escalademag36 - Page 6 - 6 initiativefocus Handilandes 2010 Les 10e journées Handilandes ont eu lieu à Mont de Marsan du 2 au 1992 à l’initiative du Conseil géné- ral des Landes, ces Journées consti- tuent une manifes- tation innovante au regard de la loi du 11 février 2005 pour l’égalité des droits et des chances, la participa- tion et la citoyenneté des personnes - lade était à l’honneur ! C’est au club Grems/Grimp’s de Mont de Mar- san que l’on doit l’intégration de l’escalade à ces journées. En pratique, Handilandes c’est la découverte de diverses activités sportives, des conférences sur les problématiques du handicap, des temps festifs et conviviaux, la mobilisation de plus de cinquante partenai- res et la participation de près de sept cents sportifs. Rémi Focchanere revient pour nous sur ces journées : Combien de per- sonnes ont pris part à l’activité escalade lors des journées Handilan- des 2010 ? Au cours du week-end, 130 personnes en situa- tion de handicap ont été accueillies sur la structure d’escalade de Mont de Marsan. Tous les types de handicap furent représentés. Ainsi des personnes déficien- tes mentales, motrices, visuelles et/ou auditives ont grimpé « à hauteur » de leurs possibilités. Quel bilan tirez-vous de ces journées ? Le bilan est particulièrement positif. D’un point de vue comptable, parmi les 35 activités pro- posées, c’est l’escalade qui a réuni le plus grand nombre de bénévoles. L’accueil des participants se faisait par créneaux d’une heure et à chaque créneau nous avons at- teint les limites de la capacité d’accueil de la SAE. D’un point de vue humain, si certains bé- névoles étaient a priori inquiets de mener cette action, ne sachant pas trop comment réagir face au handicap, tous furent unanimes pour dire ensuite que cette expérience fut d’une ri- chesse incroyable : divers questionnements ont émergé depuis autour du handicap et l’ac- ceptation de l’autre dans notre société. Quels ont été les moments forts ? Trois instants resteront gravés dans nos cœurs : le samedi matin un groupe d’adultes mal- voyants, malentendants et déficients intellec- tuels ont tous atteint les relais de la SAE ac- compagnés par leurs éducateurs. Ensuite dans l’après midi, deux dames hémiplégiques sont sorties de leurs fauteuils, nous prouvant encore l’étendue de leurs potentialités. Quelle image que ces deux fauteuils au pied de la SAE ! Enfin le dimanche matin, un groupe d’enfants pré- sentant des déficiences motrices diverses nous ont transmis leur bonne humeur et leur joie de vivre. Là encore restent dans toutes les mémoires les chaussures or- thopédiques de ces jeunes, parfait antago- nisme de nos chaussons qui ne sont jamais assez petits… est-il venu à développer une activité sport adapté ? Il y a bientôt quatre ans, j’ai été embauché en tant que professeur d’EPS au SSID, Servi- ce Sports Intégration et Développement du Conseil Général des Landes (service unique en France composé de 9 salariés, professeurs d’EPS ou Educateurs Sportifs ayant en charge la promotion et le développement des acti- vités physiques et sportives au profit des per- sonnes handicapées). Grimpeur passionné, c’est tout naturellement que l’envie d’allier tra- vail et passion a abouti à la création du GSAE (Groupe Sport Adapté Escalade) au sein du club Grems/Grimp’s. Comment cela se passe-t-il concrètement ? Pour mettre l’accent sur l’intégration et le par- tage, il a été décidé que le GSAE s’entraînerait en même temps que les valides. Si dans un premier temps, des réticences se sont faites sentir des deux cotés (peur d’être assuré par un handicapé, peur d’aller vers l’autre), rapi- dement, avec l’appui des bénévoles, tout le monde a pu trouver un espace d’expression et de plaisir vertical. Pour la saison 2009-2010, le GSAE se compo- sait de 6 adolescents en situation de handi- cap mental. Durant la saison, une dizaine de jeunes d’un autre Institut Médico-Educatif sont venus s’éprouver à l’escalade. Tout cela a per- mis au club de recevoir en 2009 le Label Ré- gional Handivalide attestant d’une