur ou en fauteuil. Bien entouré, c’est réalisable de vivre ses rêves. » Pendant l’ascension, Denis pense à toutes sortes de choses. La montée jusqu’au refuge est extrêmement éprouvante, il faut « se battre pour de vrai ! On commence à gamberger, à s’engueuler, à se dire « mais dans quelle ga- lère je me suis fourré ? ». Et on ne peut plus reculer… ». Pour quelqu’un qui a perdu le sens de l’équilibre et qui souffre de diplopie (vision double permanente), ce n’est vraiment pas évident. C’est « plein d’embûches, de racines traîtresses, de pierres roulantes ». Et quand la délivrance arrive, la joie d’avoir accompli ce qu’il était venu faire est incom- mensurable. « Les nerfs lâchent d’un coup. La montée d’adrénaline se fait sentir. C’est le bonheur ! ». Ses pensées vont pêle mêle à son Autant dire que le projet relevait de la gageure. L’objectif principal n’était évidemment pas la performance, au sens où on l’entend classi- quement, mais le symbole. Le mont Olympe, point culminant de la Grèce, culmine à 2917m, dans la région des Météores. La dernière partie de l’ascension est certes facile, mais l’ambiance est gazeuse, même pour un valide. Cela fait 15 ans que Denis lutte contre la mala- die. Son exploit est donc un exemple pour tous, même s’il n’a pas atteint le sommet et s’il a dû se contenter du refuge situé juste en dessous. amie restée sur Béthune, à ses tendons d’Achille fragiles, à sa mère décédée de cette même maladie fin 2002, à son fils de 24 ans, à son chat Max, un européen noir et blanc, à cause de tous ces chats errants en Grèce perdus sans collier… Joie aussi pour Laurent Lecrest, responsable du projet au sein de l’AVE. « Le séjour ne s’arrêtait pas là. Nous nous sommes rendus ensuite dans la région des Météores où des monastères sont construits sur des pitons rocheux. L’occasion de faire un peu de tourisme culturel et pour Denis de gravir encore quelques marches. Les pitons rocheux, une espèce de pudding pas toujours très ras- surant, se grimpent. Les membres de l’AVE qui étaient venus pour accompagner et soutenir Denis, se livrèrent donc à leur activité de prédilection : l’escalade. Des voies d’une quinzaine de mètres pour les petits et les grands mais aussi pour les volontaires des voies de 150 m en plusieurs longueurs. L’engagement est important, il faut attendre longtemps, 5 à 6m le plus souvent, 10 ou 15m parfois, avant de voir le point suivant mais le décor est grandiose. Nous avions prévu d’initier Denis à notre sport favori mais un accident nous y a fait renoncer. Attendant à l’entrée du cam- ping, il s’est fait renverser par une voiture. Rien de cassé mais une éraflure à la cheville, un énorme hématome à la cuisse et un œuf sur l’avant-bras. Bref il en est quitte pour une belle frayeur, de grosses contusions et la déception de ne pouvoir grimper sur ces pitons si suggestifs. En dépit d’un objectif très (trop) ambitieux, Denis a réalisé un véritable exploit en montant au refuge. Il a montré à tous une détermination rare. Pour les 15 ans de CSC, une banderole a été dépliée à 2100 m d’altitude par un des adhérents malades. Elle a ensuite été dépliée au sommet de l’Olympe, sommet mythique par excellence. La solida- rité des membres de l’AVE a été exemplaire. Cette étape de la Grande cordée a été une belle réussite. » Ils sont basques, aiment les sensations fortes et ne s’embarrassent pas des règles grammaticales.Bijou,caillou,chou,genou,hibou et joujou prennent un x au pluriel, à l’exception des frères Pou qui restent une cordée invariable et singulière, toujours en quête de réalisations. Propos recueillis et traduits par L. Guyon Photos Damiano Levati et Tim Kemple / Red Bull Comment avez-vous découvert la montagne et l’escalade ? Nous avons commencé tout petits, avec notre père. Chaque été, nous passions les vacances à vadrouiller dans les Pyrénées, parfois dans les Alpes. Toujours dans les