BSC NEWS FEVRIER 2015 - Page 15 - 18 Makena (9) 14 Tabitha (9) 12 quels les arrière-plans sont même en expansion... un développement récent? ou, au contraire, sont-ce ces œuvres anciennes? Placer un sujet dans un contexte est toujours difficile, l’environnement peut ajouter une atmosphère, une histoire, et du sens, mais en même temps, ces éléments distraient le spectateur et diluent l’interaction avec l’objet. Au fil des années, j’ai expérimenté différents types d’environnements et c’est encore un travail en cours. Votre travail semble trahir la personnalité d’un observateur et un être humain très sensible à la poésie qui se dégage de chaque être, on se trompe? Lorsque je peins, j’«écoute» ce que le visage me dit et je ne peux pas arrêter jusqu’à ce qu’il «dise» quelque chose de significatif. Qu’est-ce qui se dit? C’est par contre quelque chose que je ne peux pas mettre en mots. Pouvez-vous nous expliquer ce qui est à la genèse de vos portraits? une rencontre qui vous touche? une émotion que vous voulez peindre? Je me sens obligé de peindre certaines personnes, comme si je me languissais de leur présence. Vos personnages expriment tous une gravité intrinsèque. Ils ont un quoi je-ne-sais-quoi de caché dans leur yeux, une douleur indicible, le poids du passé , non? Ces sentiments ne sont pas souvent mes intentions initiales, mais je m’abandonne à eux à chaque fois. Avez-vous déjà peint des personnages souriants ou rire? Est-ce compatible avec votre esthétique? Je sens qu’un portrait «heureux» est beaucoup plus complexe à exécuter qu’un mélancolique, et j’ai encore beaucoup à apprendre… www.lucong.tumblr.com «I feel a “happy” portrait is far more complex to execute than a melancholic one, and I still have a lot to learn.» 19 Makena (5) 20 Corban (5) 13 Smythe (6) 21 FINANCEZ LE BSC NEWS Soutenez un média culturel, libre & INDÉPENDANT JE FINANCE ICI À PARTIR D’1 EURO 22 DRONES BANDE-DESSINÉE Bertrand Gatignol / Hubert PROPOS RECUEILLIS PAR JULIE CADILHAC / Photos Chloe Vollmer-lo 24 Hubert / Histoire Comment est née l’histoire de Petit? De votre intérêt, tout petit, pour les histoires d’ogres et de géants? On est tous marqué par ce genre de récit quand on est petit, ne serait-ce que parce qu’à cet âge on est tout petit au milieu d’un monde de géants. Mais Petit est en fait né d’une envie d’écrire quelque chose dans la veine des récits gothiques dont j’ai été un grand lecteur vers l’âge de vingt ans ( comme «Le Manuscrit trouvé à Saragosse», «Melmoth») dans lesquels les malédictions familiales et les châteaux géants font partie des ingrédients habituels. Les géants s’y sont naturellement inscrits avec cette idée de lignée en pleine dégénérescence, puisque ça permettait de rendre ça visuel : ils rapetissent de génération en génération, jusqu’à se rapprocher de la taille des humains. Il y a surtout un événement plus personnel : suite à la maladie d’un de mes parents, j’ai découvert beaucoup de choses sur ma famille que j’ignorais, secrets qui apportaient une lumière nouvelle sur celleci et sur moi-même. J’ai eu la sensation très forte d’être programmé par cette histoire familiale, de n’être que le résultat de celle-ci. C’était très flippant, comme si je n’étais qu’un petit robot. D’où le thème central du déterminisme familial. Le choix d’alterner des épisodes de bandes-dessinées avec de courts chapitres narratifs était là dès le début du Petit est le fils d’un Roi-Ogre. Il est a peine plus grand qu’un humain car, à force de consanguinité, la dégénérescence familiale est inéluctable, rendant chaque génération plus petite que la précédente. A sa naissance, son père, horrifié, souhaite le dévorer mais sa mère l’en empêche, nourrissant pour lui l’ambition de rebâtir une nouvelle génération d’ogres vigoureuse. En effet, on raconte que Le Fondateur de la Lignée était de petite taille et qu’en s’accouplant avec des humaines, il a fondé une génération d’ogres immenses. Petit est ainsi confié, à l’insu de son père et de la cour, à sa tante Desdée, qui vit recluse dans une partie éloignée du château car elle refuse de dévorer des humains et leur voue de l’affection. Petit devra donc choisir entre l’éducation humaniste qu’il reçoit et les instincts familiaux dont il a hérité... Un récit gothique tout bonnement génial autour du déterminisme familial. D’où notre monstrueuse envie d’en savoir un peu plus à propos de la genèse, les sources d’inspiration et les sentiments des auteurs sur cet album terriblement attrayant ! 25 Bébé tout petit ! Affreux ! Affreux !!! Oh ! Maman, donne-lenous ! bébé ! Veut jouer bébé ! Hu hu hu ! 7
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