capacité et d’une qualité d’accueil satisfaisante dans toutes les thématiques du handicap : mental, visuel, auditif et moteur. L’enjeu principal réside dans la possibilité que l’escalade nous offre de pouvoir pour un temps trouver un espace où nous pouvons ensemble apprendre à nous faire confiance, à faire confiance dans le matériel et bien sûr apprendre à faire confiance à l’autre, qu’il soit handicapé ou valide. du 2 au 6 juin Soustons-plage Vieux-Boucau Mont-de-Marsan 10e édition Compétitions et activités sportives Conférences - Débats 8 ABC daire Quand on demandait aux stu- dios hollywoodiens ce qui faisait un bon film, ils donnaient trois - cond a good story, third a good film d’escalade grand public est facile à situer : 1982, La Vie au bout des doigts, Patrick Edlinger sous l’œil de Jean-Paul Pourtant, c’est Laurent Chevallier qui va le premier réaliser un film d’escalade pour le grand public. Ce sera La voie ex- press, un plan séquence de Patrick Berhault dans une voie de Surgy. L’idée principale est d’illustrer la nouvelle technique du libre. On est en 1979, Berhault n’est pas encore cette étoile qui va exploser en escalade quelques mois plus tard et s’exposer dans les pages d’Actuel. Ce duo, formé par un cinéaste/auteur et un grimpeur/créateur va se faire remar- quer avec un autre film plus long : Dévers, le bien nommé. Il met en scène Berhault dans un univers qu’il affectionne : la vie à l’en- vers, la tête en bas dans les dévers. On dé- couvre la puissance et la grâce mélangées. L’escalade y est chorégraphiée comme un déplacement harmonieux à des kilomètres d’un enchaînement actuel de voies dures. On est proche de la danse. Le mouvement en escalade est né car ce film lui donne toute sa place ! Puis vint La Vie au bout des doigts. Le suc- cès planétaire du film fera la gloire et on l’espère, la fortune des protagonistes. Un réa- lisateur, Jean-Paul Janssen, rencontre sa ve- dette fétiche, Patrick Edlinger. La carrière du second va prendre un essor que personne ne pouvait imaginer. Le film devient culte et il l’installe au firmament des célébrités. Toute la mythologie naissante des sports ca- liforniens y est évoquée. Le corps, l’absence F comme Film 9 apparente d’effort, un certain mépris du matérialisme, le noma- disme, l’harmonie et la frugalité. Ce contenu politique est ce qui rend le film intéressant. Il est comme une promesse, mais elle ne sera jamais tenue. Le « work less climb more », slogan irréaliste de quelques grim- peurs d’aujourd’hui, n’est que l’écho lointain de ce que Edlinger déclarait alors dans le film. Vivre d’un rien, voyager, ne posséder ni couple, ni enfants, ni maison. Le mythe est à ce prix, l’imaginaire se nourrit de ces faux semblants. La vie au bout des doigts peut apparaître à la fois comme un manifeste et un mode d’emploi de la vie de nomade. Mais la marginalisation, la dévaluation sociale ne peut être un véritable programme. Il n’est pas difficile de comprendre à quel point cette image fut fabriquée par souci de trouver un contre point à l’embourgeoi- sement général. La société de consommation secrète des images auxquelles on est prié d’adhérer. Le grimpeur est alors ce héros moderne qui chevauche la planète à seule fin de la découvrir dans le dénuement (le camion, le verre d’eau). Les riches et les puissants qui sont eux aussi des faiseurs de goût, préfèrent le jet, le golf ou le polo à l’autre bout du monde. Entrée en scène du grimpeur étoile S’éloignant de cette image d’Epinal, Laurent Chevallier va encore s’illustrer en 1989 avec Grimpeur étoile. On y trouve une pléiade de grimpeurs autour de Patrick Berhault. Mais ce film sonne la fin d’une époque. Laurent Chevallier tente une fois de plus de don- ner un supplément d’âme au film d’escalade. Il raconte la genèse du mouvement depuis l’homme des cavernes jusqu’au rockeur. Il tente de dépasser le film d’escalade carte postale. Puis, les exploits d’un soliste d’un autre genre vont brouiller les représentations. Alain Robert grimpe des voies extrêmes en solo jusqu’à 8B ! Un véritable