montagnes, à faire de l’escalade et des courses d’arête faciles. Plus tard, quand nous avons eu une quinzaine d’années, nous avons commencé à grimper de ma- nière autonome. Chaque fois que nous le pouvions, nous nous déplacions sur des falaises pas trop éloignées de chez nous, soit en train, soit en autostop (il n’y avait pas de salle d’escalade à proximité à l’époque). L’idée, c’était de grimper le plus possible, en montagne ou en falaise ! Quels étaient vos modèles ou vos idoles à cette époque ? En avez-vous toujours ? Nous n’avions pas à proprement parler d’idoles, mais des gens que nous admi- rions et que nous admirons toujours. Ce sont d’ailleurs ceux qui ont fait rêvé les grimpeurs de notre génération : Wolfgang Güllich, Kurt Albert, Beat Kamerlander, Stefan Glowacs, Lynn Hill, les frères Huber, si on se place du point de vue de l’esca- lade. Sinon, pour ce qui est des alpinistes : Profit,Vallençant,Boivin,Tardivel,Destivelle, Loretan… Sur quoi vous concentrez-vous au- jourd’hui ? Qu’est-ce qui vous mo- tive le plus ? L’escalade libre en terrain alpin. Nous apprécions tout particulièrement libérer des grandes voies difficiles en montagne. C’est pourquoi nous tentons beaucoup de big walls en libre, nous ouvrons de nou- velles voies en montagne en style alpin, nous aimons aussi le ski et la glace. En fait, tout ce qui nous permet d’être dehors, en montagne, en altitude ! La falaise nous plaît bien aussi mais aujourd’hui, nous la voyons plus comme une manière de progresser que comme une fin en soi. Ça n’empêche pas de faire des performances jusqu’à 9a mais ça s’inscrit dans une vision plus large de la montagne : voyager, faire de nouvelles rencontres, se frotter à de nouvelles voies, à des parois tout simplement incroyables ! À nos yeux, c’est plus motivant que juste chercher la croix pour la croix, la cotation ultime. Est-ce que l’équipement est une di- mension importante pour vous ? Chacun trouve la motivation où il le sou- haite. Si pour l’un équiper de nouvelles voies sportives est important, alors parfait. Si pour un autre, le plus important est de faire des voies, parfait aussi ! En fait nous pensons que le plus important est de se trouver toujours de nouveaux projets, que ce soit en falaise ou en terrain d’aventure. Ce qui est sûr pour ce qui nous concerne, c’est que si nous n’avions pas équipé, nous n’aurions pas pu pousser aussi loin notre motivation. L’escalade ne consiste pas seu- lement à être hyper forts et à enchaîner des projets équipés par d’autres. Il s’agit aussi de débusquer des lignes et d’œuvrer à la création de nouveaux itinéraires. C’est ce qui fait avancer notre sport et ce qui nous a fait avancer. Sur quels critères choisissez-vous vos projets ? Il y a deux types de projets, des projets à dominante technique, comme Orbayu (Astu- ries, Espagne, 8c+, 500 m), Pan Aroma (Do- lomites, 8c, 500m), El Niño, et des projets à dominante « aventure », comme les expédi- tions en Antarctique, Himalaya, Patagonie. Dans les deux cas, nous essayons toujours d’ouvrir de nouvelles voies, ou alors de répéter celles où la composante aventure est la plus élevée possible. Comment gérez-vous le risque ? Est-ce que le fait d’être frères vous aide à calmer le jeu ? Nous ne sommes pas stupides. Nous savons que le risque existe et qu’il fait partie du jeu. Nous faisons en sorte de le limiter le plus possible (nous ne faisons pas de solo, par exemple). Nous ne prenons pas moins de risques parce que nous sommes frères mais parce que nous aimons la vie, tout simplement. Mais il est vrai que si nous étions impliqués dans une situation limite • Age : 36 ans • Lieu de vie : Vitoria-Gasteiz (Pays Basque, Espagne) • Sites fétiches : Etxauri, Marga- lef, le Yosemite et la Patagonie • Un livre qui t’a marqué : Le Nom de la rose, Umberto Eco • Un mot pour te définir : sonné !
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