exploit longtemps sous évalué. Ensuite il gravit des gratte-ciel et enflamme les rédactions des JT. L’homme araignée défie les dieux par une mise en scène de sa mort possible, ce faisant il achève l’illusion de l’escalade gratuite et sportive. On imagine que l’exploit peut être monnayé. Il y a de l’obscé- nité, du désespoir et du calcul à mettre en valeur sa proba- ble, future (?) mort en direct. Que pense le torero quand il entre dans l’arène. A-t-il des regrets d’être là ? Avec l’homme araignée, on est loin des débuts de l’escalade, activité de nature, se prati- quant entre amis, en cordée. En 2000, l’escalade est définitivement installée dans une posture ambiguë et possède deux visages. Le grimpeur à mains nues qui défraie les chroniques et le mur d’escalade qui accueille les bambins dans les parcs et les écoles. Même le champion de ré- sine peine à trouver sa place parmi les sportifs. Le flot ininterrompu d’images sur Internet amplifie cette dévaluation. Trop d’images tue l’image ! 10 Friedrichshafen 2010 Buzz, business et bratwursts ! Chaque année en juillet a lieu en Allemagne le plus grand salon euro- péen de matériel outdoor : un ren- dez-vous incontournable pour les nomades et a repéré pour vous tou- tes les nouveautés 2011 ! Quand les gigantesques halls de Friedrichsha- fen n’accueillent pas des exhibitions de modè- les réduits ou des salons d’accessoires vinta- ge, ils laissent le champ libre à l’Outdoor, une véritable fiesta du matos de montagne et d’esca- lade ! Y sont exposés ten- tes, sacs à dos, harnais, vêtements techniques, chaussures… et toute la quincaillerie high-tech qui fait fantasmer le grim- peur moderne ! Se montrant capable de résister à un contexte économique perturbé, l’Outdoor a réuni cette année pas moins de 87 pays, 868 exposants, 20 460 visiteurs et 920 jour- nalistes : un record abso- lu en 17 ans d’existence ! Et on passera sous silence les litres de bière déversés et toutes les saucisses ingurgitées à l’occasion de cette charmante petite sauterie sur les bords du lac de Constance. Pas de zeppelin pour miss matos… Dans les travées, beaucoup de monde, beau- coup d’animation, beaucoup d’excitation. Au cœur de ce vaste espace moderne, on se prend à rêver à la lévitation : ça ne doit pas être mal, les pouvoirs surnaturels, pour parcou- rir avec légèreté l’ensemble des 12 halls d’ex- position et survoler les 85 000 m2 du salon ! Heureusement, notre quête se limite au ma- tériel de grimpe et nous ne cherchons pas à réaliser l’inventaire exhaustif des produits présentés à l’Outdoor. L’idée, en visitant ce grand show-room européen, c’est plutôt de dégager les grandes tendances. Et pour 2011, les maîtres mots sont : esthétique, légèreté et compacité. Le Cha Cha Cha de la créativité Dans quelles catégories trouve-t- on les principales nouveautés ? En vêtements bien sûr, comme tous les ans, mais aussi en prises d’escalade, chaussons, cordes et harnais ! En fringues, on note l’arrivée en force de la jeune marque française ABK qui présente pour 2011 une nouvelle gamme bien stylée. Coup de cœur également pour la col- lection Nograd et pour La Mano de Salewa, qui rajeunit le look en élargissant le spectre des coloris. Côté prises et macro volumes, les stands de fa- bricants sont légion et les français Entre Prises, Os’mose, eXpression, Digital, Volx, Freestone et Verdon design ont fait le déplacement. Di- gital se distingue en proposant une nouvelle gamme en bois, étonnante et minimaliste : poutres, pans Güllich modulables et surtout boules en peuplier qui seront du plus bel effet sur votre pan. Côté chaussons, c’est un véritable tourbillon. Beaucoup de marques sortent de nouveaux modèles en 2011 (ballerine Python chez La Sportiva, velcros Avatar chez EB, Krypto chez Boreal, Quantum chez Five Ten...). Il faudra at- tendre le printemps pour tester tout ça ! Côté matos de grimpe proprement dit, nous avons été conquis par le nouveau mousque- ton ultra-light de CAMP : le Photon (29 g). De taille plus généreuse que son prédécesseur (le Nano), il devrait être plus facile à manipuler. Cherry on the cake Pour avoir une chan- ce de faire sa place sur le marché, un produit doit vous sim- plifier la vie et être un plus par rapport au matériel déjà exis- tant. Les fabricants rivalisent donc d’in- ventivité, et les as du marketing d’armes de séduction mas- sive, pour vanter les mérites de leurs nou- veaux joujoux. Au rang des petites merveilles qui devraient logiquement faire un carton en 2011, on trouve sans conteste le Grigri 2 de Petzl : plus petit, plus compact et fonctionnant avec un large éventail de diamètres de cordes (de 11 mm à 8,9 mm). L’entreprise française Beal lance la première longe ajustable en corde dynami- que, ce qui représente une vraie innovation. Enfin, la palme de l’originalité revient cette année à Edelrid, qui propose un combiné crashpad/tente : un gadget malin pour les « bloc trotters » ? le marchépar-dessus Minute, papillon ! Les produits présentés en avant- première à Friedrichshafen ne seront pas disponibles en maga- sins avant le printemps 2011. C’est pourquoi nous ne leur consacrons pas de vitrine spécifique pour l’instant. 12 En chiffres Bloc uniquement Surface grimpable : 200 m2 Hauteur max : 4 m 60 blocs du 4 au 8A Tous profils (vertical, 30°, 45°, plafond, réta, léger devers....) Sur le plan pratique Adresse : Rue Auguste Perret Horaires : Du mardi au vendredi (12h-21h) / samedi (14h-19h) Tarifs : 6,50 (entrée simple), 55 (10 séances) Abonnements annuels : 290 Blog : cultureroc.unblog.fr Culture Roc : ça débloque à Toulon ! Le Var est plus connu pour la falaise du geste bref s’y développe, notam- ment par le biais d’une petite salle de pan à l’ambiance bien sympathi- tôlier, Jean-Baptiste Beaujon ! Tu nous fais les présentations ? Culture Roc est une petite salle de pan d’en- viron 200 m2 de surface grimpable. Au fil du temps, la structure s’est modifiée et a évolué, mais l’ambiance, chaleureuse et conviviale, est restée intacte. Nous sommes deux salariés à travailler dans la structure et à assurer l’in- tégralité des tâches de la société : l’accueil, la gestion du shop, l’ouverture des blocs, les cours (enfants/adultes), les sorties en falaise, les stages de bloc sur sites naturels et la prépa- ration des contests. Travaillant depuis plusieurs années en tant que BE indépendant au sein de la structure et entretenant de très bonnes relations avec mon prédécesseur, c’est donc assez naturellement que j’ai repris il y a un an et demi les rênes de Culture Roc accompagné de mon associé et néanmoins ami de longue date, Cédric Castro. Depuis quand la salle existe-t-elle ? Depuis 13 ans maintenant, ce qui en fait une des plus anciennes salles de pan en France ! Frédéric Bourgeois, BE escalade, grimpeur émérite et équipeur infatigable, en est le créateur. Il a monté la structure originelle à « mains nues » et en « solo intégral », si je puis dire. Dans le milieu des années 90, Tou- lon a accueilli une épreuve de Coupe du Monde d’esca- lade. Intervenant en tant que BE pour le montage du mur, Frédéric a mûri le pro- jet et à partir de 95, il s’est mis en quête d’un local. À l’épo- que, Toulon avait d’in- nombrables falaises mais pas de point de rassemblement pour les grimpeurs les soirs d’hiver. Fin 96-début 97, l’aménagement de la salle s’effectue et l’ouverture of- ficielle a lieu en septembre. Un pari osé à l’époque où les salles d’escalade étaient en- core rares dans l’hexagone et où le bloc ne suscitait pas un grand enthousiasme. Pari réussi, puisque Culture Roc a tenu contre vents et marées pendant toute une décen- nie et se porte aujourd’hui à merveille. Comment définirais-tu l’esprit de la salle ? On s’efforce de transmettre notre passion pour l’escalade et on apporte un soin tout particulier à l’ouverture des blocs. Être à l’écoute des attentes de nos clients, c’est pour nous essentiel. Pour ce qui est de l’am- biance, c’est plutôt Rock’n roll ! La bonne hu- meur est de mise, on s’amuse beaucoup : il suffit de faire une séance ou de participer à un contest ici pour sentir que l’ambiance est bon enfant et que ceux qui se la « racontent » ne sont pas nombreux. Pourquoi une salle de bloc plutôt qu’une salle à cordes ? Il n’y a pas vraiment de « culture Bloc » à Tou- lon. Grimper, par la force des choses, signifie bien souvent être falaisiste, du fait de la répu- tation et du nombre de falaises qu’on trouve dans la région. C’est donc parce que le Var est particulièrement bien fourni en voies que je trouve peu intéressant d’aller faire de la mou- linette en SAE. Mais c’est un parti pris et cha- cun voit midi à sa porte ! De plus, il existe déjà deux grosses salles à cordes, une à Toulon et une à la Seyne sur Mer. En un sens la présence de Culture Roc rééquilibre et diversifie la pra- tique de l’escalade dans le Var ! La diversité, c’est ce qui fait la richesse de notre activité, n’est-ce pas? Qui fréquente la salle Culture Roc ? Tous les milieux socio professionnels s’y cô- toient et de 7 à 70 ans les clients partagent leurs expériences. Certains ne font que de la résine et voient le pan comme un outil d’entre- tien physique quand d’autres s’entraînent en vue des sorties falaise et/ou bloc du week-end. D’autres encore ont une approche plus spé- cifique avec des objectifs de compétitions de bloc. Quels sont vos projets de développement ? Les rencontres vont se mul- tiplier, avec 5 contests adul- tes et 3 dédiés aux jeunes l’année prochaine et j’ai l’in- tention d’organiser davanta- ge de stages de bloc en sites naturels. On va également mettre en place des soirées vidéo-apéro avec une pro- jection de films d’escalade et de montagne. Quant à la salle elle même, une rénova- tion complète devrait avoir lieu dans un futur proche… On vous tiendra bien entendu au courant ! faites le mur très compact, propre et pratique plus agréable que l’alcool très raisonnable +plus long que pour la magnésie liquide quid de la composition ? - test Ecogrip : t’as ton gel ? Jusqu’à présent, on connaissait la magnésie en poudre, en pain ou - propose maintenant une magnésie en gel, plus respectueuse de l’envi- eco-friendly, voici donc la cake ! Par rapport à la magnésie liquide qui contient de l’alcool, le gel Ecogrip est élaboré à partir de solvants naturels, gardés secrets pour l’ins- tant. Il est annoncé comme non toxique, bio- dégradable et moins agressif pour la peau ou le rocher. Qu’en est-il concrètement ? Réponse ici après un test estival ! Silène de Baudouin, étudiante de urbanisme, Albi Niveau 5+/6a « J’ai tendance à transpirer beaucoup des mains et en général, j’ai besoin de reprendre très régulièrement de la magnésie en grim- pant. J’ai eu l’occasion de tester le gel Ecogrip cet été lors de mes vacances et il m’a paru bien adapté à ma pratique : on en met une petite noisette dans la main avant de démar- rer la voie, on étale et c’est parti ! Au niveau quantité, c’est assez économique, on n’a pas besoin de reprendre de la cake trop souvent. Et en plus, le produit sent bon : tu crois que ça marche aussi pour choper les mecs ? » Niveau 6C+ bloc « J’ai testé le gel Ecogrip cet été, lors d’un sé- jour de bloc en Corse. Je l’ai trouvé efficace : il pénètre bien dans la peau et ne laisse pas de surplus. Évidemment, il serait intéressant de pouvoir le tester plus longtemps, en particulier en salle et/ou sur différents types de rocher. Mais dans le cadre où je l’ai utilisé, c’est-à-dire la pratique du bloc, son emploi m’a paru per- tinent : il permet de bien assécher la paume de la main ce qui est appréciable quand on est dans un passage un peu haut, à sa limite ! On se ressent pas la nécessité de reprendre de la magnésie. » crash Côté performance, le gel Ecogrip est à l’égal de ses concurrents sur le marché. À l’instar de la magnésie liquide, il sèche bien la peau et garde une relative bonne tenue le temps d’une voie. Il ne dispense pas de reprendre de la magnésie dans le sac à cake mais permet d’en utiliser moins fréquemment et en moins grande quantité. À l’usage, le Nain Pact a noté que le gel Ecogrip pénètre moins vite dans la peau que la ma- gnésie liquide, le solvant utilisé s’évaporant plus lentement que l’alcool. Mais il faut dire que Nain est un nerveux, il a cette désastreuse tendance à trépigner au pied des voies, toujours pressé de grimper : ça lui a donc appris la patience et l’anticipation… Par contre, le Nain Pact a spécialement apprécié la douceur du gel, qui n’attaque pas l’épiderme. Par opposition à la magnésie liquide qui assèche beaucoup la peau et a tendance à favoriser la survenue de crevasses, le gel Ecogrip ne picote pas à l’application quand on a la peau usée ! Rejoignez le Nain Pact sur Facebook 13 14 Au mois d’octobre sortira en librairie Regards sur le sport, un recueil de réflexions sur le rôle du sport, ses enjeux et ses risques, pour l’individu comme pour la société. Michel Serres y apporte sa contribution, ainsi que plusieurs grands penseurs et scientifiques de notre temps parmi lesquels Edgar Morin, Axel Kahn ou A. Comte-Sponville. À l’occa- sion de la sortie de ce nouveau livre, nous sommes partis à sa rencontre pour tenter de comprendre comment s’articulaient sport et philosophie dans sa vie et quel regard il portait sur l’escalade. Comment avez-vous découvert la montagne et l’escalade ? Simplement, je suis parti avec un groupe dans les Alpes, quand j’avais 16 ou 17 ans, quelque chose comme ça. Moi, au départ, j’étais fils de marinier, vous voyez, sur les bords de la Garonne, et j’étais donc plutôt destiné à la mer qu’à la montagne. Mais c’est avec des copains étudiants que j’ai découvert la montagne. Avez-vous pratiqué l’escalade indépen- damment de l’alpinisme ? Oui, j’ai pratiqué l’escalade rocheuse en forêt de Fontainebleau, comme tout le monde. Sur les blocs, le samedi et le dimanche avec des amis, pour m’entraîner en prévision des courses que je ferai dans les Alpes, par la suite. Dans Regards sur le sport, vous parlez des potentialités du corps et écrivez : encore »… Oui et c’est même plus que cela. Je définis le corps par le fait que : « il peut ». Il « n’existe » pas, il « peut ». Il peut toujours quelque chose d’autre : il peut inventer, il peut se mettre dans des positions peu naturelles. Chaque fois que vous apprenez un nouveau geste dans un sport par exemple, ce ges- te-là, vous n’avez pas l’habitude de le faire, donc le corps le fait de façon assez difficile, et puis peu à peu, le corps l’intègre et le fait naturellement. interview Philosophe, membre de l’Académie fran- çaise, professeur à Stanford University, Michel Serres est aussi, et on le sait moins, alpiniste et grimpeur. Il est l’auteur de très nombreux ouvrages philosophiques et épistémologiques, dont la série des Hermès, Les Cinq Sens ou encore les magni- fiques Variations sur le corps où il évoque sa relation à l’escalade. 1515 Quel type de potentialités avez-vous exploré au cours de la pratique de l’escalade ? Par exemple, en grimpant, si vous avez une prise qui est un peu en dehors de votre por- tée, vous vous étirez, vous vous étirez et fina- lement vous arrivez à l’attraper ! Il y a une espèce d’étirement supplémentaire qui fait que l’on peut quelquefois accéder à une prise que, à première vue, on pourrait penser inaccessible ! Dans Regards sur le sport, vous parlez des formidables capacités d’adaptabilité du corps, de sa plas- le mouvement de la pensée et la ca- pacité qu’a le corps à percevoir et anticiper… Oui, c’est ça ! Lorsque j’ai écrit Variations sur le corps, je l’ai dédicacé à mes profs de gym et à mes guides, qui m’ont appris à penser. Et tout le monde a été scandalisé. Et pourtant, si, c’est avec le corps qu’on pense. Le corps peut s’adapter à des situations tout à fait inat- tendues et c’est ainsi qu’on pense, c’est-à-dire en ayant l’intuition de choses nouvelles. Pen- ser, c’est inventer. Si on n’invente pas, on ne pense pas, on ne fait que répéter. Et le corps peut inventer. Et quand vous escaladez, vous êtes bien forcés de vous adapter en temps réel à la situation que vous crée la paroi. Et cette adaptation est une forme d’invention, de petite invention, d’invention circonstancielle. Et penser, c’est ça : s’adapter rapidement à une situation donnée. En escalade, quand on regarde le rocher et qu’on anticipe sur les prises à venir pour s’adapter le mieux possi- inspire l’utilisation de ce terme ? C’est ça, c’est exactement ça ! On lit le rocher, c’est-à-dire les failles, les prises, etc… , un peu comme on lirait un texte. On décrypte, on in- terprète et on invente la position du corps qui correspond le mieux… Dans Variations sur le corps, vous avec le roc », vous écrivez égale- faisant fusionner au passage la vue forme de sensualité dans la pratique de l’escalade ? Oui, absolument ! C’est une expérience pres- que amoureuse, qui fait que la roche n’est plus un objet mais une sorte de partenaire. Dans l’escalade, il y a une forme de dialogue se- cret entre le corps et le rocher. De sorte que le rocher n’est plus tellement un obstacle ou un adversaire mais plutôt un partenaire estimé, un partenaire bien-aimé… grimpez, vous vous adaptez en temps réel à la situation que vous crée la paroi, vous inventez ! » Dans le même livre, vous parlez de d’une expérience mystique ? Parfois, à la fin d’une course ou d’une voie un peu exigeante, on se trouve dans un état d’exultation, de joie du corps tel, qu’on éprou- ve une sensation presque extatique. Interpréter ceci sous l’angle de la mystique ? Oui, peut- être, si vous voulez. On peut l’interpréter de cette manière. Mais c’est simplement expli- cable par les hormones qui sont secrétées au cours de l’effort. C’est bien connu des biologis- tes qui analysent les réponses du corps et ses adaptations. L’effort n’est pas seulement une exigence difficile ou ascétique. Quand on fait un effort extraordinaire, on reçoit une sorte de récompense interne, qui est d’ordre hormonal. Mais comme il y a rarement une explication unique à un phénomène, on peut l’interpréter de diverses manières : la physiologie, la psy- chologie, la mystique… pourquoi pas ? Vous avez eu l’occasion de faire ce type d’expérience, par le sport ? Oui, bien sûr. J’ai joué des rencontres un peu difficiles en basket-ball ou en rugby, par exem- ple. Je l’ai aussi ressenti en montagne. J’ai fait le Cervin par exemple, dans des conditions un peu difficiles, parce que le guide qui nous accompagnait s’était blessé. Je pense aussi à une course très précise où il a fallu dépenser un effort supplémentaire par rapport à l’effort normal, parce que l’un des partenaires avec lequel nous étions s’était évanoui et qu’il a ensuite fallu porter son sac, le porter lui-mê- me, dans des conditions par conséquent très exigeantes. En escalade, on s’assure mutuelle- ment, la corde crée un lien particu- lier entre les pratiquants : on confie sa vie à autrui, ce qui n’est pas le cas dans d’autres disciplines sporti- de l’activité qui vous touche ? Oui, c’est une expérience collective unique. Moi, il se trouve que je n’ai jamais fait d’esca- lade qu’avec les mêmes, ou avec la même. Et à force de grimper ensemble, on finissait par se connaître tellement que l’on savait parfaitement l’état dans lequel se trouvait la partenaire. C’est très fort. Pour moi, c’est un aspect décisif de l’escalade. Je le dis souvent, en montagne, ce ne sont pas trois personnes qui font la voie, c’est la corde qui fait la voie, c’est la cordée. C’est une sorte de lien, à la fois physique, psychologique et… émouvant. C’est peut-être le premier lien social. Avez-vous déjà grimpé en salle ? Que pensez-vous des structures ar- tificielles, qui offrent le même type de difficultés qu’en extérieur, mais où les voies sont créées par l’homme Je n’ai jamais grimpé en salle, je suis un vieux monsieur, vous savez ! Et l’escalade en salle est un phénomène assez récent. En soi, je n’en pense pas de mal. Je trouve que si l’on est en ville, si l’on n’a pas le temps ou si les conditions atmosphériques sont défavorables, c’est un lieu d’entraînement comme un autre, pourquoi pas, au contraire ! C’est comme si vous me de- mandiez si je suis contre la salle de gym : c’est un lieu très artificiel certes, mais qui permet de s’entraîner si on ne peut pas aller dehors. 16 expérience presque amoureuse, Le rocher n’est pas un obstacle mais un partenaire estimé, un bien-aimé » - Vivez-vous l’escalade comme une forme d’ascèse qui contrebalance- rait cette tendance à la croissance, cette tendance à la comparaison permanente ? L’escalade ou la montagne, ce sont des sports personnels, et collectifs dans la mesure où l’on est dans une cordée, mais on ne cherche pas la performance à tout prix, on ne cherche pas à l’emporter sur quelqu’un, on ne cherche pas à gagner. Et je dis dans Regards sur le sport que la question « Qui va gagner ? » est une sorte de drogue qui, aujourd’hui, intoxi- que beaucoup les gens. La question « Qui va gagner ? » n’a au fond pas beaucoup d’in- térêt. Et pourtant, elle mobilise l’intérêt de tout le monde. « Qui va gagner ? », réponse : « Je m’en fous !! » (Rires). Le grand public est toujours fasciné par des figures comme Alain Robert qui fait du solo et des choses très spectaculaires, alors que pour la majorité des pratiquants, l’escala- de se fait avec une corde et dans un contexte beaucoup plus simple… Oui, alors, qu’on soit fasciné par des exploits exceptionnels, je l’admets tout à fait parce que, il y a des choses qui se font et qui sont complètement hors de ma portée mais je dis souvent, et je le dis dans ce livre, Regards sur le sport : les médias ne parlent jamais du sport, jamais, jamais ! Ils ne parlent que des vain- queurs. Or les vainqueurs, c’est un pour 10 000, un pour 100 000 des pratiquants. Et le sport est une pratique humaine où tout le monde perd. Et qui en parle ? Eh bien, personne ! Si on ne parle pas des perdants, on ne parle pas du sport ! Je nage mais le recordman du monde du 100 mètres nage libre, c’est un sur des mil- lions de personnes… Pourtant on ne parle que de lui ! Les médias ont le culte du vainqueur, mais ça ne vous rappelle rien ? Moi, ça me rappelle le darwinisme social, ça me rappelle un tout petit peu l’hitlérisme et de ce point de vue, il y a quelque chose qui me gêne… Que les médias s’intéressent au vain- queur, au fond, ça n’a de sens que si sa performance a valeur d’exempla- rité, si elle révolutionne l’activité… Oui, voilà ! Je vais vous donner un exemple. En saut en hauteur, on pratiquait autrefois le rouleau ventral. Et puis tout d’un coup un type a inventé le saut en arrière, le fosbury flop. Alors oui, celui qui a pensé à ça, Fosbury, c’est quand même un inventeur… Il a trouvé quel- que chose et ça, ce n’est pas inintéressant ! Mais si c’est pour, sans arrêt, battre des records et exalter le vainqueur, alors là, non merci… C’est vraiment du fascisme. Et j’ai peur que les médias sportifs ne s’aperçoivent pas qu’ils cultivent une idéologie dangereuse... Un grand merci à Michel Serres pour sa dispo- nibilité et à Valérie Arbon pour l’organisation de cet entretien. interview 17 « L’excellence n’est pas d’at- teindre la cible mais de la bien viser ». Cet aphorisme stoïcien est à l’origine de l’idée de Re- gards sur le sport. De l’anthropo- logie à l’arbitrage, de la généti- que au dopage, les passerelles entre la philosophie, la science et le sport sont multiples. Ainsi est née une série d’entretiens entre philosophes, historiens, sociolo- gues et scientifiques, organisée par l’INSEP et reprise ici dans cet ouvrage. Le sport est aujourd’hui l’objet de tous les enjeux. La politique, l’éco- nomie, l’éthique, la santé, sont au cœur du sport. Laboratoire expé- Regards sur le sport Sous la direction de Benjamin Pichery et François L’Yvonnet rimental de la transformation du corps, le sport nous interpelle sur les limites que la société entend fixer à la modification de notre identité humaine. Les limites annoncées des per- formances sportives nous in- terrogent sur le devenir même de la compétition et sur le dé- passement de soi. Le spectacle sportif peut-il survivre à la sta- gnation des records ? Tout ce qui est techniquement possible doit-il se réaliser ? Beaucoup de questions se posent ! Coédition INSEP / Editions Le Pommier À paraître en octobre 256 p / 29
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